La commission européenne réaffirme l’importance pour l’Europe de disposer de ses propres alternatives en matière de cloud, de quantique et de supercalculateur. Elle compte injecter 8 milliards d’euros dans la prochaine génération de supercalculateurs.
« Pour l’Europe, le moment est venu d’agir… L’Europe doit montrer la voie à suivre dans le domaine du numérique, sinon elle sera contrainte de s’aligner sur d’autres acteurs qui fixeront les normes pour nous » a rappelé Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, dans son discours sur l’état de l’Union le 16 septembre 2020. « Nous devons faire de la décennie qui s’ouvre la «décennie numérique» de l’Europe » ajoute-t-elle avant de tracer les principes qui doivent guider le plan commun pour l’Europe Numérique jusqu’en 2030 : le droit au respect de la vie privée et à la connectivité, la liberté d’expression, la libre circulation des données et la cybersécurité.
Rappelant l’importance du projet Gaia-X pour non seulement disposer d’une véritable offre cloud européenne, mais également assurer la souveraineté de nos données avec notamment une identité électronique (e-identity) européenne sécurisée, elle a appelé à une approche européenne plus cohérente en matière de connectivité (5G, 6G et fibre) et de déploiement d’infrastructures numériques à petite et à grande échelle.
Elle a notamment annoncé un investissement de 8 milliards d’euros dans la prochaine génération de supercalculateurs « made in Europe », notamment au travers du projet de superordinateur exaflopique EuroHPC. Il y a urgence, car l’Europe semble à la traîne. Les Japonais ont pris la tête du Top500 avec leur Fugaku détrônant momentanément chinois et Américains. Officiellement affublé d’une puissance nominale de 415 530 TFlops en précision 64 bits, le Fugaku est le premier ordinateur à afficher une puissance maximale supérieure à 1 000 pétaFlops en exploitant sa capacité à réaliser des calculs en virgule flottante sur 32 bits. En attendant l’entrée en service en 2021 du Aurora du Laboratoire National d’Argone aux USA, qui devrait être le premier à afficher une puissance exaflopique en calculs 64 bits.
De façon peut-être plus étonnante, Ursula von der Leyen a plaidé pour une industrie européenne à même de développer ses propres microprocesseurs de prochaine génération ! L’annonce n’est pas anodine à l’heure où Nvidia vient de racheter ARM (à l’origine entreprise britannique et dont le centre de recherche est toujours à Cambridge) pour 40 milliards de dollars et à l’heure où le très californien SiFive s’apprête à annoncer une nouvelle génération de processeurs RISC-V (architecture en open source) enfin capables d’animer des PC sous Linux. Rappelons qu’Alibaba a aussi annoncé de son côté le développement du processeur XT910, un RISC-V concurrent direct des ARM Cortex A73.
Quelle place l’Europe peut-elle trouver dans l’univers des processeurs ? Et combien cela coûtera-t-il ? Les réponses à ces questions ne sont pas simples. Mais les pistes sont nombreuses. Pour Ursula von der Leyen, « si l’Europe veut aller de l’avant et avancer rapidement, nous devons balayer nos hésitations ».
Suite à l’intervention de la présidente de la Commission européenne, Thierry Breton, le commissaire en charge de la politique industrielle et du numérique, rappelait dans un tweet que 20% du plan de relance européen de 750 milliards d’euros, soit 150 milliards d’euros, sont destinés « à renforcer notre souveraineté numérique » en se focalisant sur le cloud européen, la connectivité pour tous ainsi que le quantique et le HPC.