A Barcelone, pour la troisième journée du MWC2014, John Chambers, le PDG de Cisco, fabricant numéro un des équipements de réseaux, s’est fait le chantre de l’Internet des objets.

La conférence sur la bataille à la maison  du « multi-écrans » s’est rapidement transformée en diatribe de la part du patron de Cisco, John Chambers. Sur le thème : « Les entreprises doivent s’adapter à leur domaine en constante évolution ou sinon elles seront dépassées »,  John Chambers a repris, dans son préambule, le discours qu’il avait déjà tenu au CES de Las Vegas en Janvier. Il a de nouveau montré, dans un premier temps, que ses concurrents d’il y a 15 ans, avaient tous disparus, faute d’avoir su évoluer. Principale obsession du patron de Cisco : le marché de l’internet des Objets, l’IOT. Pour lui, « L’internet of things », sera énorme. « Aujourd’hui, on a environ 8 systèmes connectés, dans 5 ans, il y en aura 1000. Ce qui se produira dans la prochaine décennie, pour l’IOT, aura de 5 à 10 fois l’impact de l’Internet. »

Avoir une vision globale

Sur ses estimations de l’IOT, les analystes ne sont pas loin des estimations de John Chambers: un rapport de McKinsey en 2013 sur le sujet estimait déjà que les diverses applications de l’IOT pourraient avoir un énorme impact économique : entre 14 et 33 trillions (Mille milliards de dollars) par an d’ici 2025. Le Gartner, beaucoup plus prudent, estimait pour sa part que l’impact économique total de l’IOT serait d’environ de 1,9 trillions d’ici 2020. Tout dépend, en fait, de ce que l’on englobe dans ces chiffres, mais l’importance du secteur fait l’unanimité.

Alors que l’on pensait que le discours, du fait du thème de la bataille du multi écran, tournerait autour de la rivalité entre TV et Internet, John Chambers détournait le sujet en précisant : « La maison n’est juste qu’une spécialisation de l’Internet des objets. Résoudre une seule application: la sécurité, la connectivité, ne va pas apporter beaucoup de valeur. Il faut avoir une vision globale. Il y a 2 ans, j’aurais du vous offrir un verre et vous parler de l’IOT, maintenant votre directeur informatique prend rendez vous chez nous pour en parler.»

« L’IOT sera un « nouveau genre » de IT. Cela va devoir être très simple à utiliser », renchérissait Chambers. « Au lieu d’offrir de nouveaux services qui prennent des mois ou des années à se développer, les entreprises informatiques doivent donner la priorité à des services clients qui peuvent se déployer en une semaine », a-t-il ajouté. « Il y aura 12 milliards d’objets connectés en 2015, 50 milliards en 2020. Et 500 milliards avant 2030. » Interrogé sur les pays les plus en pointe dans leurs investissements, Chambers choisissait Israël. « Ils ont une croissance du PIB majeure, et ils investissent dans la santé, l’éducation et l’information.».

Interrogé sur l’intervention de Mark Zuckenberg lors de ce MWC, il y a deux jours, le patron de Facebook ayant prôné la création d’un Internet œcuménique ouvert à 3 milliards de pauvres, Johns Chambers ironisait : « Facebook et WhatsApp veulent sauver le monde et connecter 3 milliards de gens de plus à Internet pour le bien de l’humanité. Vraiment ? »

Barcelone et l’IOT

Invité témoin de cette conférence, Manuel Sanroma, directeur de l’information de la ville de Barcelone, indiquait que la ville avait réduit ses dépenses d’environ 3,1 milliards de dollars par an en installant des détecteurs de fuite connectés, dans les réseaux d’adduction d’eau. Pour conclure, Sanroma ajoutait: « Les projets publics de numérisation à Barcelone ont permis à la ville de fonctionner plus efficacement alors que le reste de l’Espagne est en difficulté ».

Pour valoriser l’offre de Cisco, face à des intégrateurs spécialisés qui réalisent des applications verticales, Chambers renchérissait :  » Si nous ne faisions que des applications verticales et uniques pour une maison ou une ville, vous n’obtiendriez pas de réelle optimisation économique. Le point clé, ici, ne repose pas sur la seule connectivité – c’est sur l’ensemble des échanges, la connexion avec les gens, les processus et les données, qu’il faut se pencher », a-t-il expliqué, un peu didactique.