« Pour les habitués, ce sont des mots banalisés mais pour les utilisateurs et informaticiens sans passion pour les télécoms, ils ont le chic pour apparaître comme un jargon prétentieux. Un vocabulaire qui n’est pas sans rappeler celui du médecin Diafoirus dans la pièce de Molière «  le malade imaginaire ».

Dans le métro de Barcelone, durant le salon MWC 2015, on a pu entendre de véritables phrases surréalistes parfois incompréhensibles et qui semblaient raisonner comme des refrains de chansons anglaises amusantes. Ainsi : « Depuis que les MVNO se mettent à relayer les services OTT, les opérateurs mobiles (les MNO) ne rêvent que de solutions NFV pour réduire leur Opex et leur Capex. »

Les exemples (à ne pas confondre avec les « Ximple » –  abruti en catalan) ne manquent pas.

En entendant ce type de discours un peu abscons, fatiguant, lors d’une conférence en anglais du Mobile World Congress et en croisant les regards exaspérés de mes voisins catalans qui ne comprenaient que partiellement ce franglais, la nécessité de faire un tout petit lexique telecom pour réduire la tension nous est apparu comme une obligation.

MVNO/Mobile Virtual Operator : ce sont les opérateurs mobiles « virtuels » qui utilisent les réseaux d’autres opérateurs pour proposer des solutions économiques différentes. En France, des firmes comme M6 mobile, NRJ mobile, Sosh et une trentaine d’autres MVNO exploitent des lignes d’Orange, Bouygues ou SFR Numericable pour vendre des services mobiles souvent à des coûts intéressants.

Applications OTT : les fournisseurs de contenus «  sur le dessus » comme Netflix ou les autres fournisseurs de service en videostreaming, les OTT ( Other the Top) over_the_topexploitent une part croissante de la bande passante sans payer de redevance pour l’espace encore gratuit qu’ils occupent. C’est l’un des éléments qui risque à terme de remettre en cause la neutralité du Net car la plupart des opérateurs historiques n’en peuvent plus de nourrir les gros fournisseurs « parasites » qui viennent «  leur manger la laine sur le dos ». Le bras de fer ne fait que démarrer.

Les MNOs ( Mobile Network Operator ) sont les opérateurs mobiles comme Orange ou Bouygues. L’expression  sans cesse répétée d« éménoses » devient un vrai snobisme viral dans le cœur du marketing de certains fournisseurs ou importateurs qui ne vivent qu’avec des Anglos saxons. L’envie de leur faire « passer » ce mot « snob » en passant par des menaces d’ecchymoses nous a parfois traversé l’esprit. Mais sommes-nous vraiment exempts de tout reproche ? A dénoncer a paille dans l’oeil de l’autre et oublier la poutre dans le nôtre ?

NFV : Network functions virtualization. Les opérateurs mobiles renouvellent leurs équipements et utilisent de nouvelles fonctions virtualisées pour passer au tout IP et à des logiciels virtualisés qui leur permettent de se passer de systèmes propriétaires. Comme chez les hébergeurs, leur intérêt est d’utiliser en fonction des demandes des ressources serveurs optimisées pour le volume de trafic.

CAPEX : Vouloir réduire les immobilisations, les Capitals Expanditure ( Cap Ex) que représentent de gros serveurs, des locaux et des antennes couteuses va de pair avec le souci de réduire les coûts d’exploitations ( Opex). Si l’industrie des télécoms remplace son matériel moins souvent que les autres, lorsqu’elle s’exécute c’est le monde entier qui change de processus de communications.