À l’occasion de leurs conférences respectives Think et Google IO, IBM et Google sont revenus sur leurs avancées en matière d’informatique quantique et sur leurs roadmaps…
Ces derniers jours, IBM à l’occasion de sa conférence Think 2021 et Google pendant sa Google I/O 2021 sont revenus sur leurs développements en matière d’informatique quantique.
IBM lance son Qiskit Runtime
IBM a ainsi confirmé être toujours dans les temps concernant le développement de son processeur Condor qui devrait conduire à sa première machine à plus de 1000 Qubits universels en 2023. IBM respecte pour l’instant sa roadmap officialisée l’an dernier qui l’oblige à innover tous les six mois non seulement dans les technologies matérielles mais également dans les outils logiciels.
À l’occasion de Think 2021, IBM a introduit son « Qiskit runtime ». Exposant des fonctions quantiques sous forme d’API, ce runtime est conçu pour l’exécution de programmes hybrides dans le cloud : tout programme se compose d’une partie quantique s’appuyant sur les API quantiques proposées par IBM (API qui exposent des algorithmes quantiques exécutés sur des machines quantiques) et d’une partie plus classique exécutée sur des serveurs numériques pour enchaîner les traitements quantiques et exploiter leurs résultats.
Qiskit Runtime cherche à sortir la programmation quantique hors des labos de recherche afin de favoriser l’élaboration de programmes utiles.
En 2017, IBM avait simulé le comportement d’une molécule LiH (Hydrure de Lithium) en 45 jours avec un ordinateur quantique à 7 Qubits. Cette même modélisation – qui prend plus de 3 mois de calculs intensifs sur des simulateurs quantiques à base de serveurs classiques – s’exécute désormais en 9 heures seulement sous Qiskit Runtime (et l’infrastructure cloud d’IBM qui l’héberge). Soit un coefficient d’accélération de x120 !
« En introduisant Qiskit Runtime, IBM permet aux systèmes quantiques d’exécuter des calculs complexes comme la modélisation chimique et l’analyse des risques financiers en heures, au lieu de plusieurs semaines » expliquent les responsables du projet.
Outre Condor et ses 1.121 Qubits attendus en 2023, IBM a également confirmé être toujours dans les temps pour rendre accessible via le cloud dans le courant de l’année sa machine quantique Eagle 127 Qubits.
Google ouvre un campus quantique
Google de son côté a annoncé construire à Santa Barbara 4en Californie un nouveau centre de recherche « Google Quantum AI Campus » qui emploiera des centaines de développeurs et chercheurs pour construire d’ici 2029 un ordinateur quantique « utile et à correction d’erreurs ».
« Ce campus comprend notre premier centre de données quantique, nos laboratoires de recherche sur le matériel quantique et nos propres installations de fabrication de puces quantiques » explique Erik Lucero, Lead Engineer chez Google. « Nous y élaborons 1 000 000 de qubits physiques qui fonctionnent de concert à l’intérieur d’un ordinateur quantique à correction d’erreur de la taille d’une pièce. Pour y arriver, nous devons construire le premier ‘transistor quantique’ — deux qubits logiques incorporant la correction d’erreurs et effectuant ensemble des opérations quantiques — et ensuite trouver comment en former des centaines à des milliers pour former l’ordinateur quantique ‘à erreurs corrigées’. Cela prendra des années. Car nous devons d’abord démontrer que nous pouvons encoder un qubit logique à partir de 1 000 qubits physiques. En utilisant la correction d’erreur quantique, ces qubits physiques travaillent ensemble pour former un qubit logique presque parfait et à longue durée de vie, un qubit éternel qui maintient la cohérence jusqu’à ce que le courant qui l’alimente soit supprimé ».
Google maintient donc son cap en s’appuyant sur les technologies déjà expérimentées avec son processeur Sycamore qui incorpore 54 qubits physiques mais va plus loin en combinant des milliers de qubits physiques pour fabrique un qubit logique auto-corrigé.
Étrangement, toutes ces informations sont plutôt une bonne nouvelle pour l’Europe. Elles montrent une nouvelle fois que les progrès sont lents et que tout reste encore à inventer en matière d’informatique quantique. L’Europe peut donc encore espérer rattraper son retard d’autant qu’elle ne suit pas forcément les mêmes pistes de recherche que les Américains et qu’elle peut désormais s’appuyer sur des deeptechs plus agiles et plus véloces que les traditionnels centres de recherche.