L’Internet des objets intégré au secteur industriel (IIoT) renvoie à l’utilisation de capteurs interconnectés en réseau et de logiciels avec de machines lourdes. Encore méconnu, il trouve sa place dans la 4ème révolution industrielle, qui implique l’informatisation des machines et l’automatisation grâce à la robotique, ainsi que la mesure intelligente et l’analyse de données. L’objectif étant pour les industriels d’identifier de nouvelles sources de revenus ou d’économie grâce à la production de données que l’on peut exploiter pour optimiser les dépenses, perfectionner les services et doper le chiffre d’affaires, le tiercé gagnant pour une entreprise.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Des sources indépendantes prévoient que les investissements dans l’IIoT au niveau mondial atteindront 500 milliards de dollars en 2020. Les entreprises introduisant l’automatisation et plus de flexibilité sur leurs chaînes de production peuvent enregistrer des gains de productivité allant jusqu’à 30 %. En outre, la maintenance prédictive des équipements peut leur faire économiser jusqu’à 12 % sur les réparations programmées, réduire les coûts globaux de maintenance de jusqu’à 30 % et éliminer les pannes de 70 %.

Le casse-tête de l’interopérabilité

Utile ne rime pas toujours avec facile. L’un des principaux freins à la mise en œuvre de l’IIoT est le manque d’interopérabilité entre des équipements et machines employant différents protocoles et présentant différentes architectures. Si la théorie de l’IIoT se justifie parfaitement d’un point de vue économique, dans la pratique, l’interconnexion de systèmes informatiques existants est de plus en plus complexe et coûteuse car les technologies opérationnelles actuelles fonctionnent dans une large mesure sous forme de silos, tandis que la durée de vie typique des équipements industriels physiques est prévue sur le long terme.

L’utopie de l’IIoT est un écosystème numérique entièrement fonctionnel, avec un partage transparent des données entre les machines et d’autres systèmes physiques provenant de différents fabricants. Alors que des travaux sont en cours pour aller vers une interopérabilité ouverte et le développement d’architectures communes, notamment au sein de l’Industrial Internet Consortium (une association à but non lucratif), les industriels se priveront d’un avantage concurrentiel s’ils attendent pour agir que l’environnement parfait soit en place.

Le rôle de l’architecture ouverte et la nouvelle réponse des applications web

Pour résoudre en partie ce casse-tête et exploiter au maximum l’opportunité de l’IIoT, des entreprises comme Apple et Google offrent des écosystèmes d’appareils connectés à Internet. Mais il s’agit d’écosystèmes fermés limitant les échanges de données entre des équipements de marques différentes.

Si l’IIoT doit véritablement fonctionner et stimuler l’innovation, il ne saurait se confiner à quelques écosystèmes fermés bénéficiant d’un contrôle sans précédent sur le rythme de son évolution et dictant ses progrès à leur avantage. En outre, la plupart des industriels sont équipés de systèmes qui recouvrent plusieurs de ces écosystèmes fermés. C’est ici qu’intervient l’argument en faveur du développement de nouveaux systèmes IIoT avec des technologies ouvertes au sein d’une architecture ouverte, à commencer par le développement des applications IIoT.

Le choix d’écosystèmes fermés a toujours été motivé par la supériorité des fonctionnalités et des performances des applications natives par rapport aux applications web. Or il est désormais possible de réaliser des applications web utilisables sur le bureau des ordinateurs mais aussi sur les plates-formes mobiles iOS et Android. Grâce à de nouveaux frameworks technologiques ouverts tels que NativeScript et React Native, les développeurs n’ont plus à encapsuler leur logique métier dans des plates-formes d’écosystèmes propriétaires et sont libres de concevoir des applications IIoT fonctionnant sur différents systèmes et capables de partager des données entre tous.

Les systèmes ouverts doivent être sécurisés

Nous savons que la sécurité des données et la protection de vie privée font partie des principaux enjeux du développement des applications pour l’Internet des objets, en particulier face au nombre croissant d’obligations réglementaires auxquelles elles doivent se conformer. Les défis en matière de sécurité ne vont faire que s’accentuer en raison de la plus grande vulnérabilité des architectures ouvertes. Cependant, « ouvert » ne veut pas nécessairement dire « ouvert aux menaces ». Cela nécessite un plan d’action pour les sécuriser sans compromettre leur vocation qui est de favoriser la collaboration et le partage d’informations.

Afin d’éviter le piratage de données ainsi que le préjudice qui en découle sur le plan financier et en termes de réputation, les développeurs doivent veiller à mettre en place un cryptage efficace à tous les niveaux, depuis les bases de données dans leur intégralité jusqu’à chacune des tables. Ainsi la collaboration pourra se dérouler sans risquer de laisser des données sensibles exposées à un accès illicite ni nuire aux performances globales du système. Il importe également que les développeurs puissent bénéficier de la flexibilité dont ils ont besoin pour répondre aux exigences spécifiques de sécurité en cryptant les objets qui le nécessitent.

Ouverture à tous

Les prés carrés que certains acteurs tentent de se ménager représentent probablement la plus grande menace pour le succès de l’IIoT. Si les industriels veulent mettre à profit et accélérer leur propre transformation numérique pour générer de nouveaux modèles économiques, marchés et revenus, ils doivent s’intéresser de plus près à des technologies ouvertes et sécurisées, et commencer à innover dès aujourd’hui en faveur de l’IIoT.

 

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Mark Armstrong est Vice-président et Directeur général EMEA de Progress