En France, la 5G est officiellement devenue opérationnelle en décembre 2020, et depuis, les opérateurs de réseaux mobiles investissent massivement dans l’architecture 5G de nouvelle génération. L’Arcep, qui vient de changer de présidence avec la nomination de Laure de la Raudière par Emmanuel Macron, devra renforcer davantage ses actions sur ce réseau mobile à ultra haut débit afin d’améliorer les performances et les opportunités des organisations. Avec cette nouvelle infrastructure plus moderne, ces dernières sont en effet soumises à une importante pression pour générer des recettes supplémentaires. Même en percevant des taxes d’abonnement qui compensent le coût des données 5G à haut débit, les fournisseurs de services se retrouvent face à des diminutions constantes de bénéfices.
Cependant, ces leaders de l’industrie doivent pouvoir continuer à générer du profit tout en mettant en place de nouvelles méthodes de travail qui tirent parti des avantages promis par la 5G. La latence réduite et la largeur de bande fortement accrue de cette technologie offrent des bénéfices considérables, tout comme sa capacité à prendre en charge des millions d’appareils.
Encourager la collaboration et le travail d’équipe autour de la 5G
De nombreux pays encouragent donc les entreprises à recourir à des services qui s’appuient sur la 5G, comme le « Enhanced Mobile Broadband » (eMBB), le « Massive Internet of Things » (MIoT) et les « Mission Critical Services » (MCS).
L’eMBB améliore la couverture sans fil à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment, les déploiements fixes et l’utilisation de la réalité virtuelle augmentée. Ces fonctionnalités permettent un meilleur travail d’équipe avec plus de collaboration au sein de l’entreprise.
Le MIoT simplifie le suivi simplifié des actifs et la mise en place d’une agriculture et de villes intelligentes, tout en augmentant la surveillance des infrastructures physiques, de l’énergie et des services publics.
Enfin, les MCS concernent les drones, l’automatisation industrielle, la télésanté et les véhicules autonomes, grâce à un réseau intelligent.
Ces fonctionnalités présentent toutes des avantages évidents, mais les opérateurs se retrouvent également confrontés à des défis de taille, car l’amélioration de la connectivité ne permettra pas à elle seule de générer les recettes nécessaires pour justifier les investissements. Les leaders du marché se doivent alors de mettre en place de nouveaux modèles commerciaux et des partenariats avec les entreprises et les gouvernements.
Ainsi, ils pourront proposer des services personnalisés à haute valeur ajoutée, tels que le découpage du réseau dédié, les réseaux privés 5G et d’autres configurations hybrides. Nombre de fournisseurs n’ont pas coutume de fournir ces architectures avancées, il est donc essentiel qu’ils se familiarisent avec les applications d’entreprise et les schémas de trafic.
En effet, jusqu’à présent, les opérateurs s’efforçaient de veiller à ce que leurs réseaux offrent une expérience client plus cohérente. En conséquence, ils surveillaient les plans de contrôle tout en assurant le suivi de la qualité des appels. Toutefois, dans le cas des nouveaux services 5G, le plan utilisateur est l’élément central, ce qui signifie que les fournisseurs de services doivent accroître la surveillance, la sécurité et la visibilité afin de répondre aux attentes des clients.
Au-delà de la technologie, une réalité fonctionnelle
Suivre simplement le débit ne suffit plus. Les entreprises recherchent une technologie qui réponde à leurs besoins fonctionnels, le plus souvent assortie d’accords de niveau de service (SLA). Pour ce faire, les opérateurs doivent garantir plusieurs éléments clés :
– Une visibilité de bout en bout de tous les services dans un environnement hautement flexible et dynamique. Les fournisseurs doivent disposer d’une vision complète des services, qu’il s’agisse des capteurs de l’Internet des objets (IoT) qui ne transmettent des données qu’une fois par jour ou par semaine, ou des caméras de surveillance qui produisent des flux de données sans fin. Compte tenu de la grande diversité des appareils, des schémas de trafic et des applications, il est nécessaire d’élargir la surveillance et de développer de nouvelles capacités d’analyse, notamment par le machine learning et l’intelligence artificielle (IA).
– Un reporting solide qui garantit que les fournisseurs offrent un service exceptionnel aux entreprises clientes. Ces mises à jour doivent faire état d’une connectivité stable et rendre compte des paramètres de qualité et de sécurité du plan utilisateur.
– Une gestion proactive, permettant aux opérateurs de téléphonie mobile d’identifier et de réagir rapidement à la détérioration des services sans nuire à leurs recettes.
Afin de tirer le meilleur parti de ces nouveaux outils 5G, les fournisseurs de services doivent aussi les protéger. L’augmentation de la bande passante, les architectures décentralisées et les nouveaux dispositifs non contrôlés sont autant d’éléments qui étendent le paysage des menaces possibles. Alors que les anciennes générations de technologies mobiles ne protégeaient le réseau qu’à son périmètre, les opérateurs ont le devoir désormais d’étendre leurs capacités de sécurité afin de se défendre contre les menaces provenant de l’intérieur de leurs systèmes, parmi lesquelles :
– Les attaques contre les infrastructures publiques critiques comme les smart cities (villes intelligentes) ou les réseaux intelligents, avec des piratages maîtrisés aussi près que possible de la source, à l’intérieur ou à l’extérieur du réseau ;
– L’utilisation abusive des données par les nouveaux services qui collectent des informations issues de toutes sortes d’environnements et de capteurs. Les opérateurs doivent donc investir dans des infrastructures de surveillance et empêcher tout accès non autorisé ;
– La protection des informations personnelles est essentielle. En effet, à l’instar des entreprises ou des gouvernements, les services aux consommateurs qui détiennent des données privées (comme les applications de soins de santé mobiles) ont également besoin de protections adéquates ;
– Les attaques d’espionnage industriel ou d’État-nation visant les infrastructures 5G privées, ainsi que les protections contre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et le vol de propriété intellectuelle ;
– La compromission de dispositifs autonomes comme les drones, qui peut avoir de graves répercussions dans le monde réel ;
– La prise de contrôle de dispositifs IoT ou de botnets qui orchestrent des attaques contre les services de réseau.
Les opérateurs de réseaux mobiles jouent un rôle essentiel dans la transformation numérique qui se répercute sur la vie quotidienne. Si la 5G ouvre de nombreuses perspectives à ces fournisseurs, elle leur pose également une nouvelle série de défis à relever. Quiconque désire tirer profit de cette technologie doit accorder la priorité à l’assurance de service, tout en veillant à prendre les précautions qui s’imposent pour maintenir la sécurité des services.
Par Daniel Crowe, AVP France et Europe du Sud chez NETSCOUT