Deux nouveaux records de vitesses de transfert de données sont tombés la semaine dernière. Une information plus importante qu’il n’y parait de prime abord parce qu’elle remet en lumière le potentiel encore inexploité de technologies actuelles ainsi que nos besoins toujours croissants de débits et de connectivité.

Plus de 4,5 milliards d’utilisateurs connectés à Internet en 2020. Parallèlement, 175 zettaoctets , soit 175 000 000 Po de données seront accumulées à travers le monde en 2025 selon IDC dont près de la moitié seront stockées dans le cloud. Preuves s’il en fallait qu’Internet et notre univers numérique ont besoin de toujours plus de bande passante. Et comme on ne peut tendre des câbles de fibres noires transcontinentaux ou nationaux au rythme où s’accroissent les données et les usages, il est essentiel de trouver de nouvelles technologies permettant de transférer davantage de données plus rapidement sur les infrastructures existantes.

Deux records de vitesse ont été battus la semaine dernière. Le premier consistait à transférer plus rapidement des données à travers les câbles de fibre optique. Le second à transférer des données en sans-fil par le biais de la 5G…

Surfer à 44,2 Tbps sur Internet…

Des chercheurs de trois universités australiennes ont battu un nouveau record de vitesse sur Internet : 44,2 Tbps… L’équivalent de 1000 films en HD transférés en 1 seconde. Le précédent record était de 30,1 Tbps.

Un micro-comb au coeur de l’expérience…

Depuis une dizaine d’années, les recherches se focalisent sur les peignes à fréquence optique à base de micro-résonateurs, une technologie souvent désignée par « micro-combs ». Objectif, transformer un flux laser en un arc-en-ciel de fréquences pour transporter davantage de flux synchronisés et parfaitement stables. En avril 2019, des chercheurs de l’université d’Otago avaient développé un chip permettant de gérer 160 flux au sein d’une seule fibre optique, un peu comme si on avait placé 160 lasers dans une même fibre.
Les chercheurs australiens ont eux aussi utilisé les micro-combs et créé un circuit capable de placer 80 flux optiques sur une seule fibre. Non seulement cela permet de multiplier le nombre de données transférées sur une seule fibre avec un seul chip mais la consommation électrique nécessaire pour transférer autant de données est infiniment inférieure à celle des technologies actuelles pour transférer de telles volumétries d’information.

Le test a été réalisé sur un réseau dédié, en fibre optique standard, reliant les centres de recherches du RMIT Lab (Melbourne) et de l’université de Monash (Clayton) séparés de 75 Km.

Il démontre qu’avec un peu de technologie, il sera possible dans un proche avenir de démultiplier la bande passante des fibres optiques pour exploiter de façon plus optimale le potentiel des câbles actuellement installés et qui assurent la connectivité Internet à travers le monde.

4,7 Gbps en « Over the Air »

La 5G est la technologie de communication sans fil phare des prochaines années. Elle promet de nouveaux usages, une connexion plus stable mais surtout plus de vitesse. Depuis quelques mois Ericsson et Nokia se livrent à un petit concours pour démontrer le potentiel de leurs technologies.
En février dernier, Ericsson avait officiellement atteint un débit de 4,3 Gbps en transfert « over the air » (autrement dit par radio en sans-fil).
La semaine dernière Nokia a annoncé avoir atteint un débit de 4,7 Gbps (pour rappel, les offres fibres proposées en France offrent aujourd’hui 2 Gbps).

Un tel débit permettrait donc à un smartphone de recevoir plus de 900 flux Netflix 4K simultanément ou de transférer 587 Mo de données en une seule seconde !

Pour atteindre ce débit, Nokia a combiné huit canaux de 100 MHz (pour obtenir 800 MHz de bande passante sur les bandes 5G de 28 GHz et 39 GHz) avec 40 MHz de spectre LTE-4G en utilisant la fonctionnalité de connectivité double (EN-DC) disponible sur sa solution AirScale. Autrement dit, Nokia a utilisé une double connexion en utilisant simultanément les réseaux 5G et 4G d’un même opérateur américain (qui n’a pas été précisé). Une façon de démontrer que deux connexions valent mieux qu’une et que la 4G peut encore servir…

Bien sûr, si ces chiffres font rêver et si ces records ont été réalisés dans des conditions relativement réelles (sur une fibre optique standard existante et sur le réseau mobile d’un opérateur), ils ne se concrétiseront pas à court terme sur nos terminaux. D’autant que rappelons qu’en France moins de 19 millions de foyers sont pour l’instant éligibles à la fibre, que la 5G n’est toujours officiellement pas disponible et que les zones blanches en 4G sont encore bien trop nombreuses