Selon IDC, en 2023, plus de 50% des nouvelles infrastructures IT seront déployées en périphérie. Les scénarios d’usage du Edge Computing se multiplient. Et à travers eux, IDC distingue cinq familles différentes de « Edge ».

Le « Edge Computing » reste un concept relativement neuf qui ne représente aujourd’hui que 10% des déploiements de nouvelles infrastructures. L’informatique étant rythmée depuis ses origines par un mouvement de balancier naviguant entre centralisation et décentralisation, le Edge Computing constitue un retour vers une informatique beaucoup plus répartie après la grande vague de la centralisation dans le cloud.

Ce mouvement de balancier se justifie essentiellement par des besoins de traitement en quasi-temps réel au plus proche de la génération des données, notamment portés par l’Intelligence Artificielle et l’IoT mais également par les nouvelles promesses de la 5G.

Pour IDC, plusieurs visages différents du Edge ont ainsi émergé ces derniers mois.

Le Telco Edge résulte à la fois du SD-WAN et de la 5G. Ces deux technologies conduisent les opérateurs à fournir davantage de services, notamment de services de proximité, aux entreprises. Les opérateurs de clouds publics en ont pris largement conscience. AWS et Azure ont investi ces derniers mois pour développer des offres Telco (AWS Wavelength, Anthos for Telecom, Azure Edge Zones) ou pour racheter des startups qui avaient flairé en avance la fourniture de services autour de la 5G (Microsoft a racheté Metaswitch Networks et Affirmed Networks).

L’Enterprise Edge n’est jamais que le nouveau visage du ROBO (Remote Office, Branch Office) avec des microdatacenters qui ne sont plus uniquement déployés sur des agences et succursales, mais aussi sur des sites totalement automatisés exigeant des moyens informatiques de proximité.
C’est sur ce marché que se positionnent aujourd’hui des offres comme Azure Stack Edge, Azure Private Edge Zones, AWS Local Zones, IBM Cloud Satellite, Google Anthos At The Edge, mais aussi des fournisseurs de matériels comme HPE avec sa gamme Edgeline ou Dell avec sa gamme PowerEdge, ou encore des acteurs comme Packet et EdgeConnex. Un marché sur lequel les acteurs hybrides comme Nutanix et VMware tardent à se positionner de façon claire même si leurs solutions « SDx » sont finalement déjà bien adaptées à de telles approches.

L’Industrial Edge émane de la convergence des réseaux IT et industriels. Jusqu’ici bien des industriels ont utilisé le cloud pour expérimenter les usages industriels de l’intelligence artificielle et du machine learning. Mais pour IDC, les problèmes de latences se sont révélés rédhibitoires : « Le Edge computing résout ces problèmes en entraînant les modèles dans le nuage et en les exécutant sur des infrastructures locales tout en permettant aux industriels de s’éloigner de systèmes propriétaires et fermés pour s’orienter vers des architectures ouvertes accueillant une mixité de workloads ». Un secteur sur lequel on retrouve cependant des acteurs historiques de l’industrie comme Schneider Electric (EcoStruxure), Siemens, Honeywell notamment.

Le Device Edge est celui associé à – et porté par – l’IoT. Un Edge dicté par les problèmes de montée en charge, de volumétrie des données, d’autonomie des systèmes. L’idée est de traiter les flux en local pour ne remonter que l’utile vers le cloud.
C’est le secteur sur lequel les acteurs sont les plus nombreux : Nutanix Xi IoT Platform, Azure Sphere, Azure IoT, VMware Pulse IoT Center, AWS IoT Core, Google IoT Core, Oracle IoT Cloud, IBM Watson IoT Cloud, etc.

Le Tactical Edge repose sur l’idée d’infrastructures éphémères et opérationnelles de terrain déployées pour des événements, des concerts, des expéditions ou pour des situations d’urgence et de crises suite à un désastre par exemple. On y retrouve des acteurs comme AWS avec Snowball Edge/SnowMobile Truck, Azure Data Box/Azure Stack Edge, et d’autres solutions spécialisées.

Bref, le Edge est par nature assez protéiforme. Il n’existe pas dès lors de solutions universelles pour répondre à la multiplicité de ses visages. Il se différencie cependant des approches antérieures par une volonté d’obtenir des infrastructures distribuées, ouvertes et cohérentes, capables de répondre aux exigences en matière de latences et à des conditions de connectivité très variables.


Source : Edge Computing: Not All Edges are Created Equal