Levier fondamental d’agilité et d’innovation le cloud subit lui aussi les effets de l’inflation et de l’explosion des tarifs énergétiques. Quelles stratégies mettre en œuvre pour anticiper les pièges financiers d’une migration vers le cloud (move-to-cloud) et pourquoi faut-il des compétences spécialisées pour optimiser chaque aspect de l’investissement dans le cloud ?

Le cloud est une solution incontournable pour faciliter et accélérer l’innovation au sein des entreprises. Avec l’augmentation des tarifs du cloud, notamment liée aux coûts de l’énergie, la fine maitrise des budgets est un impératif. Pour éviter toute mauvaise surprise sur ce plan, il faut être précis sur le mode opératoire du projet de migration et utiliser au mieux les possibilités d’optimisation financière offertes par le fournisseur de services Cloud. Pour atteindre cet objectif, disposer des bonnes compétences est indispensable.

Anticiper son move-to-cloud pour mieux répondre aux besoins

La majeure partie des entreprises ont entamé leur move-to-cloud il y a quelques années. Cependant, elles réalisent peu à peu que la migration ne s’est pas forcément faite de façon optimale. Nombre d’entre elles ont privilégié la facilité et la rapidité en ne faisant que dupliquer leur infrastructure existante pour que la baisse des coûts suive alors qu’en procédant ainsi, les coûts s’envolent du fait de coûts souvent sous-estimés tels que les coûts de flux réseau sortants (egress) par exemple. Un projet de move-to-cloud est l’occasion de se poser les bonnes questions application par application : l’application est-elle sécurisée, résiliente ? Va-t-elle bénéficier du cloud ? Sous quelles conditions ? Que dois-je faire pour remplir ces conditions compte-tenu de mes contraintes techniques, légales et financières ? On sait par exemple que les données de plus de deux mois sont principalement exploitées par des traitements batch qui ne requiert pas forcément le même niveau de performance que des accès interactifs. Des stratégies de hiérarchisation de la data ont un impact financier sensible et doivent donc être anticipées. Les machines virtuelles (VM) utilisées par de nombreuses applications sont aussi un bon exemple : il faut les arrêter quand celles-ci ne sont pas utilisées et les relancer quand elles le sont de manière à n’être facturé que sur les périodes où elles sont nécessaires. Les fournisseurs de services Cloud disposent de mécanismes pour réaliser ceci pour peu que l’on maîtrise leur technologie. Il est impératif d’intégrer une nouvelle dynamique pour qu’une fois le changement réalisé, les économies soient au rendez-vous sous peine d’être déçu. Le cloud est un vecteur d’innovation, qui offre une agilité, une flexibilité sans précédent et une capacité à explorer des nouveautés (Intelligence Artificielle, Data Lakes, Quantum, etc) sans engager de fortes sommes, si tant est qu’il soit utilisé correctement.

Cette création de valeur s’avère incontournable pour rester compétitif face à la concurrence.

Pour tirer toute la quintessence des services offerts par cloud il faut s’équiper de profils très recherchés, qui connaissent les services cloud, les structures de coûts, la meilleure manière d’articuler des services pour aider les entreprises à maitriser leurs budgets IT.

Des compétences rares pour bénéficier du plein potentiel du cloud

Les compétences nécessaires à un move-to-cloud réussi sont souvent sous-estimées. De surcroît, un large spectre de compétences doit être considérées, du technicien ayant une forte connaissance des services cloud au directeur de production en passant par l’architecte et le directeur financier. Pour se doter de ces profils, on peut, soit former nos professionnels en place, soit en embaucher, soit se tourner vers les hyperscalers ou bien des Entreprises de Services Numériques (ESN) qui ont beaucoup investis dans ce type de profils via des programmes de certification hyperscaler.

Disposer d’une tour de contrôle pour superviser les coûts et utiliser au mieux son budget IT est aussi un impératif. A ce titre une équipe FinOps joue un rôle essentielle puisqu’elle observe le niveau d’utilisation des ressources, vérifie l’adéquation au regard de l’usage réel, avise et propose des évolutions potentielles. Cette équipe permet non seulement de réduire les coûts mais aussi d’impulser les bonnes transformations aux applications. On observe que pour chaque euro investi dans une structure FinOps, on économise 1,5 à 5 euros suivant le niveau de maturité FinOps d’une entreprise. Notons qu’il s’agit là d’une activité permanente qui permet aussi d’éviter des déviations budgétaires. Le déploiement d’un tel dispositif requiert souvent l’aide d’une entreprise ayant une forte expérience en la matière, pour adopter la bonne organisation, les bonnes pratiques et le bon accompagnement à la transformation qui s’apparente à l’adoption d’une nouvelle culture.

Pour des raisons de sécurité ou de conformités à une régulation propre à une industrie, il peut être impossible de placer des applications dans le cloud. La plupart des entreprises ont ainsi adopté un modèle hybride avec des applications localisées dans le cloud et des applications dîtes on-premise (ou in-house). Ceci nécessite de disposer de profils avec une forte connaissance des notions liées aux flux entre le cloud et le on-premise pour ne pas compromettre la sécurité de l’entreprise.

L’éco-conception, nouvel impondérable

Il est important de se demander en amont de tout projet move-to-cloud ce que le cloud permettra à mon entreprise de faire que je ne peux pas faire en l’état ? Au-delà de l’aspect financier, le cloud donne aussi l’opportunité aux entreprises d’intégrer l’éco-conception au sein de leur réflexion dans le but d’optimiser leur empreinte carbone. La déperdition énergétique est un enjeu planétaire majeur dans lequel chacun d’entre nous et notamment les entreprises ont un rôle à jouer. Le fait de réorganiser les systèmes informatiques, de les concentrer dans moins de centres de données, en faisant bon usage des fournisseurs de services cloud, participe à cette économie énergétique et par la même occasion, budgétaire. Il est inconcevable aujourd’hui d’envisager un move-to-cloud sans éco-conception. Les hyperscalers publient de plus en plus d’information dans ce sens dont il faut faire bon usage.

Face au ralentissement de l’économie et aux défis qui l’accompagnent, les contraintes des DSI s’amplifient et les besoins de l’entreprise continuent d’évoluer. Rappelons que l’IT est au service des « métiers ». Le cloud est sans aucun doute la solution la plus évolutive et la plus adaptable pour répondre aux enjeux des entreprises. Toutefois elle induit un niveau de complexité qui nécessite de se poser les bonnes questions et d’être accompagnés par des équipes compétentes pour définir la bonne trajectoire. Avec une vision multisectorielle et des équipes pluridisciplinaires, les ESN connaissent bien ses mécanismes et ses interdépendances. Dans le climat actuel et le manque de perspectives, elles paraissent les mieux placées pour aider les entreprises à piloter leurs projets de transformation tout en maîtrisant leurs budgets.
____________________________

Par Hervé Durand, Vice President and Distinguished Engineer chez Kyndryl

 

À lire également :

« Kyndryl est le spécialiste du monde hybride et le premier opérateur de cloud privé au monde »

Trois bonnes pratiques pour améliorer son infrastructure cloud

Kyndryl annonce de nouveaux services cloud

« La réponse à la complexité du ‘move to cloud’, c’est l’automatisation »