Les hackers avancent masqués pendant des mois, et les outils de sécurité regardent sans comprendre. L’observabilité redonne le pouvoir de lire entre les lignes tout en transformant le chaos des signaux en décisions claires. Indispensable pour sécuriser une approche Zero Trust !

Fin 2024, des hackers chinois ont infiltré plusieurs grands opérateurs télécoms américains, opérant discrètement dans leurs réseaux pendant 18 mois. Plus d’un million de personnes ont été affectées, y compris des cibles gouvernementales de haut niveau.

Et aucune de ces entreprises ne s’en est rendu compte.

Pourtant, elles disposaient d’outils de surveillance, de journaux, de visibilité. Et malgré cela, les attaquants ont circulé librement — preuve que la visibilité, à elle seule, ne constitue plus une protection suffisante.

Voir ne suffit pas à comprendre.

Les entreprises souhaitant mettre en œuvre une stratégie Zero Trust doivent aller au-delà des données. Il leur faut du contexte. Comprendre ce qu’il se passe, pourquoi cela se produit, et comment hiérarchiser les priorités devient essentiel.

C’est le rôle de l’observabilité, désormais clé pour construire un Zero Trust efficace dans des infrastructures modernes, complexes et en perpétuelle évolution.

Trop de données, pas assez de clarté

La cybersécurité est aujourd’hui confrontée à un paradoxe : une visibilité sans précédent, mais une clarté jamais aussi faible.

Les équipes de sécurité sont submergées par des outils qui génèrent des signaux multiples et souvent disjoints. Chaque composant – charges cloud, postes de travail, équipements réseau – fournit sa propre version des faits. Il revient alors aux équipes de reconstituer un récit à partir de fragments, espérant comprendre la situation avant que les attaquants ne la contrôlent.

L’excès d’alertes, de faux positifs, et le manque de hiérarchisation compliquent l’analyse. Tout semble urgent, mais peu de signaux sont véritablement critiques. Les systèmes mis en place alertent, mais n’expliquent pas.

C’est ici que la surveillance traditionnelle atteint ses limites. Les entreprises doivent dépasser la question du « Que s’est-il passé ? » pour répondre à « Est-ce que cela compte ? » et « Que faut-il faire ? ». Tel est le domaine de l’observabilité.

Visibilité ou observabilité ?

La visibilité répond à la question du quoi : une activité réseau, une connexion à un serveur, une authentification hors plage horaire, un processus inattendu. C’est de la télémétrie brute.

L’observabilité s’attache au pourquoi : pourquoi un serveur a-t-il initié une connexion ? Ce comportement est-il attendu pour cet utilisateur ? L’activité observée correspond-elle à une routine connue ou à une anomalie ?

L’analogie est simple : la visibilité, c’est le tableau de bord d’un véhicule – vitesse, carburant, voyants. L’observabilité, c’est ce qui explique pourquoi un voyant s’allume, la gravité du problème et l’action à entreprendre.

En cybersécurité, la compréhension est fondamentale. Elle constitue le socle du Zero Trust et un levier de résilience. C’est elle qui permet de détecter les risques en fonction du contexte et du comportement, plutôt que de réagir à l’aveugle.

Pourquoi l’observabilité est essentielle au Zero Trust ?

Le Zero Trust repose sur une compréhension en temps réel des risques. L’observabilité permet de :

* Contextualiser les comportements : les politiques de sécurité s’appuient sur des comportements attendus, et non de simples configurations. Si une application RH tente soudain de communiquer avec des systèmes sensibles, l’observabilité peut détecter l’écart.

* Identifier les anomalies : mouvements latéraux, élévation de privilèges, canaux de commande furtifs… autant de signaux faibles qui échappent à la surveillance traditionnelle.

* Accélérer les investigations : l’observabilité offre un récit clair — ce qui s’est produit, quand, comment, et ce qui est en jeu.

* Vérifier les politiques : les mécanismes de segmentation et de contrôle des accès doivent être testés et validés. L’observabilité permet d’aligner les règles avec les usages réels.

L’observabilité : un rôle proactif

Dans un monde hybride, multi-cloud, la complexité est devenue la norme. Les cyberattaquants s’adaptent plus vite, en s’appuyant sur l’automatisation et l’intelligence artificielle.

Face à cela, les défenses périmétriques et les plans d’action réactifs ne suffisent plus. Les entreprises ont besoin de capacités permettant une compréhension continue du risque, en fonction de la réalité de leurs opérations.

L’observabilité propose plus qu’un volume de données : elle fournit une intelligence exploitable. Plus qu’une alerte, elle offre une explication et une hiérarchisation.

Elle joue également un rôle proactif, en identifiant les vulnérabilités, les erreurs de configuration et les failles avant qu’elles ne se transforment en incidents. Elle constitue ainsi un levier d’amélioration continue des architectures Zero Trust.

Le Zero Trust est aveugle sans observabilité

Le Zero Trust est souvent présenté comme un parcours. Pour les entreprises, ce chemin est bien plus fiable avec un GPS dynamique qu’avec une carte statique.

C’est précisément ce que propose l’observabilité : boussole, guide et système d’alerte en temps réel. Elle s’adapte aux environnements changeants, aux menaces évolutives et aux comportements nouveaux.

Sans observabilité, les entreprises avancent à l’aveugle. Et dans l’environnement cyber actuel, l’approximation n’est plus une option.
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Par Damien Gbiorczyk, évangéliste cyber résilience chez Illumio

 

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