Selon le nouvel Arcadis Index, la France est l’un des 10 pays les plus attractifs pour les entreprises souhaitant implanter de nouveaux datacenters. Voici pourquoi…

Récemment invité sur le plateau de Guy Hervier, Régis Castagné, DG de Equinix en France, expliquait que « la France fait partie des pays qui ont les meilleures infrastructures réseau au monde » pour notamment justifier le choix du géant américain de l’interconnexion et de la colocation d’implémenter son 226ème datacenter à Bordeaux, son 10ème datacenter en France.

L’indice de localisation de datacenter régulièrement publié par Arcadis fournit un classement indicatif de l’adéquation des différents pays à l’investissement de datacenters. Cet indice veut aider les entreprises qui envisagent de construire de nouveaux datacenters à définir où dans le monde ils devraient le construire. L’index peut servir à valider ou à remettre en question les discussions initiales sur l’emplacement optimal d’une nouvelle installation.

Le rapport Arcadis Data Center Location rappelle que le nombre d’utilisateurs d’Internet a doublé durant la décennie écoulée, que le trafic Internet augmente en moyenne de 30% par an et qu’il devrait même doubler d’ici la fin 2022 notamment avec l’expansion de la 5G. Sans compter qu’un milliard de personnes de plus deviendront des utilisateurs mobiles connectés dans les cinq ans à venir. Et sans oublier que les confinements engendrés par la pandémie et les nouveaux usages associés (en matière de généralisation de la visioconférence notamment) ont encore accru la pression sur le trafic Internet et l’usage des services numériques. Tout ceci contribue à une augmentation, qualifiée de phénoménale par Arcadis, pour des datacenters.

L’index prend en compte plusieurs critères : le PIB par habitant et la taille du marché intérieur, la facilité à obtenir les autorisations d’urbanisme et d’assemblage de datacenters, le prix de l’électricité, la sécurité énergétique, la cybersécurité globale des infrastructures du pays, le nombre d’abonnés mobiles à Internet (forfaits data), la bande passante moyenne dans le pays. Ces critères sont combinés pour donner un score « sur 100 ».

On s’étonnera cependant que l’indice ne semble pas tenir compte de l’origine de l’énergie et de la part des sources durables dans le mixte énergétique du pays alors que les entreprises sont de plus en plus focalisées sur l’impact écologique et carbone de leurs datacenters.

Quoiqu’il en soit, la France arrive en 9 ème position de Top 50 Arcadis avec un score de 64,28/100. Six pays européens figurent dans ce Top 10 (Suède, Norvège, Danemark, Finlande, France, Suisse). On notera que le Top 3 mondial est formé des USA (note de 77,86/100), de Singapour (77,80/100) et du Japon (73,52/100). On remarquera également que l’Angleterre n’arrive qu’en 13ème position (62,64/100), les Pays-Bas en 19ème position (61,01/100), l’Allemagne en 26ème position (56,36/100), l’Irlande en 28ème position (56,08/100). Le pays qui clôture le Top 50 Arcadis est le Nigéria avec une note de 28,82/100.

Selon Arcadis, la France est l’un des 10 pays les mieux positionnés parce qu’elle offre de bonnes performances en termes de cybersécurité et parce que son réseau énergétique est l’un des plus fiables d’Europe.

L’intérêt des investisseurs pourrait aussi être décuplé par les initiatives gouvernementales récentes, comme l’allégement de la fiscalité énergétique en complément du développement du très haut débit sur l’ensemble du territoire. Bruno Le Maire déclarait d’ailleurs en 20198 vouloir faire de la France « la première terre d’accueil de datacenters en Europe ».

Par ailleurs, la pression des pouvoirs européens pour à la fois lutter contre les Patriot Act et Cloud Act américains et imposer une véritable souveraineté des données européennes encourage bien des entreprises internationales à déployer des datacenters en Europe.

Autre qualité de la France, sa bonne infrastructure réseau nationale, et le fait qu’elle soit une terre d’arrivée des grands backbones asiatiques (du côté de Marseille) et transatlantiques (avec l’arrivée du nouveau câble Amitié à Bordeaux par exemple). La région Parisienne et plus particulièrement le sud de la Seine Saint-Denis est également particulièrement prisée et offre des possibilités de reconversion de friches industrielles, une aubaine pour les collectivités en périphérie qui souhaitent capter ces investissements. « Ces implantations massives soulèvent néanmoins des interrogations majeures, sur l’impact foncier à long terme et l’intégration urbaine ou encore la faible création locale d’emplois », précise Nicolas Boffi, City Executive Paris chez Arcadis.

En outre, le rapport rappelle que la France est aujourd’hui le troisième plus grand marché des technologies de l’information et de la communication en Europe et est le dixième plus grand marché intérieur mondial. De quoi forcément interpeler les entreprises internationales cherchant à consolider leurs services numériques en Europe.

Parmi les côtés plus négatifs, le rapport Arcadis note une pénétration « mobile broadband » inférieure aux autres pays du Top 10 (notamment en raison du manque d’antennes 4G+ et du retard pris sur la 5G) et surtout les obstacles administratifs liés à la construction. D’autant que le Sénat a adopté en janvier 2021 une Loi pour réduire l’empreinte environnementale du numérique qui prévoit d’obliger les datacenters à prendre des engagements juridiquement contraignants auprès de l’Arcep. « Des mesures qui vont dans le sens des initiatives prises par les acteurs du secteur pour réduire leur consommation énergétique via des innovations à tous les niveaux : matériel comme logiciel », note Nicolas Boffi. Autrement dit, certes la partie administrative est un défi à relever mais les exigences s’inscrivent dans une logique que tout nouveau datacenter se doit de toute façon d’adopter.


Source : The Arcadis Data Center Location Index 2021

Cet article a été publié à l’origine le 8 mars 2021. Durant l’été, InformatiqueNews republie certains des papiers 2021 les plus lus reconnaissables à leur étiquette « Best-Of 2021 ».