L’empreinte du numérique est un sujet grave et complexe qui doit être adressé en agissant sur de multiples leviers : coût environnemental de fabrication des équipements, éco-conception des applications et des services, optimisation des systèmes, optimisation des processeurs, consommation énergétique des serveurs mais aussi du stockage ainsi que du réseau, etc. Dans le domaine des télécommunications, les efforts se focalisent sur la consommation des réseaux. Voici trois pistes éco-responsables à explorer pour les opérateurs…

En France, d’après le « Baromètre du Numérique » publié en janvier dernier par l’Arcep, plus de 9 citoyens sur 10 sont connectés à Internet et 58 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir s’en passer plus d’une journée sans que cela leur manque. Les Français ne peuvent se passer des écrans et la moindre défaillance de service – qu’il s’agisse d’usages professionnels ou personnels – constitue une source de frustration. De plus en plus, les consommateurs cherchent des fournisseurs d’accès internet combinant la meilleure qualité de services à un coût abordable. Dans le même temps, de nombreuses voix se sont élevées contre de célèbres plateformes de streaming et leurs empreintes carbone jugées considérables. Face à une des industries les plus gourmandes en énergie, trois des plus grands opérateurs européens, BT, Orange et Telefonica, ont engagé des mesures concrètes pour se saisir du problème, leur permettant de consommer moins d’énergie en 2021 qu’en 2016.

Dans le domaine des télécommunications, ce sont les réseaux eux-mêmes qui consomment le plus. Par conséquent, la plupart des initiatives d’économie d’énergie se focalisent sur leur modernisation de bout en bout. La transition vers des réseaux 5G en est d’ailleurs un excellent exemple, puisque cette technologie possède de nombreux avantages en matière d’économie d’énergie, tout en offrant de meilleures vitesses de téléchargement et des temps de réponse réduits aux consommateurs. Par exemple, Orange a enregistré une énorme hausse de trafic. Pour faire face à ce tsunami de données, le groupe a employé une variété de stratégies, en tirant notamment parti de nouvelles technologies de refroidissement de data centers. De même, la société de télécommunications suédoise Telia affirme avoir réduit ses émissions de dioxyde de carbone de 85 % en seulement quatre ans en modernisant son réseau, en adoptant les énergies renouvelables et en développant de nouvelles solutions pour améliorer l’efficacité énergétique et les coûts.

Les opérateurs télécoms ont donc la possibilité de poursuivre leurs propres efforts en matière de développement durable sans faire de compromis sur les besoins des « consommateurs connectés ». Voici trois axes pour y parvenir :

1- L’utilisation de sources d’énergie renouvelable

Avec la hausse des prix de l’électricité à travers l’Europe, les opérateurs doivent s’approvisionner stratégiquement en énergie renouvelable. Une telle transition leur permettra de diminuer leurs coûts, et de réduire leur dépendance vis-à-vis de sources d’énergie dont les prix sont susceptibles de fluctuer au gré des événements géopolitiques. C’est là encore la réflexion menée par Orange, puisque le groupe a récemment annoncé son intention de bâtir une ferme photovoltaïque.

2- La transition vers des réseaux 5G

En passant à la 5G, les opérateurs peuvent offrir une meilleure connectivité aux consommateurs, tout en réduisant la consommation électrique de leurs réseaux. Ces réseaux de nouvelle génération sont en effet programmables logiciellement, ce qui leur permet de profiter d’une allocation de ressources efficiente et de réduire ainsi leur consommation d’énergie. La 5G tire aussi partie de l’Edge computing (qui consiste à traiter les données plus près de là où elles sont produites), diminuant ainsi le volume de données à transférer sur de longues distances. Cependant, la rapidité et l’efficience de cette technologie stimulent la consommation de données, et donc d’énergie en périphérie de réseau.

Afin de relever ces défis et de faire preuve d’innovation pour leurs clients, les opérateurs devront donc impérativement s’appuyer sur des applications conçues pour le Edge computing pour construire, faire fonctionner, opérer et connecter leurs services. Par exemple, couplées au Edge computing et à la 5G, les technologies de réalité virtuelle et de réalité augmentée permettent désormais de représenter un environnement distant en temps réel. Cette avancée a amélioré les services fournis dans une variété de secteurs (de la santé à l’enseignement), et s’est traduite par de meilleurs résultats pour les utilisateurs de ces services.

3- Le déploiement de capacités de virtualisation de pointe

Nous vivons dans un monde où l’innovation permet de voir apparaître de nouveaux services incroyables tout en réduisant l’impact sur l’environnement.  La virtualisation est l’une de ces innovations qui permet de diminuer l’impact environnemental des entreprises tout en augmentant leur productivité. Pour les opérateurs, cette technologie exprime tout son potentiel lorsque est utilisée dans leurs réseaux mobiles et fixes. Les fonctions réseaux peuvent ainsi être exécutées virtuellement, ce qui permet de gagner en efficience, de réduire les coûts d’exploitation, de les accélérer et d’améliorer leurs performances, ou encore d’augmenter la disponibilité des serveurs. Si ce n’est déjà fait, les opérateurs doivent donc intégrer cette technologie à leurs réseaux pour gagner en soutenabilité et en productivité.

Les opérateurs ont un défi de taille à relever, puisqu’ils doivent moderniser leurs réseaux de bout en bout pour s’adapter aux besoins des consommateurs d’aujourd’hui, tout en faisant du développement durable une priorité. De fait, les opérateurs accomplissent un travail remarquable en transformant leurs activités pour bâtir une industrie à la fois meilleure et plus verte. En dépit de l’explosion des prix de l’énergie et de la crainte d’une récession, leurs investissements en faveur de l’ingéniosité et du développement durable ne diminuent pas. Au contraire, la logique de ces investissements évolue, et l’innovation et l’environnement sont désormais élevés au rang de priorités absolues. Leur ambition : créer un monde numérique plus durable, équitable et sécurisé pour chacun d’entre nous.
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Par Renaud Grafmeyer, Directeur Technique Telco Cloud pour la région EMEA chez VMware

 

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