Déjà présent sur AWS et Azure, Zoom s’adosse désormais aussi à Oracle Cloud pour augmenter ses ressources et faire face à son insolant succès.

Star de la pandémie, l’application de vidéoconférence Zoom doit faire face à l’explosion de son adoption. Son audience est passée de 10 millions d’utilisateurs quotidiens à 300 millions en l’espace de quelques semaines.

Historiquement, Zoom utilise depuis longtemps un mixte de ses propres infrastructures et de ressources hébergées dans AWS et Azure.

Avec un nombre d’utilisateurs quotidiens multiplié par 30, Zoom doit faire face à une double problématique : multiplier par 30 et plus sa consommation de ressources et de bande passante d’une part, et le faire en dépensant le moins possible d’autant que la très vaste majorité de ses utilisateurs ne sont pas payants !

Dès le début de la pandémie, l’entreprise avait alerté ses investisseurs que ce succès exponentiel allait avoir un impact très négatif sur les finances de l’entreprise : « Nous nous attendons à ce que nos coûts augmentent fortement dans un avenir prévisible alors que nous augmentons la capacité de notre datacenter et l’hébergement dans des nuages tiers en raison de l’utilisation accrue de nos services découlant de la récente épidémie de virus COVID-19 » écrivaient les responsables de l’entreprise dans un « Security Filling ».

Pour faire face à la demande et réduire ses dépenses au maximum, Zoom est parti en chasse d’un partenaire Cloud supplémentaire pour ajouter à moindre coût des capacités machines et réseau. L’application est en effet extrêmement consommatrice de mémoire sur les serveurs et de bande passante réseau.

À travers un communiqué de Presse, Oracle se gargarise d’annoncer que « Zoom a choisi Oracle Cloud comme fournisseur d’infrastructure Cloud pour son service de réunion en ligne ». Un joli coup de pub pour l’éternel outsider du cloud. Selon le communiqué, « Zoom a choisi Oracle Cloud Infrastructure pour ses avantages en termes de performances, d’évolutivité, de fiabilité et de sécurité supérieure du cloud ».

Mais personne n’est dupe. D’autant que Larry Ellison avait fait, chose rare, une « sortie » sur YouTube la semaine dernière pour vanter les louanges de Zoom et expliquer que l’application était devenue un « service essentiel » de son entreprise en cette période.

Il n’est pas difficile de lire entre les lignes et de comprendre que la star de la visioconférence a très probablement bénéficié de tarifs avantageux en échange d’un petit coup de pub et que le choix de l’entreprise n’est pas tant technique que simplement financier.

D’ailleurs, dans un entretien vidéo avec la Presse (réalisé sous Zoom), Clay Magouyrk, Executive Vice President of engineering Oracle Cloud Infrastructure n’a pas caché que Zoom n’utilisait rien des spécificités du Cloud Oracle et de ses services Autonomous car les urgences de son client sont aujourd’hui ailleurs : faire gonfler ses infrastructures pour soutenir une charge exponentielle. Il a toutefois affirmé que le partenariat entre les deux entreprises ne se voulait pas une opération opportune le temps de la pandémie mais s’inscrivait dans la durée.

Si l’argument financier est sans (aucun ?) doute le véritable et principal moteur de ce choix, d’autres éléments ont aussi dû jouer en la faveur d’Oracle. D’abord, Oracle Cloud a signé un partenariat avec Azure pour mettre en place des « fast routes » entre ses datacenters et ceux de Microsoft ce qui doit être utile à Zoom puisqu’une partie de ses infrastructures y est hébergée. Ensuite, Oracle est l’un des rares clouds publics à ne pas avoir sa propre solution de vidéoconférence : GCP dispose de Google Meet, Azure héberge Microsoft Teams et AWS propose son Amazon Chimes. Outre l’aspect concurrentiel, les infrastructures de tous ces clouds sont aussi actuellement mises en surcharge par le recours croissant à la vidéo et l’adoption tout aussi croissante de ces solutions de communication (car il n’y a pas que Zoom qui a vu son adoption exploser).

Bref, avec cette annonce en fanfare, Oracle Cloud s’offre un joli coup de pub tout en accueillant un acteur prestigieux et en vogue mais en recherche de reconnaissance auprès des entreprises après une cascade de failles et déboires de sécurité (pas toujours du fait de l’éditeur d’ailleurs mais plutôt du manque de formation des utilisateurs aux bonnes pratiques de la visioconférence).