Attirer et retenir les Talents dans les Datacenters… Le sujet est au cœur de l’IT. Les clés du succès reposent sur la formation, la communication et une culture du recrutement à l’écoute des candidats… Déchiffrage et perspectives…

Selon une étude menée par Hays* sur les salaires 2023 en France, les métiers de la Tech représentent une majorité des offres d’emplois (39%). Ce besoin, bien que généralisé au secteur, est d’autant plus marqué pour les filières de la cybersécurité et le cloud. C’est notamment le cas des data centers où les talents se font de plus en rare. Les recrues manquent ou ne restent pas. Comment les opérateurs de data centers peuvent-ils renverser cette tendance et se rendre séduisant aux yeux de leurs nouvelles recrues ? Plusieurs pistes à envisager.

Repenser la formation

À l’origine du problème, l’apprentissage des sciences. Aujourd’hui encore, cette discipline reste extrêmement genrée, créant ainsi un déficit de candidats potentiels bien avant le post-secondaire. Le taux de femmes dans les métiers technologiques avoisine actuellement les 20% selon l’étude Gender Scan dans l’innovation. La féminisation de l’industrie représente donc un enjeu stratégique pour mettre fin à la pénurie de main-d’œuvre.

Outre ce phénomène genré, il existe un écart entre les réalités du marché et celles promues sur le banc de l’école. Selon Gail Stapleford, Directrice des Ressources Humaines chez CyrusOne, « il faut environ 4 à 5 ans pour se former aux métiers de la technologie. Or, en 4-5 ans, les technologies et besoins des entreprises évoluent. Dès lors, l’apprentissage et la formation des étudiants doivent impérativement se faire en immersion avec des modules professionnalisants, enseignés par des professionnels de l’industrie. » Cela peut également passer par le biais de stage en entreprise ou alternance. Sans actions concrètes mises en place, il y aura toujours un décalage et un délai d’insertion pour les jeunes diplômés.

Démystifier le rôle des data centers : une étape clé pour le recrutement

Pour favoriser le recrutement, les data centers doivent mettre l’accent sur l’éducation en démystifiant l’univers dans lequel ils évoluent. L’inconnu fait peur et surtout contribue à l’élévation de préjugés qui ont déjà la peau dure. Si aujourd’hui, les data centers sont indispensables pour le fonctionnement de nos sociétés, il y a une vraie méconnaissance sur le sujet.

Aashna Puri, responsable de la stratégie et du développement durable chez CyrusOne, explique que les centres de données sont méconnus du grand public. C’est d’ailleurs un sentiment qu’elle avait, au moment de sa reconversion, passant du monde de l’immobilier à celui de la tech : « Je peux comprendre ce qu’est un cloud, mais qu’est-ce qu’un centre de données ? » Lors d’un échange axé sur les métiers de la tech avec des élèves d’un centre de formation, cette dernière a fait un test plus qu’évocateur : « Seuls deux d’entre eux ont levé la main pour dire qu’ils savaient ce qu’était un data center. »

Pour les professionnels de la tech, cela veut dire qu’il faut se rendre plus accessible, aller à la rencontre des locaux, mais aussi des étudiants et personnes en phase de reconversion pour expliquer le rôle essentiel des data centers, s’engager localement pour se faire connaître et créer des relations… et surtout communiquer sur les opportunités et besoins humains de l’industrie. Toujours selon Ashna Puri, « une carrière dans ce secteur offre un véritable éventail de possibilités. C’est beaucoup plus significatif et impactant qu’on ne pourrait le croire et cela s’applique à une myriade de profils – pas seulement les plus évidents. À mes débuts, j’ai été très surprise également par les qualités et compétences nécessaires pour travailler dans ce secteur. La plupart d’entre elles peuvent être acquises dans d’autres domaines et ne sont pas propres à l’industrie, ce qui veut dire qu’une personne qui commence sa carrière a autant sa place qu’une personne en reconversion ».

Être à l’écoute des candidats

Enfin, dans ce contexte de pénurie, les recruteurs se doivent d’être également à l’écoute des candidats qui recherchent de plus en plus une meilleure qualité de vie personnelle et professionnelle avec plus de flexibilité et moins de contraintes. Si ces derniers se trouvent dans une situation de pouvoir, les recruteurs ont eux aussi quelques cartes à jouer.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette séduction ne doit pas seulement se faire par la rémunération, mais par la culture d’entreprise. Les data centers sont aujourd’hui essentiels aux sociétés modernes, ils sont – à l’image du monde numérique – en pleine croissance et offrent de nombreuses opportunités aussi bien pour les locaux que pour les collaborateurs avec lesquels ils travaillent. Les professionnels ont envie de pouvoir évoluer au sein d’une entreprise et de se voir offrir formations et possibilités d’évolution en interne. Les succès de l’entreprise doivent pouvoir être leurs.

C’est aussi valable pour les convictions. 60% des Français actifs affirment qu’ils ne postuleraient pas ou ne travailleraient pas pour une entreprise ne partageant pas leurs valeurs, même en cas de meilleur salaire. Un sentiment particulièrement important chez la génération Z (65% – Etude Linkedin). Fort de ce constat, les acteurs de l’industrie se doivent de développer leur visibilité et axe de communication pour fédérer et créer un sentiment d’appartenance.
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De Gail Stapleford, Directrice des Ressources Humaines chez CyrusOne

 

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