Avec un nouveau capitaine à bord, Intel affiche ses ambitions et commence sa révolution interne avec un plan d’investissement de 20 milliards de dollars.

Avec Pat Gelsinger (ex-CEO de VMware) aux commandes depuis début mars, on s’attendait à un rapide changement de cap pour Intel. Il n’a pas fallu attendre longtemps. A l’occasion d’une conférence en ligne, le nouveau CEO a défini les nouvelles ambitions de son entreprise alors que le fabricant est menacé de toutes parts par des concurrents très agressifs et que le marché du semi-conducteur est très chahuté avec nombre de rachats et des pénuries aggravées par la pandémie.

Et l’une des priorités définies par le nouveau CEO du groupe est de repenser entièrement les processus de fabrication de ses processeurs avec une approche modulaire et souple dans laquelle Intel pourra faire appel à des fondeurs tiers tout en renforçant ses propres capacités en la matière.

Dénommé IDM 2.0 (pour Integrated Device Manufacturing 2.0), ce plan est destiné à permettre au fondeur américain de retrouver une place de leader dans la fabrication des processeurs.
Il comporte notamment la création d’une véritable entité « Foundry Business » chez Intel. Dénommée « Intel Foundry Services », elle produira des chips pour ses propres besoins mais aussi et surtout des CPU et SOC pour des concurrents comme Apple, Qualcomm ou IBM qu’il s’agisse d’architecture x86, ARM ou RISC-V ! Ainsi, la startup SiFive a déjà annoncé que sa nouvelle gamme de processeurs RISC-V personnalisables serait produite via les usines d’Intel.
Au passage, Pat Gelsinger a confirmé qu’Intel qui ne croyait pas au départ dans la lithographie ultraviolette (finalement adoptée et concrétisée par d’autres) avait appris à maîtriser cette technologie et que le 7nm serait totalement généralisé sur ses processeurs x86 en 2023. En attendant, il a aussi confirmé qu’en 2021 l’essentiel de la production Intel serait en 10 nm.

Ce nouveau Business espère également fabriquer des processeurs spécialement customisés pour les grands hyperscalers. On sait en effet qu’Amazon est en recherche de partenaires supplémentaires pour produire son processeur maison « AWS Graviton 2 », que Google veut aussi concevoir ses propres CPU pour son cloud (la firme vient d’embaucher Uri Frank un ancien d’Intel) et aura besoin d’un fondeur, tout comme Microsoft qui développe aussi ses propres processeurs pour PC et serveurs Azure.

Pour assurer ces nouveaux objectifs, Intel va investir 20 milliards de dollars pour construire deux nouvelles usines de production en Arizona. Pat Gelsinger envisage également la création d’autres usines plus petites aux USA et même en Europe, destinées à la fabrication de composants militaires afin de répondre aux nouvelles exigences américaines et européennes de voir les composants « sensibles » être produits sur leur propre sol.

En attendant, Intel compte exploiter également les capacités de production de tiers (et notamment probablement celles du concurrent TSMC) pour produire des puces de communication mais aussi des puces graphiques à commencer par les futurs GPU Ponte Vecchio (en 7nm) qui doivent équiper le HPC exaflopique Aurora du Laboratoire National d’Argone.

Avec l’arrivée de Pat Gelsinger, un vent de renouveau souffle clairement chez Intel. Il était temps…

Alder Lake a fuité…

Des informations sur la 12ème génération de processeurs Intel Core « Alder Lake » ont fuité. Si l’on en croit les slides dévoilées par Videocardz, ces processeurs seront gravés en « 10 nm Superfin » et afficheront des gains de performance spectaculaires : 20% en mode single-thread et 100% en mode multithread grâce à l’utilisation de nouveaux cœurs Gracemont.
Cette nouvelle génération supportera en standard des bus PCIe Gen5, WiFi 6E et Thunderbolt 4 mais aussi la mémoire DDR5 ainsi que la mémoire permanente. Autre amélioration, elle intégrera le support du HGS (Hardware Guided Scheduling) fonctionnant de pair avec le scheduller de Windows 10 pour assigner plus intelligemment les tâches aux différents cœurs et optimiser la consommation énergétique.