Véritable allié de tous lors de la crise du Covid-19, les services réseau haut débit doivent être désormais assurés sur l’ensemble du territoire français, à l’heure où l’incertitude règne sur l’organisation du travail.
Politiques, chefs d’entreprise, experts, observateurs… Ils ont été légion à conceptualiser le fameux « monde d’après », supposé répondre aux multiples défaillances mises en lumière par la pandémie de Covid-19. Et même si les entreprises sont tributaires d’annonces gouvernementales qui tantôt enrichissent, tantôt allègent les réglementations sanitaires, un état des lieux en France peut toutefois être dressé, sur les faiblesses techniques constatées durant le confinement mais également sur les armes pouvant permettre de maintenir la pérennité de l’activité en des temps plus qu’incertains.
L’une de ces armes a été les services réseau, qui ont aidé plus de 5 millions de salariés du secteur privé de travailler à distance en toute sécurité. Dans ce contexte, les réseaux télécoms ont tenu, non sans difficulté. D’où la nécessité de choyer cet outil. Car au-delà des promesses de la fameuse 5G, le « monde d’après » est avant tout le déploiement général et concret de technologies réseau qui font déjà leurs preuves, mais qui restent inaccessibles pour une part non-négligeable du territoire français. Or, la crise du coronavirus introduit de nouvelles dynamiques qui imposent d’autant plus la garantie d’accès à un réseau performant partout en France.
La généralisation du télétravail rabat les cartes
Observé depuis quelques mois, le saut qualitatif majeur vers une culture du travail à distance est susceptible, à terme, de modifier le mode de vie des Français et leur répartition géographique sur le territoire national. Paris, capitale dominée par une économie tertiaire, est la principale concernée par un changement de paradigme dont on a pu percevoir quelques prémices avant le confinement, alors que plus d’un million de Parisiens sont partis en « exode » rejoindre leurs proches ou leur maisons secondaires. La sortie du confinement, après deux mois d’un télétravail pratiqué en masse, confirme cette tendance. Selon la dernière enquête de « Paris Je Te Quitte« , réalisée en mai 2020, le nombre de personnes qui se disent prêtes à quitter la capitale au plus vite pour s’installer en région a bondi de 16 points en quelques semaines, passant de 38% à 54%.
Si l’épisode du Covid-19 n’a fait qu’inviter le télétravail à s’implanter durablement dans la culture des entreprises concernées, il est alors évident que l’impact sur les Français et leurs désirs de mobilité n’en sera que renforcé. Cette décentralisation de la population depuis Paris vers la province soulèvera des enjeux considérables pour un pays aussi centralisé que la France. Parmi ces enjeux, le réseau est un facteur de premier ordre, puisqu’il est la substantifique moelle sans laquelle le travail à distance serait tout bonnement impossible à mettre en place. Or, l’ensemble du territoire français est-il paré pour cela ?
Équiper les zones rurales : une urgence
Car c’est bien là où le bât blesse. Tous les territoires ne sont pas égaux en matière de connectivité, loin s’en faut. Selon ZoneAdsl, en France au 1er trimestre 2020, 99,5% des logements français ont accès à internet. Mais près de la moitié d’entre eux n’ont pas accès à une connexion performante. Pour preuve, le très haut débit n’est pas encore un acquis. Seuls 68,4% des logements français sont éligibles au Très Haut débit (>30 Mbit/s) et 52,9% au réseau de fibre optique.
Les zones peu denses, voire blanches, qui concernent 18 % de la population française, subsistent et sont encore loin de posséder une connexion de qualité suffisante pour bénéficier des droits – et non plus des avantages – de la révolution numérique. Il convient alors de rassembler les différentes parties prenantes telles que les fournisseurs, les opérateurs télécoms, le gouvernement, les autorités locales et les entreprises afin de remédier au problème.
Ceci explique la récente déclaration du secrétaire d’État au numérique Cédric O lors des États généraux des Réseaux d’initiative publique (Rip), qui estimait que le déploiement de la fibre optique en France, déjà « urgent » avant la crise sanitaire, « l’est encore plus aujourd’hui ». Le télétravail, l’école à domicile, chômage partiel et les loisirs ont en effet entraîné une explosion des usages professionnels et de la consommation personnelle telles qu’elle a mis en péril la résilience des réseaux, particulièrement dans des zones rurales pauvres en connectivité et équipement. Le cap du gouvernement français reste donc plus que jamais de couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit d’ici 2022 et de généraliser la fibre optique à l’horizon 2025. L’enveloppe de 280 millions d’euros supplémentaires en vue de démocratiser la fibre, débloquée par le gouvernement avant même le confinement, incarne cette volonté d’en finir au plus tôt avec ces disparités numériques. Et les événements récents n’ont fait que confirmer cette impérieuse nécessité.
De tels enjeux n’empêchent nullement la plupart des observateurs de n’avoir d’yeux que pour la 5G, nouveau cap vers un niveau de connectivité stratosphérique. Pourtant, seule, elle ne peut participer à la lutte contre la fracture numérique, alors même qu’on sait que d’autres technologies réseau concrètes font déjà leurs preuves et peuvent permettre de réduire cette fracture – si tant est qu’on s’y intéresse.
Déployons les technologies réseau que nous maîtrisons déjà !
La 5G n’est pas seule : d’autres technologies réseau telles que le SD-WAN et les services à la demande font déjà leurs preuves incarnent autant d’outils réseau essentiels face à l’évolution de l’organisation du (télé)travail. En revanche, toutes doivent prendre appui sur une infrastructure à fibre optique.
En particulier, le SD-WAN jouit d’une popularité sans précédent ; l’été a confirmé cette tendance de fond, alors que bon nombre d’entreprises tentaient tant bien que mal de maintenir, durant le confinement, leur activité par un recours massif au télétravail. Et la rentrée ne semble guère entamer cette dynamique, puisque de nombreux opérateurs télécoms ont mis en place des solutions SD WAN pour leurs clients.
Véritable star du télétravail, le SD WAN vise à pousser des modèles de services préprogrammés et testés vers tous les sites d’un réseau, s’adaptant ainsi rapidement à l’évolution des besoins de l’entreprise. Les fonctionnalités associées répondent ainsi rapidement au changement de la demande en services réseau que connaissent les entreprises à l’échelle mondiale, sachant que ces dernières doivent constamment s’adapter aux recommandations sanitaires qui évoluent chaque semaine. Dans ce contexte, le SD WAN permet aux entreprises de bénéficier de nombreux avantages en matière d’agilité métier et de faire face à l’explosion de la demande en bande passante en combinant des connexions de données dédiées avec des liens à haut débit peu onéreux au sein de leur vaste réseau.
Associé à une connectivité à la demande et en temps réel (dite on demand), le SD WAN marque donc une véritable percée pour une connectivité flexible, évolutive et rentable entre les data centres, les fournisseurs de services cloud et les lieux de travail – qu’ils soient au bureau ou à domicile. D’autant que l’adaptation et la régulation d’une bande passante en fonction des besoins d’une entreprise relèveront d’un enjeu économique crucial pour les entreprises au cours de prochaines années placées sous le signe d’une crise économique majeure.
En revanche, aucune de ces solutions ne peuvent être mises en œuvre sans l’infrastructure réseau appropriée. Dans cette perspective, la fibre optique s’impose comme la clé de voûte permettant de panser une fracture numérique que ni la 5G, ni le SD WAN peuvent réduire seuls. Car l’urgence première concerne bel et bien le déploiement de la fibre, qui doit non seulement répondre aux objectifs fixés par le Plan Très Haut Débit pour 2025, mais surtout permettre à ces services de se développer sereinement sur l’ensemble du territoire français. C’est pourquoi les opérateurs doivent investir massivement dans les réseaux de fibre optique à très haut débit. Ainsi, sans une fibre optique de qualité et répartie équitablement sur tout le territoire, le SD WAN, les services à la demande ou la révolution 5G n’auront d’égales que les disparités géographiques qu’elles alimenteront.
Nul ne sait encore quels seront les contours du « monde d’après ». Mais une chose est certaine, le Covid-19 symbolise l’accélération d’une transformation dématérialisée des modes de vie. Le télétravail de masse en est un exemple criant. La mobilité accrue que ces changements induisent imposent donc de venir à bout de la fracture numérique actuelle. Pour ce faire, des technologies réseau existent et méritent d’être utilisées à leur plein potentiel. Car la 5G n’est que l’arbre qui cache la forêt…
Par Sarah-Hachi Duchêne, Directrice France de Colt Technology Services