Recharger ses appareils en sans-fil grâce à de l’électricité transportée par l’air… Le concept est en développement depuis 2005 mais vient d’être réactualisé – au même moment – par Xiaomi et Lenovo/Motorola.

WiTricity… Ce nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, cette entreprise est une émanation du MIT qui a beaucoup intrigué les geeks au début de la décennie 2010.
En 2005, quelques chercheurs de l’université imaginent un monde où les télévisions n’auraient véritablement plus aucun fil, où les smartphones seraient sans cesse rechargés même en restant dans votre poche, où les ordinateurs portables n’auraient plus besoin d’aucun lien à une prise électrique pour maintenir leur batterie chargée… Par quel miracle ? En transmettant l’électricité à travers l’air, sans aucun fil !

WiTricity, Un pionnier aux 1000 brevets

Le premier prototype d’une telle technologie est né en 2007. Il s’appuie sur le principe de la « résonance magnétique », une fréquence naturelle à laquelle l’énergie peut être ajoutée le plus efficacement à un système oscillant. Les chercheurs à l’origine du projet ont dès 2008 cherché à industrialiser leur invention et ont créé WiTricity.

Plus de 10 ans après la création de la société, sa technologie qui promettait de révolutionner notre conception de la mobilité n’a, étrangement, toujours pas trouvé de réalisations grand public. L’entreprise n’a pourtant pas chômé et n’a cessé de la perfectionner œuvrant notamment à vérifier l’absence d’incidence sur la santé des êtres humains, des animaux et de la végétation. Désormais elle est capable de « former » des flux de charge allant de 5 à 300 W pour recharger des smartphones, des PC, et autres équipements à batteries. WiTricity dispose aujourd’hui de plus de 1000 brevets autour du « transport de l’électricité sans fil ».

Parmi ses investisseurs, on trouve des acteurs comme Mitsubishi, Intel, Toyota, Foxconn, Haier, Schlumberger… Car la technologie intéresse beaucoup les milieux industriels notamment pour l’alimentation électrique des robots (dont la mobilité est restreinte par les fils) mais aussi pour la recharge des véhicules électriques (Renault l’expérimente en partenariat avec Électricité de France pour que l’on ait plus à brancher sa Zoé à une station de chage mais aussi pour faire en sorte que des bornes le long d’une route alimentent le véhicule pendant qu’il roule).

 

Elle intéresse également beaucoup les milieux médicaux pour recharger des Pacemakers, des défibrillateurs implantés, des cœurs artificiels, et autres implants électroniques…

Alors que l’on attend depuis plus de 10 ans l’émergence de WiTricity sans rien voir venir pour l’instant, la charge sans fil à travers l’air fait de nouveau parler d’elle cette semaine au travers de deux annonces faites à peu près en même temps : l’une vient de Xiaomi, l’autre de Motorola (marque de Lenovo).

Xiaomi développe un système concurrent

La technologie de Xiaomi, apparemment développée en interne et dénommée Mi Air Charge Technology, permet aux utilisateurs de charger à distance des appareils électroniques sans aucun câble ni support de charge sans fil.
Elle s’appuie sur une borne émettrice capable de détecter avec précision l’emplacement de l’appareil à charger grâce à 5 antennes de détection intégrées. Elle comporte un réseau de 144 antennes qui transmettent des ondes millimétriques à l’appareil à charger en formant et maintenant un faisceau de charge d’une puissance de 5W même à travers des obstacles et même si l’appareil se déplace ! Le dispositif mobile à alimenter (un smartphone dans la démonstration réalisée par Xiaomi) doit bénéficier de cette technologie propriétaire et donc être doté de 14 antennes de réception convertissant le signal d’ondes millimétriques en énergie électrique. Selon Xiaomi, « dans un avenir proche, notre technologie de charge par isolation spatiale pourra également fonctionner avec des montres intelligentes, des bracelets et d’autres appareils portables. Bientôt, nos appareils de salon, y compris les haut-parleurs, les lampes de bureau et d’autres petits produits pour la maison intelligente, seront tous construits sur une conception d’alimentation sans fil, rendant ainsi nos salons vraiment sans fil ».

 

Motorola présente un prototype moins ambitieux

La technologie « One Hyper » de Motorola semble elle très différente et moins ambitieuse. Elle semble être une sorte d’évolution de la charge sans fil à contact Qi. Le système utilise une mini base émettrice et des socles récepteurs qui peuvent être éloignés d’environ 1 m de l’émetteur. Tout obstacle placé entre la base et les socles interrompt la charge. L’avantage du système est d’être compatible avec tous les smartphones puisqu’il suffit de les placer sur le socle. L’utilisation d’un socle est surtout utile pour éliminer des fils sur les bureaux (d’autant qu’une base peut alimenter jusqu’à 7 appareils) mais ne révolutionne pas la mobilité comme peut le faire WiTricity ou Xiaomi. On peut toutefois imaginer que la technologie des socles récepteurs puisse être directement incorporée dans les terminaux.

Xiaomi… Motorola… Ces solutions sont intéressantes mais en réalité pas aussi nouvelles qu’on pourrait le penser. Hormis WiTricity, qui démontre sa technologie au CES depuis près d’une décennie, la startup YankTech avait lancée en 2017 une campagne IndieGogo pour sa « MotherBox » une recharge sans fil 10W (mais d’une portée de moins de 50 cm), qui n’a jamais vu le jour. Depuis 2018, la société Wi-Charge présente également une solution et cherche sans succès des partenaires industriels. Et depuis 2013, le plus grand concurrent de WiTricity se nomme Energous, autre spécialiste de cette tendance « Wireless Charge 2.0 » que les américains désignent par « Air Fuel » avec sa technologie WattUp.

 

Reste que ces technologies – dont on ne sait absolument pas quand elles seront véritablement disponibles sur le marché – ne sont pas encore sorties et sont déjà très décriées. Entre tous ceux qui s’inquiètent de l’impact de ces nouvelles ondes sur notre santé et les écologistes qui reprochent la très forte déperdition énergétique (et donc le gâchis, un reproche déjà émis à l’encontre des technologies de charge Qi), cette charge électrique « over the air » risque de devoir encore patienter quelques années dans les placards avant d’être homologuée…