Le monde de la cybersécurité, et plus particulièrement celui des antivirus, continue ses grandes manœuvres de consolidation du marché. NortonLifeLock (plus connu sous son ancien nom Norton) absorbe un des champions européens de l’antivirus freemium : Avira.

En août 2019, on apprenait la scission des activités de Symantec avec la division « entreprises » revendue à Broadcom et la division « grand public » volant de ses propres ailes sous le nom de « NortonLifeLock », fruit de la fusion de ses entités les plus connues Norton (avec Norton Antivirus) et LifeLock (le service de sauvegarde cloud).

En avril dernier, on apprenait parallèlement qu’Avira, l’un des fleurons européens des antivirus freemium (avec Avast et AVG) était racheté par Investcorp Technology Partners IV. Il ne faisait guère de doute que ce rachat n’était qu’une opération destinée à refinancer l’éditeur avant de le revendre à un autre acteur de la sécurité en recherche de complémentarité ou de croissance externe. Il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour trouver un acquéreur.

NortonLifeLock annonce en effet le rachat d’Avira pour 360 millions de dollars. Et c’est un peu une surprise. On imaginait que l’acteur Allemand se ferait plutôt absorber par un acteur d’un autre domaine de la cybersécurité que par un concurrent direct.

Officiellement, NortonLifeLock justifie ce rachat par l’acquisition des parts de marché européennes d’Avira qui vont lui permettre de gagner 3 points de croissance (et 1,5 million d’utilisateurs payants).

Pour autant, le deal reste surprenant. Après tout, Norton est déjà une marque bien installée en Europe et son antivirus est depuis toujours l’un des plus populaires.
A priori peu de technologies de boucliers de protection d’Avira sont susceptibles d’enrichir une protection Norton déjà parmi les plus performantes.
En outre, ce rachat enrichit de nouveau la marque grand public de solutions professionnelles qui ne semblent pas dans ses objectifs (à moins d’un changement de stratégie non dévoilé), le communiqué de presse ne mettant d’ailleurs en avant que des perspectives « consumers ».
Finalement, ce sont peut-être les fonctions d’optimisation de Windows et d’Android (Avira System Speedup et Avira Software Updater) qui peuvent apporter le plus aux produits NortonLifeLock.

Il sera intéressant de voir ce qu’il deviendra de la marque Avira et de ses produits dans les prochains mois. Reste que ce rapprochement de deux acteurs très populaires en Europe montre une nouvelle fois que le marché des antivirus a bien du mal à se trouver de nouveaux débouchés depuis que Windows 10 intègre en standard un antimalware performant (Windows Defender). Le modèle Freemium – qui a porté au sommet des marques comme Avira ou Avast – n’a plus le même attrait. Autrefois, ces marques utilisaient leur aura grand-public pour promouvoir leurs solutions professionnelles. Mais entre l’omniprésence de Microsoft 365 (et son offre EM+S intégrée), l’intégration de Carbon Black dans VMware, et l’arrivée de nouveaux acteurs de l’EDR, les marges de manœuvre de ces anciennes stars de l’antivirus ont fondu. Le marché de la cybersécurité n’en a certainement pas terminé avec les consolidations et rachats…