La totalité des appareils liées aux technologies de l’information, du smartphone au data center représente désormais 10 % de la consommation électrique mondiale

Un rapport du Sénat américain publié en 2007 avait déjà alerté sur l’augmentation de la consommation électrique des data centers qui représentaient à peu près 2 % de la consommation mondiale d’électricité, une dépense équivalente à celle des compagnies aériennes. Mais les TIC ne sont pas seulement source de consommation d’énergie, elles peuvent être mise à contribution pour la réduire. Le rapport « TIC et développement durable » sorti en 2009 avait recensé les domaines dans lesquelles les TIC pouvait réduire l’émission des gaz à effet de serre : organisation différente du travail (télétravail, vidéoconférence et travail collaboratif, dématérialisation des procédures, e-commerce… De son côté, la Commission européenne, qui encourageait les Etats membres à recourir aux TIC pour améliorer le rendement énergétique, estimait que ces dernières pouvaient permettre une réduction allant jusqu’à 15 % des émissions totales de carbone en Europe d’ici à 2020.

Mais depuis cette période, l’Internet, notamment mobile avec l’explosion des smartphones et des tablettes, le big data, le cloud changent un peu la donne.  Par exemple, si le cloud était un pays, il serait le 5e consommateur d’électricité derrière les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon. D’où l’intérêt du rapport[1] que vient de publier le Digital Power Group qui, même s’il est plutôt une compilation de documents existants qu’une réelle étude, donne une photographie actualisée de la situation.

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Certains pensent un peu trop rapidement que nous sommes passés de l’ère industrielle à l’ère de l’information mais ils oublient un peu vite, peut-être par des appellations trompeuses comme le cloud,  que ce traitement, ce transport et ce stockage de l’informatique représentent un coût énergétique important ? Et la première source d’énergie reste d’assez loin le charbon devant le gaz et l’hydroélectricité. Le rapport reprend une statistique de Greenpeace sur la dépendance des data centers des principaux fournisseurs avec Apple, HP et  IBM dans le top3 des 14 fournisseurs étudiés.

Quelques chiffres donnent une idée de l’évolution actuelle. L’écosystème des TIC utilise 1 500 TWh, soir l’équivalent de la consommation du Japon et de l’Allemagne réunit, environ 10 % de la consommation mondiale. Une heure de trafic Internet représentera bientôt que le trafic de l’année 2000 – soit une multiplication d’un facteur 80 000. Une heure de vidéo visionnée dans un endroit reculée de la planète représente une consommation plus importante que deux nouveaux réfrigérateurs.  Sur ce point, 2013 constitue une année charnière dans la mesure où la consommation des appareils mobiles va dépasser celle des PC traditionnels.

Ce rapport met l’accent sur le fait que l’amélioration de l’efficacité énergétique s’est ralentie à partir des années 2005 simultanément à une explosion du trafic. L’évolution future dépendra de deux variables principales :

– Alors que les coûts se réduisent rapidement, quel sera l’impact  d’un milliard de nouveaux utilisateurs de smartphone consommant 1000 fois de données qu’aujourd’hui ? Quel sera l’impact des dizaines de milliards d’objet qui seront connectés demain à l’Internet ?

– Quels progrès technologiques en matière de réduction de consommation énergétique des matériels de demain peut-on espérer ? Heureusement que sur ce point des améliorations constantes ont été apportées sur la consommation des appareils. On peut remarquera que des améliorations toutes aussi significatives – certes moins importantes – ont été apportées dans le domaine de l’éclairage.

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[1] THE CLOUD BEGINS WITH COAL, big data, big networks, Big Infrastructure and Big Power, an Overview of the Electricity used by the Global Digital Ecosystem