Au 1er trimestre 2016, Amazon a réalisé des bénéfices mais ceux-ci proviennent en grande partie de son activité cloud.

Pendant longtemps, Amazon a privilégie le gain de parts de marché sur la rentabilité. Après avoir dépassé le seuil symbolique des $100Mds de chiffre d’affaires, Amazon a dégagé des bénéfices modestes mais significatifs de 513 M$ au premier trimestre 2016 avec un chiffre d’affaires supérieur à ce qui était attendu par les analystes. Thomson Reuters par exemple avait prévu 27,98 milliards de dollars, Amazon a atteint 29,13 milliards (contre 22,72 mds au premier trimestre 2015). Du coup, après les résultats décevants (la notion de déception est ici toute relative – d’Apple, de Google, de Microsoft et d’Intel, ceux d’Amazon supérieurs aux attentes a donc fait bondir le cours de l’action qui s’est enchérie de 12 %.

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Le succès d’Amazon est indiscutable et le fruit d’un développement minutieux basé sur l’utilisation méthodique des technologies, une planification sans pareille et la mise en œuvre d’une logistique sans faille. Mais Amazon présente quelques paradoxes.

D’abord, dans un discours sous fond de mondialisation, le commerce électronique a pu donner l’illusion qu’il était une activité hors sol. Amazon qui en est le leader nous démontre bien le contraire puisque, hors AWS, son chiffre d’affaires est réalisé à 64 % dans la zone Amérique du Nord et même principalement aux Etats-Unis.

Deuxième paradoxe, Amazon connait une croissance continue et rapide depuis sa création mais n’a jamais réussi – contrairement à des pure players du Web comme Google, Facebook ou même eBay – a dégagé des bénéfices substantiels. Facebook par exemple a réalisé un bénéfice de $1,5Mds pour le seul premier trimestre 2016, trois fois plus qu’Amazon pour un chiffre d’affaires six fois inférieurs.

Le commerce électronique a connu un essor important depuis l’année 2000 mais n’a pas remplacé ce que l’on appelait il y a quelques années le « brick and mortar ». Il représente encore une part assez modeste. Aux Etats-Unis par exemple, les ventes en lignes devraient atteindre 385 milliards de dollars en 2016 (Amazon représentera donc entre un quart et un tiers de cette activité) selon le cabinet eMarketer et représenterait 8 % du commerce total.

Par rapport à l’activité de commerce électronique, AWS est une activité singulière qui se rapproche beaucoup plus à celles des autres pure players du web. Bien entendu, elle requiert des investissements considérables en matière de data centers mais est délivré des tâches logistiques d’acheminement des marchandises commandées par les clients. Pour gagner par rapport au commerce traditionnel, Amazon doit fournir un service impeccable. Son offre Prime fait partie de cette offre, est efficace mais certainement coûteuse. Les coûts de livraison ont ainsi augmenté de 42 % au premier 2016 pour atteindre $3,28Mds. Pour mieux maîtriser ces coûts, Amazon entend assurer une part de plus en plus importante des livraisons. Elle a par exemple pris en leasing 20 avions et poursuivi la robotisation de ses centres de préparation des colis.  Et à l’autre bout de la chaîne, les clients sont de plus en plus exigeants.

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Au premier trimestre, AWS a réalisé un chiffre d’affaires de 2 566 M$ soit un peu moins de 10 % du CA total mais représente près des deux tiers du résultat d’exploitation. Dans le cloud public, AWS est de très loin le leader en matière d’offre et de taille. Selon les dernières statistiques de Synergy, AWS détient plus de 30 % du cloud public alors que les trois acteurs qui suivent – Microsoft, IBM, Google – ne sont crédités que de 22 % à eux trois. Et les 20 suivants parmi lesquels Alibaba, CenturyLink, Fujitsu, HPE, NTT, Oracle, Orange, Rackspace, Salesforce, VMWare… en ont, eux, 27 %. Si la question de la sécurité est récurrente, AWS a parmi ses clients des entreprises qui montrent qu’elle peut inspirer une confiance forte. Le cloud public ne serait pas fiable. Netflix aurait-il mis la totalité de son système de diffusion de vidéos chez AWS ? Le cloud public n’offrirait pas les conditions de sécurité indispensable ? La CIA aurait-elle confiée ses données chez AWS ?

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