Bien que l’Internet des objets (IoT) soit encore davantage une mode qu’une réalité, marquée d’un certain scepticisme, cette situation devrait changer et les entreprises doivent s’y préparer.

Mais, un obstacle majeur se profile à l’horizon : l’absence d’une infrastructure adaptée pour gérer toutes ces données nombreuses et variées, le trafic, le stockage et les exigences de traitement associés au mastodonte de l’Internet des objets.

À mesure que l’Internet des objets se développe, avec de plus en plus de produits connectés à Internet (des thermostats jusqu’aux voitures), la nécessité de disposer d’une infrastructure solide et de la puissance de calcul requise pour l’appuyer, se fait de plus en plus sentir. Les data centers nationaux sont donc à l’aube d’une révolution.

Les foyers de l’innovation

Les contrôleurs IoT étant de plus en plus compacts et abordables, il est relativement simple de doter toutes sortes d’appareils d’une connectivité IoT. Et ce ne sont pas que les réfrigérateurs et les lampes de chevet qui vont être connectés: l’Internet des objets laisse prévoir une très grande variété d’innovations, à très grande échelle.

Par exemple, des scientifiques aident déjà certains viticulteurs clairvoyants de la vallée de Napa (Californie) à améliorer leurs techniques d’irrigation traditionnelles à l’aide de capteurs intelligents intégrés au sein de leurs vignes[1]. En analysant les données transmises sans fil par les capteurs, ils sont en mesure de déterminer le niveau d’hydratation des plants et de transformer ainsi des vignobles peu performants en champions de la productivité, bénéficiant d’une consommation d’eau considérablement réduite, un aspect essentiel dans le contexte de sécheresse catastrophique que connaît la Californie.

Le secteur de la santé a aussi rapidement assimilé les avantages que peut offrir l’Internet des objets. Le service de distribution de médicaments de Philips en constitue un bon exemple[2]. Conçu pour les personnes âgées qui oublient souvent de prendre leurs médicaments, l’appareil alerte le patient lorsqu’il est l’heure de prendre ses pilules. En appuyant sur un bouton, le patient obtient des gobelets contenant ses médicaments. L’appareil est synchronisé avec la ligne téléphonique de l’utilisateur, ce qui permet la transmission de messages de suivi au cas où la personne oublie une dose, ou s’il faut recharger le stock de médicaments ou encore si l’appareil ne fonctionne plus en raison d’une coupure de courant.

Gartner prévoit[3] que le nombre d’appareils connectés devrait atteindre environ 25 milliards d’unités d’ici 2020. En comparaison, le nombre total d’ordinateurs, de tablettes et de smartphones en 2020 ne devrait pas dépasser les 7,3 milliards. Selon BI Intelligence[4], cette année sera le point charnière où le nombre d’appareils connectés dépassera pour la première fois, le nombre total d’ordinateurs, de tablettes et de smartphones. D’ici la fin de la décennie, les appareils connectés produiront 40 000 exaoctets (40 000 milliards de gigaoctets) de données qui devront être stockées et interprétées pour produire des informations utiles.

Un rapport donnée émise/valeur très élevé

Le taux d’adoption de l’Internet des objets dépendra très largement de la capacité des entreprises à s’adapter aux réglementations européenne pour pouvoir utiliser les informations collectées et les exploiter. Sans oublier bien sûr, que l’élément clé pour les appareils destinés aux entreprises aussi bien qu’aux particuliers, est l’application elle-même et non le capteur seulement.

Mais, comme l’essor de l’Internet des objets va entraîner l’apparition de milliards d’appareils connectés au cours des prochaines années, les opérateurs de datacenter devront investir afin de s’assurer que leurs installations disposent de capacités suffisantes pour absorber l’afflux d’informations générées.

Le problème, c’est que l’explosion de l’Internet des objets nourrit un Big Data dont le rapport donnée émise/valeur est généralement très élevé, avec une énorme proportion de données non pertinentes et un fort taux d’épuisement des données. Cela aura à la fois un impact immédiat sur la bande passante requise vers et depuis le data center et sur le stockage et sa puissance de calcul.

De ce fait, pour que l’Internet des objets parvienne au niveau de croissance prévu par Gartner les entreprises devront disposer de data centers capables de gérer cet afflux de données. Les investissements dans les services de plate-forme IoT résidant au sein du data center seront cruciaux pour tenir la promesse de l’Internet des objets, du tout le temps, partout et en toute circonstance.

Dans son étude[5] sur les demandes s’exerçant sur les data centers et leurs opérations, IDC prévient que l’Internet des objets pourrait ne pas réaliser tout son potentiel sans des investissements urgents dans la mise à niveau de leur capacité. Ces analystes prévoient que la capacité consommée dans les data centers par les charges de travail relatives à l’Internet des objets va augmenter de près de 750 % entre 2014 et 2019, mettant ainsi les installations sous pression, tant en termes de réseau, de stockage et d’analytique.

La mutation des exigences d’infrastructure

Compte tenu du nombre d’appareils connectés et de la quantité de données générées, les entreprises doivent se focaliser sur les exigences de leur plate-forme de services IoT au niveau du data center lui-même, et pas seulement au niveau des serveurs ou des périphériques de stockage individuels. Et comme IDC prévoit que plus de 90 % des données créées par les appareils connectés seront hébergées dans le Cloud au cours des cinq prochaines années, les data centers seront mis à rude épreuve.

Les entreprises qui cherchent à analyser et interpréter en temps réel, les données générées par la multitude d’appareils connectés, risquent néanmoins de s’apercevoir que leurs datacenters traditionnels ne sont pas équipés pour cela. Plutôt que d’essayer de combler les lacunes en achetant l’infrastructure composant par composant, les entreprises tournées vers l’avenir, adopteront sans doute une infrastructure convergée et virtualisée afin de disposer de la flexibilité nécessaire pour faire face aux gigantesques bonds en avant à venir en matière de données. Cela conduira à l’émergence de data centers Hyperscale fondés sur des infrastructures convergées et hyperconvergées pour faire face aux tensions sans précédent qui caractérisent l’ère de l’Internet des objets.

Faire évoluer la manière dont le département informatique est perçu

Pour permettre cette évolution, il est essentiel que le département informatique fasse en sorte de ne plus être considéré comme un centre de coûts mais comme une source de revenus. Ce n’est qu’une fois ce changement de perspective accompli qu’une organisation pourra pleinement profiter des avantages qu’offre l’Internet des objets. Une fois la technologie placée au cœur de l’infrastructure, les sociétés seront en mesure d’atteindre les objectifs d’intégration, de rapidité, d’évolutivité et de résilience d’une activité moderne, numérique.

Tout a peut-être commencé avec un réfrigérateur connecté à Internet, mais l’Internet des objets deviendra sans aucun doute, l’un des principaux moteurs de l’extension de l’informatique vers des data centers de plus grande envergure, accélérant ainsi la transition vers les infrastructures convergées, orientées Cloud et évolutives ainsi que vers les architectures de plate-forme de données.

 

[1] http://www.wired.com/2012/10/mf-fruition-sciences-winemakers/
[2] http://www.managemypills.com/content/
[3] http://www.gartner.com/newsroom/id/2905717
[4] https://intelligence.businessinsider.com/
[5] http://www.idc.com/getdoc.jsp?containerId=255397

 

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Nigel Moulton est Directeur technique, EMEA – VCE