Dans les coulisses de la transformation digitale, l’exploitation a la responsabilité de la disponibilité et de la performance des systèmes sur lesquels fonctionnent toutes nos applications. Bien que capital et à la pointe des mutations actuelles, ce rôle déjà discret de producteur tend aujourd’hui à s’effacer derrière la magie du cloud. Ce qui ne manque pas de favoriser quelques préjugés…

1- Avec le cloud, tout est automatisé, donc il n’y a plus besoin d’exploitation.

L’essor du cloud au détriment des infrastructures classiques « on premise » est inéluctable. Dans des environnements de plus en plus hybrides et multiclouds, il est incontestable que l’on aura de moins en moins besoin d’une exploitation « à l’ancienne », se chargeant manuellement des ajustements de premier niveau et transférant à l’étage supérieur les événements le nécessitant.
Toutes ces tâches élémentaires peuvent aujourd’hui être automatisées au sein des plateformes de cloud. Mais ces automatismes, quelqu’un doit malgré tout se charger de les concevoir, de les rédiger et de les compiler dans un dossier d’exploitation propre à chaque application.
En outre, les environnements cloud font l’objet de perpétuelles évolutions, qu’il faut aussitôt répercuter.

Bref, avec le cloud, l’exploitation ne disparaît pas : elle change de nature. La performance et la disponibilité des infrastructures ne dépendent plus tant de celles des ressources de base que de la façon de les orchestrer. Selon nous, c’est là que se situe désormais la mission de l’exploitation.

2- L’exploitation n’est pas un foyer d’innovation.

Tous les projecteurs étant braqués sur les dernières tendances en matière de développement ou d’intelligence artificielle, ces domaines semblent parfois avoir le monopole de l’innovation et reléguer les autres aspects de l’IT, comme l’exploitation, au rang de suiveurs.
Or, tout au contraire, ce sont les avancées en matière d’exploitation qui rendent possible le passage à l’échelle des nouveaux paradigmes applicatifs.

L’exploitation a son propre agenda de R&D, tant en termes d’outils que de processus, et il est bien garni. L’objectif général est de développer de nouvelles approches, et les outils qui leur sont nécessaires, afin que les métiers puissent tirer pleinement parti des potentialités du cloud.
Par exemple, l’un des enjeux clés est de centraliser les événements issus des multiples environnements et de les synthétiser en une information unique, digeste et actionnable.

3- L’exploitation est coupée des métiers et des utilisateurs finaux.

Aujourd’hui, les métiers attendent de leur IT qu’elle soit suffisamment agile pour accélérer leur time-to-market et suffisamment performante pour pouvoir garantir à leurs utilisateurs une expérience sans friction.
Dans cette perspective, la production a un rôle capital à jouer. Sans que les utilisateurs en aient toujours conscience, ils doivent aux transformations déjà accomplies par les exploitants de disposer de systèmes plus flexibles et de données IT plus intelligibles.

Notre conviction est que la production peut aller encore plus loin pour rapprocher les possibilités du cloud des besoins métiers en étant plus proactive et davantage force de proposition.
Toutefois, cette révolution culturelle ne peut s’inscrire que dans une évolution plus globale de la posture de la DSI vis-à-vis de ses clients internes.

4- L’exploitation possède des données dont elle ne fait rien.

Jour après jour, l’exploitation collecte des téraoctets de données issues des différents environnements qu’elle surveille. Elle prend de plus en plus conscience de la valeur de cette manne qui, à travers la performance et la disponibilité, décrit comment sont utilisés les systèmes et comment ils réagissent.

Ainsi, grâce notamment au machine learning, nous exploitons ces données pour développer une intelligence opérationnelle qui permettra d’aller encore plus loin dans l’optimisation et l’anticipation. Ces informations peuvent aussi apporter aux métiers un éclairage inédit et instructif sur les opérations. Par exemple, des pics de charge pourront révéler un déséquilibre organisationnel ou un manque de formation des utilisateurs.

5- L’exploitation ne propose pas des métiers très excitants.

Face aux Data Scientists, aux développeurs agiles ou aux experts de la cybersécurité, la production peut parfois donner l’impression de n’offrir que des métiers ternes et ennuyeux. Rien n’est plus faux. En effet, les équipes d’exploitation sont au cœur de la machine et ce sont elles qui en paramètrent les rouages.

Au contact de toutes les innovations, leurs compétences ne cessent de s’enrichir, que ce soit en administration de systèmes, en architecture, en développement, en management de services… L’exploitant devient un développeur d’infrastructure, chargé de prévenir et résoudre des problèmes mêlant haute technicité et enjeux métiers critiques. Et employer les technologies les plus à la pointe pour anticiper et résoudre des problèmes concrets, n’est-ce pas là précisément le désir de tout(e) informaticien(ne) ?
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Par Laurent Amouroux,
Responsable des services de production France
et Responsable de l’offre Infrastrucutre & Cloud Managed Services
Econocom