Les plateformes Low-Code / No-Code sont perçues comme des accélérateurs de transformation et un moyen de gagner en agilité et en rapidité dans la production de nouveaux outils logiciels et services, mais c’est aussi un levier pour lutter contre la pénurie de talents dans l’IT.

D’après la direction des statistiques du ministère du Travail, on comptait 373 100 empois vacants au troisième trimestre 2022 tous secteurs confondus – soit une hausse de 3% par rapport au trimestre précédent. Le secteur de la tech ne fait pas exception. Malheureusement, il semble y avoir peu de signes que cette tendance s’atténue malgré les difficultés économiques actuelles, une récession potentielle et les licenciements répétitifs dans le secteur.

Les entreprises qui peinent à pourvoir ces postes vacants s’exposent à un certain nombre de conséquences graves. Selon une étude du cabinet international Korn Ferry, la pénurie de compétences en France pourrait représenter une perte de revenus potentiels de 175 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 6,5% de l’économie.

En outre, cette pénurie de compétences risque de soumettre le service informatique à un stress incroyable, car il ne dispose pas de la main-d’œuvre nécessaire pour s’acquitter des tâches à accomplir.

Les entreprises ne peuvent pas se permettre d’attendre des candidats adéquats possédant les connaissances informatiques requises. Pourtant, l’équipe informatique ne peut à elle seule faire face au volume de travail. La solution consiste donc à étendre les tâches informatiques à l’ensemble de l’équipe, au-delà du service informatique, en formant les personnes non informaticiennes à l’utilisation d’outils simples low-code ou no-code.

Une solution pratique pour la pénurie de compétences informatiques

Les plateformes no-code/low-code permettent aux entreprises de donner à leurs employés les moyens de développer de nouvelles solutions rapidement et facilement. Au lieu d’attendre l’aide d’un spécialiste en informatique qui, par exemple, devrait écrire des centaines de lignes de code pour ajouter un nouveau champ de recherche à une base de données interne, les employés de tous les services de l’entreprise, sans compétences techniques ou connaissances en code, peuvent facilement le faire eux-mêmes. Cette approche permet non seulement de gagner en efficacité et d’améliorer les résultats de l’entreprise, mais elle élimine également l’obstacle que la pénurie de compétences représente pour les entreprises qui doivent faire face à des difficultés de recrutement. Au lieu de cela, les entreprises peuvent se concentrer sur le recrutement de personnes qui n’ont peut-être pas de compétences informatiques mais qui apportent d’autres compétences importantes à l’entreprise, tout en étant capables d’automatiser le flux de travail, ce qui réduit la pression sur les équipes informatiques.

L’adoption croissante de l’automatisation dans les entreprises est déjà visible, car elle devient plus accessible grâce à des outils no-code / low-code. D’aorès l’étude Work Automation Index de Workato, 66 % des organisations ont désormais cinq départements ou plus qui utilisent l’automatisation et le nombre d’organisations dont sept départements s’automatisent a presque triplé depuis 2019. Les automatisations informatiques sont tombées à 25% de tous les processus automatisés cette année, alors qu’elles représentaient près de 40% l’année dernière. Par ailleurs, 23% des automatisations ont été développeés par des utilisateurs non techniques dans des rôles d’opérations commerciales – le plus élevé de tous les persona dans les entreprises et l’informatique.

Les résultats soulignent que les équipes informatiques sont en train de devenir les créateurs d’automatisation les moins dominants. Cela démontre qu’avec les bons garde-fous, la bonne gouvernance et les bons outils en place, il est possible que les utilisateurs professionnels créent l’automatisation en toute sécurité.

L’évolution du rôle de l’informatique

À mesure que l’automatisation se généralise dans les entreprises, le rôle de l’informatique évolue, passant de la réalisation de projets à la prise de décisions stratégiques. Néanmoins, les équipes informatiques ne doivent pas se sentir déstabilisées par cette évolution, car elle rend le département encore plus précieux pour l’entreprise.

Le rôle de l’équipe informatique est de plus en plus axé sur l’accompagnement pour soutenir et encourager les collaborateurs novices mais ayant du potentiel pour apprendre ces compétences. Il s’agit de leur fournir des formations, des conseils et les meilleures pratiques – tout le soutien nécessaire pour s’assurer qu’ils tirent le meilleur parti de l’automatisation et qu’ils puissent l’utiliser efficacement et en toute sécurité.

Le service informatique doit s’associer aux employés et être ouverte à l’adoption, au lieu de tout garder au sein du département informatique. Dans ce modèle, le service informatique peut devenir un partenaire stratégique de l’entreprise et les projets peuvent être co-créés. De fait, il peut toujours gérer les nouveaux projets, tandis que l’entreprise devient responsable de leur exécution.

Regarder vers l’avenir : Pourquoi les entreprises doivent écouter TOUS les employés

En général, la décision d’utiliser une ou plusieurs plates-formes no-code/low-code revient aux responsables informatiques décisionnaires, tels que le CIO ou le CTO. En revanche, les chefs de service sont moins souvent interrogés sur leurs besoins. Toutefois, en ce qui concerne les processus internes, les outils no-code/low-code sont le plus souvent utilisés pour effectuer des ajustements au niveau du département ou du secteur.

Il en va de même pour la mise en œuvre. Ici aussi, ce sont encore principalement des experts en informatique ou des développeurs internes qui sont autorisés à développer des projets no-code/low-code et à procéder aux adaptations correspondantes. Les employés qui ne disposent pas des connaissances préalables appropriées, en revanche, se voient interdire l’accès dans la plupart des cas. Compte tenu de cette divergence, il n’est pas surprenant que, dans la pratique, il y ait encore une grande marge d’amélioration et que ceux qui pourraient bénéficier du développement no-code/low-code dans le travail quotidien puissent se sentir frustrés par le statu quo.

Le potentiel que les outils no-code/low-code offrent aux entreprises ne peut se déployer pleinement que si ceux qui jonglent avec les données au quotidien sont écoutés – et il ne s’agit pas seulement du service informatique, mais aussi de départements tels que les RH, le marketing, les ventes ou encore les achats.

Même de petits ajustements aux systèmes existants peuvent faire une énorme différence. Cependant, le département informatique, dont l’expertise est nécessaire pour cela, est bien trop lent pour répondre à ces besoins. Il faut souvent des semaines, voire des mois, pour que la petite équipe d’experts en informatique trouve le temps de traiter les différentes commandes. Les plateformes no-code/low-code peuvent permettre aux employés de résoudre eux-mêmes leurs problèmes à la place, ce qui augmente encore la productivité.

Le potentiel du low-code/no-code est loin d’être épuisé. À mesure que de plus en plus d’entreprises l’adopteront dans tous les services, elles verront de première main comment il peut faciliter et accélérer les processus, tout en réduisant la pression sur les équipes informatiques et les facteurs de stress liés à l’embauche, provoqués par la pénurie de compétences.
___________________

Par Carter Busse, CIO de Workato

 

À lire également :

Le marché Low Code devrait croître de 20% en 2023 selon Gartner 

Les technologies « Low Code/No Code » pour une gestion agile des données

Comment optimisez la performance des processus (RPA, Low Code, BPA,..)

Le low code participe avec succès à la transformation de la relation métiers/DSI

Low code et ivresse des sommets technologiques