D’ici 3 ou 4 ans, environ 20,8 milliards d’objets qui devraient être connectés dans le monde. En 2015, la France comptait déjà 72,1 millions d’abonnements téléphoniques en France – 7 milliards dans le monde – et presque autant de téléphones en service. Également, on ne compte plus le nombre de tablettes et l’émergence des voitures intelligentes. Ces chiffres ont de quoi donner le tournis. Ces objets, qui ont pour but de changer – ou bien d’améliorer – notre vie de tous les jours, ont-ils pris l’ascendant sur notre sociabilité ? Qu’en est-il de la relation humaine dans tout ça ? En France comme ailleurs, dans un climat social particulièrement tendu, ces technologies qui accompagnent notre quotidien, favorisent-elles le lien entre les personnes ?
Jusqu’à présent les relations humaines traditionnelles, consistaient en la capacité des êtres humains à échanger entre eux sur des sujets plus ou moins sérieux, au quotidien, dans toutes circonstances : échanger sur les conditions de travail avec des collègues de bureau, sur la météo avec un voisin de palier ou sur le dernier épisode de sa série préférée avec un ami, etc.
Le Web : un outil révolutionnaire ?
Non, le Web n’a en réalité rien « inventé ». Du moins pas pour créer des relations entre les humains. Ce qu’Internet a bouleversé, c’est la portée de ces échanges : hier on discutait avec ses proches, famille ou amis près de chez soi. Aujourd’hui, on peut entrer en contact et partager avec le monde entier en quelques secondes. Ce qui a changé, c’est donc le médium, le support, l’outil grâce auquel la connexion entre ces personnes va s’effectuer : cela se passe désormais autour d’une application ou d’un réseau social.
Nous sommes aujourd’hui techno-dépendants…
Difficile de le contredire, mais difficile également de l’accepter : nous sommes devenus addicts aux nouvelles technologies. Qui se souvient de la dernière fois qu’il a rejoint une destination inconnue sans GPS ? Peut-on encore se passer de son smartphone ? Une étude a montré que les générations actuelles ont plus de difficultés à se passer de Facebook et de Twitter que d’être privé de manger, de fumer ou de faire l’amour. Il existe même des cliniques spécialisées dans la prise en charge des personnes ayant une addiction aux technologies et on ne compte plus les articles qui évoquent les nouvelles méthodes de « déconnexion ».
…et c’est une bonne nouvelle.
En dehors de ces quelques exceptions, le constat est simple : la technologie rend service, aide l’humain, appuie ses actes et permet les relations. Non, la technologie ne crée pas les échanges, elle les transforme. Jusqu’ici, pour écouler les vêtements de ses enfants devenus trop petits, on devait attendre la brocante annuelle de la ville ou du village. Aujourd’hui ? On peut déposer une annonce sur des sites de revente en quelques clics. Facile, pratique, utile. Ce qui n’empêche pas les brocantes de continuer à prospérer en parallèle.
Il y a désormais – véritablement – une application pour tout. Il existe des réseaux sociaux pour ne plus aller faire son jogging tout seul, des communautés en ligne pour aller chasser des Pokémons en groupe, on peut choisir ses « coworkers » et son lieu de travail, même pour quelques heures… Ce que les internautes recherchent désormais, ce sont d’autres personnes qui partagent les mêmes centres d’intérêts autour d’événements qui leur ressemblent. Et cela est devenu accessible à tous.
Le nombre de relations sociales devenues possibles grâce aux nouvelles technologies ne se comptent plus. Souvenez-vous des premiers « Apéros Facebook » : des centaines, parfois des milliers d’internautes sans autres points communs que la proximité géographique et l’appartenance à un même réseau social. Un phénomène nouveau par son ampleur, rendu possible grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies. Pour autant, rien de révolutionnaire dans son principe : la plupart étaient des jeunes venus échanger autour d’un verre et se rencontrer ailleurs qu’entre les lignes de codes d’un réseau social.
Des relations sociales bouleversées.
Elles ont évolué, avec les nouvelles technologies et les nouveaux usages qui en ont découlé. La génération Y est née avec un clavier dans les mains, la génération Z ne peut se séparer de son smartphone. En plus de l’explosion des frontières géographiques, les nouvelles technologies ont créé une culture de l’immédiateté : on ne veut plus attendre une réponse à un SMS ou à un mail : on veut savoir dans la minute. Pourquoi ? Parce qu’on peut tout trouver, partout, tout le temps, dans (presque) toutes les circonstances.
Autre tendance apparue avec les outils technologiques : la possibilité de pratiquer et partager ses passions partout dans le monde via des sites dédiés. Par exemple, une jeune femme qui se trouve en voyage professionnel à Dallas, férue d’équitation et qui souhaite simplement participer à un événement dédié, sur place, le temps d’une soirée. La recherche et l’inscription est simple via ces sites. Il lui est même possible de gérer sa participation à un événement lui correspondant directement depuis une application. Simple et efficace quand on se trouve à des milliers de kilomètres et qu’on ne connaît personne sur place.
Nous pouvons aussi citer a possibilité de demander de l’aide, du soutien ou un conseil en quelques clics. Les forums existent depuis des années sur Internet, les réseaux sociaux les ont remplacés : les pages bons plans et réductions, les pages dédiées aux recherches d’emploi, celles pour revendre des vêtements pour enfants… Tout cela a été rendu possible grâce à Internet et aux supports (smartphones, ordinateurs, tablettes, etc.).
Génération technologique.
On entend parfois qu’il y aurait de moins en moins de rassemblements de masse, la faute aux nouvelles technologies et aux réseaux sociaux ? Les concerts ne désemplissent pas, les salles de cinéma battent des records de fréquentation et il n’y a jamais eu autant de festivals. Idem pour les stades sportifs. Il arrive même qu’un événement lambda bénéficie d’un engouement exceptionnel sur les réseaux sociaux, et inversement. Tout va plus vite.
Bien sûr, certains regretteront que lors de concerts ou autres événements de masse on compte plus de téléphones levés que de bras en l’air pour profiter du moment. Mais cela fait partie de l’évolution de ces relations sociales : les gens ressentent le besoin de tout partager, pour immortaliser l’instant présent : c’est la « Generation Now ».
Mais ces relations virtuelles ne se font pas au détriment de l’implication dans le monde réel, un internaute pouvant tout à fait rendre visite à ses voisins ou participer à des activités à l’échelle locale, au même titre que les « non connectés ». Le temps où les nouvelles technologies étaient vues comme une menace pouvant potentiellement enfoncer un utilisateur dans une « spirale d’isolement » est révolu, il est temps de les percevoir comme un moyen de s’ouvrir au monde et trouver plus rapidement des activités IRL.
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Dimitri Antoniades est CEO et co-fondateur de Yhostee