2020 marque incontestablement une accélération des capacités des machines quantiques. Moins de 6 mois après l’introduction de sa machine H0, Honeywell lance déjà son successeur, le H1, deux fois plus performant.

En lançant en juin dernier son premier ordinateur quantique System Model H0 d’un Volume Quantique de 64 et doté de 6 Qubits, le constructeur avait annoncé vouloir s’inscrire dans un rythme d’évolution rapide grâce à l’architecture QCCD (Quantum Charge Coupled Device) de ses puces quantiques à ions piégés.

Ce n’était apparemment pas du bluff puisque le constructeur vient déjà d’annoncer une nouvelle génération : le System Model H1. Commercialisable auprès des entreprises sous forme d’abonnement au travers d’un accès distant ou cloud, le H1 est une machine à 10 Qubits pleinement interconnectés, affichant un Volume Quantique 128, le double de sa première machine. Une performance supérieure à la dernière machine quantique d’IBM (génération Falcon 27 qubits) mais très inférieure à la 5ème génération de machines IonQ (également à base d’ions piégés) qui prétend pouvoir atteindre un QV de 4 millions avec sa nouvelle puce 32 Qubits. Mais à la différence d’IonQ, la machine d’Honeywell est, elle, immédiatement accessible via le service QaaS de Microsoft (Azure Quantum) et au travers de partenaires comme Zapata Computing et Cambridge Quantum Computing. Pour rappel, seule l’ancienne génération IonQ 11 qubits est actuellement accessible via Azure Quantum ou Amazon Braket et aucune date n’a été officiellement annoncée quant à un accès à l’évolution 32 Qubit d’IonQ.

Selon Honeywell, les utilisateurs du System Model H1 peuvent s’attendre à un taux de fidélité sur 1 porte 1 qubit supérieure à 99,97% et un taux de fidélité sur une porte 2 qubits à 99,5%. Ils peuvent aussi compter sur un taux d’erreurs d’analyse croisée de 0,2%, Honeywell affirmant qu’il s’agit là du plus faible taux d’erreur de tous les systèmes quantiques actuellement disponibles commercialement.

Plus étonnant, Honeywell affirme être capable de mesurer un qubit individuel ou un sous-ensemble de qubits sans détruire l’information quantique des autres qubits du système. Son H1 offre même la possibilité de réutiliser dans le calcul l’un des Qubits lus. Il en résulte différentes optimisations d’algorithmes quantiques et la possibilité de réaliser des circuits quantiques plus profonds. Honeywell explique par exemple qu’il est possible d’adapter l’algorithme Bernstein-Vazinari pour n’utiliser que deux qubits au lieu de 6. L’illustration suivante montre le circuit quantique résultant d’une telle réduction du nombre de qubits utilisés.

En outre, Honeywell reste toujours aussi optimiste dans ses capacités d’évolution rapide. Le système H1 devrait évoluer jusqu’à 40 qubits dans les prochains mois. Le constructeur a déjà commencé à intégrer son futur System Model H2 et a démarré le développement des System Moldel H3 avec une architecture en grille. Mais cette roadmap à itérations rapides sera-t-elle suffisante pour rattraper l’avance (encore assez théorique) d’IonQ sur les systèmes quantiques à ions piégés ?