S’adresser au bon dieu plutôt qu’à ses saints, est une première approche pour l’administration des machines virtuelles. A l’heure du cloud tout puissant, la gestion des VM est au cœur des préoccupations des entreprises.
« Qui mieux que Renault peut s’occuper de votre Renault » dit la pub. Nous avons donc suivi cette idée pour les fournisseurs d’hyperviseurs. Quels sont les outils d’administration des VM proposés par les éditeurs Citrix, Microsoft, Red Hat et VMware pour gérer leurs propres machines virtuelles, dans le cloud.
Clarifier la situation dans l’offre des éditeurs n’est pas un luxe, car ce sont plusieurs dizaines d’outils qui existent dans le domaine. Avec le cloud privé et public, les offres de services entrent parfois aussi dans la panoplie de sous traitants hébergeurs et autres intégrateurs de data centers. Ne parlons pas des fournisseurs de serveurs qui ont aussi leurs propres panoplies de logiciels de maintenance. Avec les « software driven networks », les « software driven data center », les « software driven storage systems », la bataille des outils d’administration ne fait que débuter. Bien sûr, dans les grands data centers, les vedettes sont déjà mieux connues. BMC, Pivotal, Tibco, Software AG et Progress Software ont depuis longtemps investit le marché des outils d’administration du cloud avec leur propre plate forme pour le cloud, les CMP (cloud management Platform). De leur coté, les firmes qui sont nées dans le cloud, comme Google ou Amazon maîtrisent, elles aussi, leurs outils d’administration et n’hésitent pas à les « sous louer » dans des combinaisons originales.
Un coup d’œil aux outils des principaux éditeurs de VM
Mais pour administrer les principaux outils de virtualisation, la découverte méritait de débuter par les offres des principaux éditeurs concernés.
Nous avons donc retenu pour XenServer 5.6.1 de Citrix, Cloud Stack et pour Windows Server 2008 R2 Hyper-V, l’incontournable System Center de Microsoft. Du coté de l’Enterprise Virtualization for Servers 2.2 de Red Hat, nous avons retenu le tout nouveau cloud form et pour l’incontournable VMware Vsphere 4.1, les derniers produits maisons. Après le VMWorld de fin août, l’offre est devenue pléthorique.
Un œil sur cloud Stack
Défendu par Citrix, Cloud Stack est le nom du logiciel racheté à l’éditeur cloud.com en 2011. Il été remis entre les mains de la fondation Apache pour en faire un outil open source. Comme avec son outil de virtualisation Xen, Citrix a su donner aux développeurs une base ouverte et gratuite pour mieux et exploiter à son avantage des services et des utilitaires complémentaires et payants. Cloud stack est donc conçu pour déployer et administrer de larges réseaux de machines virtuelles et c’est pour l’instant l’un des logiciels les plus utilisés par les opérateurs pour administrer des clouds hybrides (privés et publics). Outre l’orchestration, la gestion des utilisateurs et de leurs ressources, Cloud stack se distingue par une interface graphique agréable et des interfaces de programmation très bien définies. Cela donne aussi à Citrix, une base solide de partenaires développeurs. L’intérêt de cloud stack est aussi de fonctionner en totale connivence avec les solutions concurrentes de Citrix comme celles de VMWare, l’AWS d’Amazon et bien d’autres. La solution d’administration naturellement administrable à distance est l’une des plus répandue.
System center de Microsoft
Pour sa solution « gratuite » de machines virtuelles vendue avec Windows server 2012 R2, Microsoft préconise ses propres outils d’administration, même si, de plus en plus, la firme explique entre deux conférences qu’elle est partenaire d’Amazon, de Cisco, etc. avec son outils d’administration System Center et en particulier la version 2, plus ouverte, (appelée R2 pour Release 2). Son intérêt est de simplifier l’administration des clouds dits hybrides, ceux qui combinent les ressources de l’entreprise avec celles des Clouds publics. Le vice président de la division Cloud, Bard Nelson utilise un slogan « Build one, Deploy Anywhere », que l’on pourrait traduire par « Créer votre service logiciel une seule fois, installez le n’importe où ».
System Center est depuis longtemps apprécié pour la simplicité avec laquelle on peut créer des réseaux privés virtuels (VPN) en particulier pour mettre à jour des serveurs Windows Server à distance. Désormais le programme a été amélioré pour s’ouvrir sur des clouds publics et permettre de transférer entre les différents sites les machines virtuelles sans changer d’adresse IP. La fonction appelée « Site to site VPN » dispose d’outils de filtrage de trafic, de gestion des volumes transférés, ce qui permettra dans le cas de lignes louées de ne pas laisser les factures s’envoler. La tentation de faire tourner les applications sur les serveurs les plus rapides, en utilisant les lignes payantes à hauts débits, pourrait remettre en cause l’intérêt même de ce type de service. Celui-ci est plutôt l’équilibrage de charges et la sécurité d’un fonctionnement continu. La version R2 de System Center via HyperV permet de gérer et réparer les VM en panne et elle supporterait même Linux comme « « un OS de back up » une expression peu claire.
Plus d’information sont disponibles sur le blog de Bob Anderson http://blogs.technet.com/b/in_the_cloud/archive/2013/08/14/what-s-new-in-2012-r2-hybrid-networking.aspx
Quelle différence avec VMware ?
Face à VMWare qui vient de lancer son propre service de virtualisation des réseaux NSX ce qui représente un premier pas vers le SDN, on peut se demander ce qui fait la différence entre des outils de virtualisation du réseau et les services offerts par certains opérateurs de cloud. Microsoft qui utilise ses propres outils sur sa plateforme de service Azure et fait fonctionner plus de 200 applications créées pour le cloud a déjà une grande expérience de la maintenance des réseaux et des plateformes hybrides. Face à la nouvelle offre de son concurrent VMware, elle met en garde sur la confusion née d’un nouveau service réseaux qui permettrait de remplacer un opérateur de service.
« Il ne faut pas croire qu’il y a une réelle solution alternative pour créer et faire fonctionner un service comparable comme ceux proposés par les grands hébergeurs de services clouds, (sous entendus comme nous). On gère près de 50 000 opérations par jour » précise Bob Anderson. 30 ans après IBM qui expliquait qu’il ne fallait pas croire que les services offerts par un mainframe seraient remplacés par des applications de Microsoft sur PC, c’est autour de Microsoft, devenu le poids lourd du soft de jouer les éléphants. Anderson explique sur son blog que les plus grands fournisseurs de virtualisation dans le cloud ne seraient pas menacés par des applications SDN. Mais si ces différentes offres n’offrent pas encore tout à fait les mêmes services, on ne tardera pas à les comparer entre eux.
VMware Cloud Management
La solution de VMWare offre selon l’éditeur « un contrôle complet de plusieurs clouds ou plates-formes à la fois ». Spécialement conçues pour les environnements de Cloud et les environnements virtualisés dynamiques, les logiciels de VMware dans leurs dernières versions « Hybrid services » présentées fin août, proposent de plus en plus le support de Linux. C’est en particulier le cas de la version Suse, le SLES (Suse Linux Enterprise Service) mais Ubuntu server (Canonical) et centOS (la version gratuite de Red Hat) font aussi partie des services prévus. Le support de Suse est même proposé en mode de location mensuelle avec les mises à jours de versions et les patchs intermédiaires. L’argument choc de VMware est de gérer, à partir des consoles d’administration VMware vCenter and vCloud management, les applications locales fonctionnant sur une même plateforme, l’hyperviseur ESX et les applications distantes virtualisées.
VMware tente de convaincre les différents éditeurs de créer un mode de licence particulier pour les versions virtualisées, ce qui n’est pas sans poser des problèmes d’intérêts financiers. De ce coté, Microsoft essaie aussi de pousser des versions économiques de ses logiciels vers VMWare mais elle ne le proposera pas un Windows 2008 par exemple en mode éco.
Le discours de Che
Pour Bryan Che, le general manager de la division cloud de Red Hat, l’avenir des cloud hybrid serait plutôt du coté de VMWare qui s’oppose à des solutions hyper centralisées gérées par des grands opérateurs comme Microsoft, Google ou Amazon. « La solution proposée par les fournisseurs de cloud public n’est pas la réponse idéale au cloud hybrid. Les utilisateurs veulent disposer d’une solution plus ouverte ou ils puissent administrer le cloud hydbrid comme ils le veulent selon les besoins et justement changer facilement de partenaires». Red Hat propose d’ailleurs une infrastructure orientée services « cloud forms » qui repose sur près de 60 projets open Source. Les projets comprennent des solutions on seulement de gestions de machines virtuelles mais aussi des solutions « physiques » et hybrides. Red Hat avait depuis des lustres l’expérience de sa propre plate forme de services pour développeurs « Openshift ». Celle-ci permet de choisir et tester de nombreux outils et langages. De même les applications développées sur le site avec ces outils seront testées et administrées en mode réel.
Rester hybrides et indépendants
Citrix, Microsoft, VMware et RedHat s’ils proposent des solutions d’administration internes n’en font pas une promotion exceptionnelle. Ces éditeurs ont en effet tout intérêt à laisser d’autres firmes construire un véritable écosystème autour de leurs outils de virtualisation. Enfin le développement du cloud hybride qui paraissait doper les offres des clouds publics, se fait surtout autour d’outils d’administration qui rendent les entreprises indépendantes des offres des grands hébergeurs. Devenir plus indépendant de ses fournisseurs matériels avec le cloud n’est plus suffisant, il faut désormais être indépendant des fournisseurs de cloud.