La principale critique généralement exprimée à l’encontre des systèmes d’Enterprise Resource Planning – ERP – est qu’il s’agit de logiciels monolithiques et généralistes : des suites applicatives bourrées d’outils et de fonctions, conçues pour répondre à quasiment n’importe quel besoin d’entreprise, et affichant une interface utilisateur uniforme pour une apparence normalisée. Quelle que soit la tâche à accomplir, l’ERP a ce qu’il vous faut.

Mais ce qu’il n’a pas, dans la plupart des cas, ou à moins d’avoir procédé à des adaptations coûteuses, c’est la spécificité et la personnalisation, et en règle générale, il n’existe aucune caractéristique ou fonctionnalité dédiée à un secteur industriel donné. Cette lacune entraîne une expérience utilisateur décevante et énormément de temps et d’efforts perdus.

Mais les ERP nouvelle génération sont complètement différents, avec des services cloud développés sur mesure pour répondre à des cas d’usage précis et à des marchés verticaux spécifiques afin que les employés, c’est-à-dire l’actif le plus important de n’importe quelle organisation, puissent déployer tout leur potentiel et se concentrer sur la valeur ajoutée plutôt que de se battre avec un logiciel récalcitrant.

L’ERP apprend à refléter les  nouvelles d’habitudes des utilisateurs

D’une certaine façon, il s’agit d’un exemple de plus de la consumérisation de l’IT, et de la façon dont le monde B2B apprend du B2C. Les assistants numériques comme Alexa font partie du quotidien pour rester informés de l’actualité, écouter de la musique, ou exécuter des tâches simples comme le rappel des courses hebdomadaires. Ces fonctionnalités font maintenant leur apparition dans notre vie professionnelle grâce aux ERP qui nous aident à exécuter des tâches administratives rapidement et efficacement où que nous soyons. En rendant les systèmes proactifs et évolutifs, il est possible de créer des applications qui ne sont plus seulement génériques mais deviennent vraiment conversationnelles. Il en résulte un ERP expert, personnalisé et propice à une utilisation à distance qui permet aux utilisateurs d’être plus productifs, épanouis, et loyaux envers leur employeur.

La productivité peut être accélérée en concevant une solution sur mesure, adaptée aux modèles industriels, un système qui intègre des connaissances spécifiques du secteur ainsi que ses bonnes pratiques. En fin de compte, il s’agit de codifier un héritage de savoirs afin que des modèles opérationnels sophistiqués puissent être générés d’un simple clic pour des centaines d’actions communes à différents secteurs. Une telle approche permet en outre d’éliminer d’autres aspects rébarbatifs des ERP : complexité, coûts élevés, et déploiements à rallonge.

L’ERP est dorénavant individualisé par type d’activité – du commerce à la fabrication en passant par la santé ou tout autre secteur majeur. Une assistance est intégrée pour les processus reconnus comme nécessaires, rendant superflu le recours à des consultants externes pour l’ajout de nouvelles fonctions.

Mais ce n’est pas tout, car le nouvel ERP va bien au-delà d’une simple conformité avec des modèles industriels. L’interface utilisateur a été repensée pour éliminer les menus à rallonge et les structures complexes d’antan et pour afficher une IU conversationnelle qui propose non seulement des assistants numériques, mais aussi un haut niveau d’automatisation et un recours intensif à l’IA et au machine learning. Ensemble, ces éléments permettent d’exécuter le plus gros des tâches répétitives, et les utilisateurs n’auront plus qu’à approuver les actions suggérées. Par exemple, la facturation intelligente pourra utiliser le machine learning pour analyser la façon dont les factures étaient traitées par le passé et automatiser ce processus ; il ne restera plus à l’utilisateur qu’à approuver la dernière étape.

L’IA et le machine learning, associés aux analyses prédictives, seront deux des principaux moteurs du nouvel ERP. Aujourd’hui, nous voyons l’IA interagir avec des composants dans des processus d’automatisation assez simples, mais à l’avenir, cette technologie sera appliquée à plus vaste échelle afin de surveiller n’importe quel élément en mouvement et d’éliminer les corvées de routine.

Ouvrir l’ERP

Le nouvel ERP va également permettre aux entreprises et à leurs partenaires de créer plus facilement des applications et des fonctions complémentaires grâce à des API ouvertes dans le cloud, à des environnements de développement low-code, et à des kits d’extension. De cette façon, l’ERP pourra évoluer pour exécuter une multitude de tâches, de la traduction en d’autres langues de sa propre architecture à l’intégration avec un système CRM ou un calendrier personnel. Les entreprises bénéficieront ainsi d’un rythme d’innovation accéléré et ne seront plus dépendantes ou liées contractuellement à un seul fournisseur : elles auront la possibilité d’accéder à des outils de pointe à la carte.

Une intégration simplifiée sera également rendue possible grâce à un autre changement majeur qui se profile sous la forme des microservices. En concevant l’ERP sur la base d’ensembles de codes compacts, il sera plus aisé de faire des mises à jour et des améliorations. Cela signifie aussi moins de tests, moins de risques que les compléments créent des problèmes de dépendance, et des réparations plus rapides.

Le futur sera mobile

La mobilité est un autre aspect majeur à prendre en compte afin que l’ERP puisse être exécuté sur n’importe quel appareil, et que des actions toutes simples, comme remplir un formulaire de remboursement de frais, se réalisent de façon fluide sur une tablette ou un téléphone. À l’ère du Covid, nous avons redoublé d’efforts pour soutenir les télétravailleurs, et l’architecture cloud y a grandement aidé.

À l’avenir, l’ERP deviendra encore plus intelligent grâce à la détection contextuelle qui lui permettra de prendre des décisions éclairées à notre place. La perception du lieu aura certes son rôle à jouer, mais il pourrait aussi y avoir un composant émotionnel avec la détection de l’humeur d’après la reconnaissance faciale ou vocale, ou sur la base de l’analyse d’un texte ou d’une action qui prend trop de temps à être exécutée ou qui doit l’être de façon répétée. Plus sensible, le nouvel ERP saura comment interagir avec son compagnon humain, il pourrait même lui demander s’il a besoin d’aide ou lui suggérer une approche différente.

Le nouvel ERP est à des années-lumière de l’ancien ERP. Le logiciel monolithique a cédé sa place à des applications composites peu centralisées. Les projets sur dix ans et les heures facturables à n’en plus finir appartiennent au passé. Axé sur l’humain, l’ERP de demain s’écrira avec un ‘E’ qui signifie expérience et non plus entreprise.
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Par Claus Jepsen, directeur technique, Unit4