Dans un contexte d’internationalisation et de globalisation sans cesse croissant, les entreprises accélèrent leurs implantations sur de nouveaux marchés géographiques porteurs. La demande en réseaux WAN se développe en conséquence, assortie néanmoins d’une légitime nécessité de contrôler des dépenses susceptibles de se chiffrer en centaines ou milliers d’euros par mois et par MBPS pour des connexions MPLS-VPN. Les contraintes de temps de mise en œuvre deviennent également plus pressantes, puisqu’il faut encore parfois compter plusieurs semaines pour obtenir de la bande passante supplémentaire avec les solutions traditionnelles. Sans oublier d’assurer la continuité de service et d’optimiser la bande passante pour délivrer rapidement des services de qualité.

Parallèlement à l’augmentation des demandes de connectivité WAN, et tandis que les applications se déplacent lentement vers sûrement vers l’Internet public, la tentation est grande de faire entrer l’accès Internet dans l’entreprise afin de décharger des réseaux MPLS le trafic généré par les applications les moins critiques.

Cette notion de réseau hybride permet de concentrer les ressources en connectivité managées (type MPLS-VPN) sur les applications critiques pour le business, et en parallèle de les décharger d’une partie du trafic ne nécessitant pas les mêmes SLA, en l’occurrence à moindre coût, vers les réseaux Internet.

En fonction des impératifs de chaque entreprise, une recherche Google, une connexion sur Twitter pour poster un message marketing, une démarche LinkedIn etc… pourront sans doute être véhiculées par l’Internet. D’un autre côté, l’enregistrement d’une prise de commande ou la transmission d’un message après-vente relatif à un problème client continueront de transiter par une connexion MPLS-VPN sécurisée et managée.

La tendance est forte, sans doute inéluctable. Pourtant, même si les solutions actuelles permettent d’ores et déjà aux opérateurs de proposer des réseaux « hybrides », les offres évoluent pour apporter aux utilisateurs une nouvelle expérience applicative au meilleur coût.

C’est l’intérêt du SD-WAN, ou Software-Defined-WAN. Autrement dit un réseau WAN managé par une couche logicielle embarquée dans les routeurs locaux, complété d’un contrôleur centralisé, permettant l’utilisation simultanée des connexions publiques et privées, de façon sécurisée, tout en contrôlant dynamiquement l’attribution de bande passante. Le SD-WAN améliore la gestion de la puissance réseau, en attribuant la bande passante aux applications les plus critiques ou les plus gourmandes sur la base de règles prédéfinies.

Selon une récente étude IDC, la notoriété moyenne du SD-WAN est seulement de 10% en France, ce qui fait du pays un marché relativement peu mature en matière de technologies SDN appliquées au WAN.

Un intérêt démontré

Cependant, en France, l’intérêt est réel pour les attributs procurés par le SD-WAN. En d’autres termes, de nombreuses entreprises s’intéressent au SD-WAN sans le savoir.

Lorsque l’on pose la question à un parterre représentatif d’utilisateurs de services réseaux au sein des DSI, plusieurs types de fonctions pilotables depuis une infrastructure SD-WAN suscitent plus de 50% d’intérêt, au premier rang desquelles l’équilibrage des charges, les fonctions de sécurité standard (filtrage web, pare-feu, antivirus) ou l’accélération des flux.

Les bénéfices attendus au titre du SDN dans le WAN émergent clairement en conséquence : l’augmentation de la qualité de service et la disponibilité (pour 64% des répondants), la centralisation de la gestion des fonctions réseau (57%) ou l’augmentation de la réactivité (52%).

Une portion importante des personnes interrogées (30%) attend du SD-WAN une plus grande autonomie (liée à la centralisation) et la faculté de pouvoir faire face à des pics d’activités en vue d’augmenter la réactivité.

En matière de modèle de développement et d’exploitation d’une solution SD-WAN, il ressort de l’étude qu’une large majorité (63%) de futurs utilisateurs n’envisage pas de se lancer dans cette nouvelle aventure sans le concours d’un opérateur de télécommunications ou d’un intégrateur. Que ce soit sous la forme du choix d’une offre industrielle d’un opérateur, d’une offre sur mesure, ou d’un support à l’intégration et à l’exploitation, nombreux, nombreux sont ceux qui continueront à faire appel à la valeur portée par un fournisseur de services spécialisé.

La perspective d’une nouvelle offre de services MPLS-VPN managée, augmentée de nouvelles capacités en matière d’agilité, d’exploitabilité, de qualité de services ou d’optimisation de coût, laisse donc entrevoir un rôle majeur des opérateurs de services qui sauront s’équiper de ces nouvelles offres.

Les bénéfices du SD-WAN

Le SD-WAN offre de nombreux bénéfices à ses utilisateurs et peut être assimilé à un accélérateur WAN intelligent. Il permet de contrôler les flux de trafic WAN sur des routes réseaux multiples et variées incluant le MPLS-VPN l’Internet, les connexions mobiles LTE. De cette manière, il est possible de favoriser des chemins réseaux moins coûteux pour un usage non-critique ou de router les flux de données vers le LTE si les autres liens tombent pour cause de panne par exemple…

Le SD-WAN permet également le partage dynamique de charges ou de trafic sur la base de priorités business ou pour répondre aux besoins spécifiques de certaines applications.

Enfin, tandis que le SD-WAN réduit drastiquement la complexité normalement associée à la configuration, la gestion et l’orchestration des réseaux WAN, il s’intègre harmonieusement avec d’autres technologies visant à sécuriser ou optimiser les flux de données. Les avantages sont trop nombreux pour être ignorés plus longtemps par les entreprises. Elles ont compris les avantages de la virtualisation de serveurs et du stockage et ont fait des choix significatifs pour rendre leurs infrastructures plus flexibles.

Aucun doute que la virtualisation du réseau trouvera rapidement sa place dans l’architecture informatique des entreprises !

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Thomas Desrues est directeur général de Juniper Networks.