Durant les derniers jours de 2019, la Russie s’est livrée à une expérience : se déconnecter de l’internet mondial tout en continuant d’offrir une connectivité à ses habitants.
L’idée de l’expérience « Runet » consiste à restreindre les points d’interconnexions du pays avec le réseau mondial et de s’assurer que Telcos et ISPs nationaux réorganisent le trafic interne pour limiter les échanges à l’international au travers de passerelles au contrôle centralisé et sous le commandement de l’état. Ceci afin d’obtenir un « intranet souverain » isolé « des risques et menaces externes » selon les mots du directeur adjoint du ministère des Communications.

L’expérience fait suite à la publication en novembre 2019 d’un texte autorisant le gouvernement à s’isoler du reste du monde et couper l’accès à l’internet mondial en cas de campagnes d’influence externes ou d’attaque informatique massive.

Selon les autorités, l’opération serait transparente pour les utilisateurs qui continueraient d’accéder à tous les services hébergés en Russie comme si de rien n’était. C’est ce qui s’est passé en décembre dernier.

C’est aussi, bien sûr, un moyen de contrôler très précisément ce qui passe par les quelques passerelles volontairement laissées ouvertes et assurant la connexion entre la Russie et le reste du monde. Une pratique déjà très bien maîtrisée par les chinois et qui inquiète les Occidentaux qui y voient une nouvelle tentative d’entraver les libertés publiques et individuelles en Russie.

La BBC rappelle que ce n’est pas la première fois que la Russie s’essaye à un tel filtrage et isolement avec des résultats qui n’ont jusqu’ici jamais empêché les Russes d’échanger à l’international par le truchement de la messagerie chiffrée Telegram par exemple. De même, on ignore comment les entreprises Russes ayant un business international ont vécu cette expérimentation et l’impact que ces tests ont pu avoir sur leurs activités.