La décarbonation des activités de transport n’est plus une option mais une nécessité. Découvrez comment intégrer les données primaires, la technologie, et une approche « digital first » pour y parvenir …

Dans un contexte d’instabilité économique et d’urgence climatique, il est nécessaire pour tous les acteurs de la chaîne logistique de s’engager dans une démarche de résilience. Cette dernière inclut la décarbonation des activités de transport, d’autant plus que la règlementation à l’échelle nationale comme européenne évolue en ce sens, notamment avec la nécessité pour les entreprises d’intégrer les émissions liées au scope 3 (c’est-à-dire les émissions indirectes des organisations) à leur bilan carbone. La démarche peut paraître complexe ; il est donc nécessaire de bâtir une stratégie solide. Voici 3 conseils pour y parvenir.

1 – Disposer de données primaires en temps réel

À l’échelle européenne, les nouvelles règlementations pour le verdissement du fret lancées en juin 2023 réforment le mécanisme d’ajustement aux frontières en visant la réduction des émissions de CO2 de 62% pour certains secteurs. Le but : améliorer la transparence sur les transports et inscrire l’utilisation de la donnée dans le processus décisionnel des entreprises.

Pour que les acteurs de la chaîne logistique puissent mesurer, gérer et réduire leurs émissions carbone de la façon la plus efficiente et transparente possible, il est nécessaire qu’ils disposent de données en temps réel. Les acteurs de la chaîne d’approvisionnement ont également besoin de données de haute qualité (par exemple sur le mode de transport utilisé, les informations sur le véhicule, le type d’énergie…) qui les aideront à faire des calculs précis et à comprendre comment réduire leurs émissions.

Les nouvelles solutions de suivi des émissions carbone basées sur le suivi des transports en temps réel sont un allié de taille, particulièrement si elles offrent de nouvelles méthodologies de calcul intégrant les données primaires de consommation de carburant et sont en ligne avec le cadre du GLEC. Pour faire simple, les données primaires sont des données d’exécution chez le transporteur et représentent la totalité de la consommation d’énergie utilisée pendant le transport, y compris les kilomètres à vide et le type d’énergie qui représente une intensité d’équivalent carbone spécifique, ce qui donne une image réaliste des émissions de CO2 émises. Les données primaires sont des données de haute qualité qui sont fiables et peuvent être désagrégées, qui rendent visibles les différences entre les fournisseurs, et qui permettent de prendre des décisions en connaissance de cause.

2 – Intégrer la technologie pour mesurer tous les scopes d’émissions

Les derniers rapports du GIEC recommandent de diminuer les émissions nettes d’environ 45% d’ici 2030 par rapport à 2010. Pour aller dans ce sens, le Décret bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES), dont l’article relatif au scope 3 est rentré en vigueur au 1er janvier 2023, oblige les organisations à prendre en compte les émissions indirectes dans leurs bilans carbone.

Pour faire simple, les émissions provenant des activités directes comme la production d’entreprise, ainsi que des activités indirectes comme le transport doivent être intégrées au bilan carbone des entreprises. Il est important de les mesurer car elles peuvent représenter entre 70 et 90% du total des émissions. Cela inclut les émissions liées au transport, ce qui rend le recours à des plateformes de suivi des données indispensable, d’autant plus que la grande majorité du fret est encore transportée par la route.

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, 59% des transporteurs et 54% des distributeurs étaient capables de calculer leurs émissions de CO2 liées aux transports. Pour inclure tous les scopes dans les rapports d’émissions, il est essentiel de disposer à la fois d’outils digitaux à jour et d’un accès centralisé aux données en temps réel grâce aux plateformes de gestion des transports s’appuyant sur le cloud et l’Intelligence Artificielle. Intégrer ces technologies dans les opérations permet de mieux mesurer tous les scopes d’émissions, et d’analyser ces données pour mieux agir en conséquence.

3 – Adopter une approche “digital first” et en réseau

Afin d’accélérer la décarbonation du secteur, il est nécessaire que les différents acteurs de la chaîne logistique mettent en commun les données d’émissions obtenues grâce aux solutions de suivi des émissions offertes par les plateformes. Pour cela, ils doivent adopter une approche « digital first » en inscrivant l’échange et l’analyse de la donnée au cœur de leur processus décisionnel, car elle est la clé pour leur permettre de réduire leurs émissions et être en conformité avec les exigences réglementaires.

Les différents acteurs (expéditeurs comme transporteurs ou prestataires de services logistiques) doivent également plus largement apprendre à travailler en réseau pour davantage partager leurs informations obtenues en temps réel en toute transparence. La collaboration inter-entreprises permet ainsi d’insuffler une dynamique d’échange commune qui profite à tous.

Décarboner les activités de transport requiert donc l’établissement d’une stratégie solide, qui passe par l’obtention de données de qualité en temps réel sur les émissions de CO2, l’intégration de solutions technologiques pour analyser et préciser ces données, ainsi que l’adoption d’une approche focalisée sur la collaboration entre acteurs du secteur. C’est précisément dans ce cadre-là qu’un acteur neutre telle qu’une plateforme de gestion des transports peut soutenir le processus de décarbonation.
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Par Serge Schamschula, Head of Ecosystem de Transporeon (une société Trimble)

 

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