C’est officiel ! Nvidia acquiert le créateur de processeurs ARM auprès de Softbank. De quoi sérieusement inquiéter Apple, Qualcomm, AMD et Intel…

En plein milieu de l’été, on apprenait avec surprise que Softbank avait chargé Goldman Sachs Group d’explorer les possibilités d’une revente d’ARM, le créateur britannique de CPU de smartphones acquis en 2016 pour 31 milliards de dollars.

NVIDIA a confirmé ce matin son intention d’acquérir ARM pour 44 milliards de dollars. Le spécialiste des GPU disposait déjà de licences ARM notamment pour ses processeurs Tegra X (qui équipent les consoles Shield TV et Nintendo Switch). Mais l’acquisition d’une des marques qui a le plus profondément bouleversé l’univers de la Tech durant la décennie passée aura forcément un impact majeur sur tout l’univers informatique. D’autant que si le nom ARM est souvent associé à l’univers des smartphones et tablettes, ses processeurs sont en réalité utilisés dans une vaste panoplie de systèmes allant de l’embarqué aux supercalculateurs HPC en passant par les serveurs.

Cette acquisition fait ainsi de NVIDIA un concurrent encore plus direct d’AMD et Intel dans l’univers des CPU, des serveurs et des HPC. En matière d’IA, l’union entre les technologies GPU/NPU de NVIDIA et celle des CPU/NPU d’ARM peut faire des étincelles sur une prochaine génération de serveurs destinés au cloud comme aux supercalculateurs.

Par ailleurs, même si ARM devrait conserver une certaine autonomie ainsi que son modèle de licences ouvertes et de neutralité vis-à-vis de ses clients actuels, cette acquisition a aussi de quoi inquiéter Qualcomm (qui un temps s’était positionné pour acquérir ARM) et Apple Silicon (la division qui fabrique les processeurs iPhone/iPad mais également des prochains Mac), toux deux s’appuyant sur les technologies ARM.

Dans une lettre ouverte, Jensen Huang, fondateur et CEO de NVIDIA explique que « le Business Model d’ARM est brillant. Nous maintiendrons son modèle de licence ouverte et sa neutralité client, en servant n’importe quelle industrie, à travers le monde, et en élargissant davantage le portefeuille de licences IP d’ARM avec les technologies GPU et IA de Nvidia ».

Car pour NVIDIA, ce sont avant tout les perspectives à venir sur le marché de l’intelligence artificielle qui justifient cette coûteuse acquisition. « Un jour, des milliers de milliards d’ordinateurs vont intégrer l’IA et créer un nouvel internet — l’internet des objets — des milliers de fois plus grand que l’internet (des gens) d’aujourd’hui »  explique Huang. « En unissant l’informatique IA de NVIDIA au vaste marché des processeurs d’ARM, nous nous engageons en avance sur les gigantesques opportunités de l’IA et nous ferons progresser l’informatique sur le cloud, les smartphones, les PC, les voitures autonomes, la robotique, la 5G et l’IoT… Notre R&D va booster la feuille de route d’ARM et accélérer les opportunités dans les datacenters, le Edge IA et l’IoT ».

NVIDIA a confirmé vouloir maintenir le campus ARM à Cambridge (au Royaume Uni) et compte même y investir pour y créer un centre d’excellence en recherche IA. NVIDIA compte aussi investir dans les supercalculateurs orientés IA, propulsés par ARM, ainsi que que dans des installations de formation pour les développeurs et dans un incubateur de start-ups, qui attirera des talents de recherche de classe mondiale. Le fabricant veut aussi créer une plate-forme pour l’innovation avec des partenariats industriels dans des domaines tels que la santé, la robotique et les voitures autonomes.

Selon les termes de l’accord signé, NVIDIA payera à SoftBank 12 milliards de dollars en cash dont 2 à la signature et un total de 21,5 milliards de dollars en actions NVIDIA.

Reste que l’acquisition doit encore être approuvée par les différentes autorités en la matière. Et le chemin pourrait être truffé d’embûches notamment si Apple, Qualcomm et quelques autres acteurs se sentent terriblement mis en danger, craignant de voir NVIDIA mettre la main sur une technologie dont ils dépendent intimement.