Les trois segments du cloud  – IaaS, PaaS et IaaS – progressent rapidement. Amazon, Salesforce et Oracle ont pris des décisions stratégiques.

Salesforce vient d’annoncer que son nouveau service dans le domaine de l’Internet des objets sera hébergé sur le cloud public d’Amazon Web Services. Ce service est en train d’être testé par quelques entreprises et devrait être disponible commercialement dans le courant 2016. Cette décision est assez surprenante de la part de Salesforce qui est le numéro su logiciel en mode SaaS et contredit un peu l’idée que lorsque la société atteint une certaine dimension, elle déposera ses services, surtout lorsqu’ils sont stratégiques, dans ses propres data centers.

Mais il  a eu des précédents spectaculaires. C’est le cas de Netflix qui a engagé une migration complète de ses services vidéo sur AWS. Or ces films et séries télévisées en flux continu sur Internet nécessitent une infrastructure cloud sans faille et sont bien au cœur de l’activité de l’entreprise américaine.  Dans l’autre sens, Apple avait décidé il y a quelques semaines de passer d’AWS au cloud de Google (Apple délaisse AWS au profit de Google Cloud Platform).

Salesforce a conçu ce nouveau service IoT peut fonctionner sur n’importe quel cloud et sur les serveurs des data centers des entreprises. Salesforce considère d’ailleurs que ses clients utiliseront des solutions mixtes.

De son côté Amazon qui entend développer son activité d’acteurs pure players sur Internet – celle qui est de loin la plus rentable et le restera sans doute – a annoncé Amazon Video Direct, un nouveau service qui permettra aux créateurs de vidéo – amateurs et professionnels – de poster leur vidéo sur Internet et d’en recevoir une rémunération en fonction de l’audience. Amazon entre donc sur ce terrain en concurrence frontale avec YouTube et Facebook qui a lancé un service similaire en 2014. Outre le fait d’arriver sur ce marché en retard, elle ne bénéficie pas comme ses concurrents d’une très importante communauté sociale comme ses deux concurrents qui génère un trafic considérable. C’est donc une opération audacieuse de la firme de Jeff Bezos dont le succès est loin d’être garanti.

Cette situation entre Amazon et Netflix est intéressante dans la mesure où les deux acteurs sont à la fois concurrents directs en proposant les mêmes services et partenaires puisque le second héberge ses services sur le premier. Un peu comme si la SNCF accrochait à ses propres trains des wagons de concurrents.

Oracle : cloud et verticalisation

Chez Oracle, la stratégie est un peu différente car même si l’éditeur entend être présent sur les 3 segments du cloud, c’est dans le SaaS où il est actuellement le mieux placé, suite à des acquisitions et une migration de la totalité de son catalogue dans les nuages. A une semaine d’intervalle, la firme de Larry Ellison a fait deux emplettes d’éditeurs de logiciels verticaux en mode SaaS pour un montant significatif de 1,2 milliard de dollars.

Ce fut d’abord l’acquisition  de la société Textura, qui fournit des solutions de collaboration et de productivité dans le cloud pour l’industrie de la construction, pour un montant de 663 M$.  La transaction devrait être finalisée avant la fin de l’année.

Basée à Chicago, Textura a généré en 2015 un chiffre d’affaires de 87 M$, en croissance annuelle de 38%, pour une perte de 17 M$. La société revendique la gestion de 6 000 projets, 3,4 milliards de facturation mensuelle et la connexion à sa plateforme de 85 000 entrepreneurs et sous-traitants.

« En pleine croissance, l’industrie mondiale de l’ingénierie et de la construction requiert une modernisation numérique pour automatiser les procédés manuels et profiter de la puissance du cloud computing afin de se connecter aisément sur le chantier, de réduire les dépassements de coûts et d’augmenter la productivité », expliquait Mike Sicilia, directeur général de l’unité Engineering & Construction Global Business.

Une semaine plus tard, Oracle signait le rachat d’Opower. Spécialisé dans les logiciels de CRM proposés en mode SaaS aux entreprises du secteur de l’énergie, Opower se bat depuis des années pour devenir profitable. En 2015, la société affichait ainsi un chiffre d’affaires de près de 150 M$ mais une perte de 45 M$ en hausse de 7,5%. « Nous approchons de la profitabilité. Face à cette situation, l’entreprise avait annoncé la suppression de 8 % des emplois.

Oracle a sans doute profité de cette situation  pour lui faire une proposition alléchante : acquérir les actions d’Opower au prix de 10,30 dollars, soit une prime de 30% par rapport au cours de la veille.  Le conseil d’administration de la firme d’Arlington (Virginie) a approuvé la proposition à l’unanimité. Oracle mettra donc 532 M$ pour entrer sur le marché du SaaS/cloud réservé au secteur de l’énergie. Et cela une semaine après avoir fait de même avec Textura un acteur du marché de bâtiment. On doit être d’autant plus satisfait à Redwood que le partenaire qu’est déjà Opower est également celui de SAP, l’ennemi intime.

Opower sera intégré à l’entité Oracle Utilities. L’entreprise revendique 100 clients dans le monde, dont EDF. Sa plateforme d’analyse offrirait à 60 millions de clients des informations sur leur consommation énergétique.

 

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