La migration vers le cloud apparaît indéniablement comme une stratégie clé pour de nombreuses entreprises dans le but d’optimiser la sécurité, la flexibilité et la résilience de leurs applications. Le cloud constitue l’un des composants essentiels de la transformation numérique de l’entreprise.

Dans cette transition vers le cloud, les entreprises se posent de nombreuses questions sur les stratégies à adopter, les étapes de la migration et le choix des fournisseurs. Mais déjà, près de la moitié des décideurs informatiques ont l’intention de lancer un projet de migration vers le cloud dans les six prochains mois.

Un constat particulièrement tangible à la lumière de la pandémie mondiale, qui rappelle à de nombreuses entreprises que la rapidité de mise en œuvre est cruciale. Dans cette situation toute particulière, la migration vers le cloud des entreprises a-t-elle eu le vent en poupe ou au contraire a-t-elle été retardée ?

Une migration avortée par la pandémie

C’est un fait, face aux nombreuses restrictions sanitaires, dont le confinement a été l’une des principales manifestations, nombre d’entreprises ont été contraintes de reporter leur migration vers le cloud. Les acteurs du secteur informatique s’étaient préparé à un tel retard, invoquant les répercussions économiques dues à la crise sanitaire. En revanche, l’année 2020 n’a pas pour autant laissé de côté cette tendance. Si bien qu’en cas de retour à la « normale », on peut s’attendre à une exigence croissante de flexibilité et de résilience des entreprises, et donc à une accélération des projets de migration vers le cloud. Cette accélération ne montre même aucun signe de ralentissement, le marché mondial du cloud computing devrait atteindre 295 milliards de dollars d’ici 2021, soit une croissance de 12,5 % par rapport à 2019.

L’accélération des projets d’informatique dématérialisés sera en partie déterminée par le degré d’avancement des entreprises dans leur transformation numérique. Pour celles qui ont déjà adopté des plates-formes et des systèmes basés sur le cloud, ce changement sera assez naturel. Pour celles qui s’appuient sur les infrastructures existantes, le passage au travail à distance peut au contraire rencontrer d’importants obstacles.

La sensibilisation croissante du public à la capacité d’une entreprise à répondre à l’évolution des besoins en matière de service à la clientèle, de travail à distance et de résilience de la chaîne d’approvisionnement peut entraîner une accélération de la migration vers le cloud. Avec l’impact économique prolongé de la pandémie, les entreprises chercheront en effet à faire des économies, dont la migration pourrait être une composante.

Un autre facteur dont les entreprises devront tenir compte est la remise à niveau de leur infrastructure. Alors qu’elles sont nombreuses à s’être empressées de s’adapter au travail à distance et à l’utilisation de solutions collaboratives, la rationalisation de l’infrastructure et la prise en compte de la sécurité informatique n’ont pas nécessairement été examinées dans leur intégralité. Cela signifie que les entreprises devront réévaluer l’aspect de leur « nouvelle infrastructure » et l’optimiser.

L’évolution des tendances de consommation aura enfin une incidence sur la dynamique choisie, car les locaux physiques pourraient devenir moins prioritaires en raison de l’accent mis sur les interactions en ligne. Le trafic vers les sites sera également un facteur, si les charges de travail actuelles peuvent être assumées par l’infrastructure de réseau déjà existante.

Les entreprises ont déjà commencé à donner la priorité à la migration des « fonctions orientées client » vers le cloud et on peut s’attendre à ce que cette tendance se poursuive. En fin de compte, l’adoption du cloud continuera à se développer à mesure que les entreprises adopteront la flexibilité et la facilité d’accès à distance, sous l’impulsion des défis actuels qui certes avortent la migration effective mais imposent la mise en place de solutions permettant de combler le retard occasionné. Le multi-cloud en est un exemple.

Le multi-cloud, une machine à rattraper le temps perdu

Derrière cette migration collective vers le cloud, une autre tendance se dessine, l’adoption d’une architecture multi-cloud, qui permet aux entreprises de séparer leurs flux de données et leurs fonctions critiques en différents composants, via plusieurs services cloud conçus par une série de fournisseurs. Parmi les entreprises qui ont déjà intégré le cloud dans leur architecture, une grande majorité ont adopté une approche multi-cloud. Mais quels en sont les principaux avantages dans le contexte actuel ?

* Moins de risques : le souci de la sécurité et du risque est un facteur essentiel pour les entreprises. Dans le cas où un fournisseur de services cloud est compromis, disposer d’un environnement multi-cloud garantit que les composants des autres services cloud restent accessibles et opérationnels. Les services informatiques peuvent alors déplacer leur charge de travail compromise vers un autre environnement sans aucune perte de données ;

* Possibilité de négociation avec plusieurs fournisseurs : les environnements multi-cloud nécessitent généralement plusieurs fournisseurs, ce qui signifie qu’il existe une possibilité de négociation. Il en résulte des avantages financiers, ainsi que davantage de flexibilité et de résilience ;

* Conformité : L’un des principaux avantages du multi-cloud réside dans sa capacité à se conformer à des normes et à des réglementations qui varient selon les localisations géographiques des infrastructures, telles que le RGPD ;

* Dépendance à l’égard des applications : des solutions basées sur le cloud peuvent être requises ou spécifiées par l’entreprise dans des domaines fonctionnels clés (par exemple, la gestion de la relation client ou la chaîne d’approvisionnement). Ce qui conduit souvent à des stratégies multi-cloud dans l’ensemble de la pile technologique ;

* Vitesse : l’approche multi-cloud augmente significativement la vitesse à laquelle les projets sont développés.

Le multi-cloud peut ainsi contribuer à accélérer les migrations avortées du fait de la pandémie. Cependant, il n’est pas sans risque. L’importance de la connectivité entre fournisseurs est en effet cruciale. Combiner la migration vers le cloud avec une connectivité privée s’avère donc souvent essentiel, afin de bénéficier des avantages de la flexibilité du multi-cloud, d’une sécurité renforcée et de performances optimisées. Autrement dit, la connectivité doit être au cœur de la migration des entreprises vers le cloud.
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Par Sarah Hachi-Duchêne, Directrice France de Colt Technology Services