Les grands groupes se lancent dans une nouvelle offensive de l’innovation. Ils entrent en compétition et s’arrachent le potentiel de jeunes pousses prometteuses. Ils sont convaincus de l’opportunité qu’elles présentent pour répondre à leurs objectifs de développement et d’évolution qu’on nomme communément « la transformation digitale » : conserver leur leadership, poursuivre leur développement et promouvoir de nouveaux produits dernière-génération à moindre coût. Depuis l’essor de la digitalisation et l’engouement pour le « Made in France », un grand nombre d’entre eux prennent le pari et décident de ne plus développer seulement en interne.
Grandes entreprises : mieux se renouveler avec les start-ups
Créées à partir de constats simples et concrets, tirés de l’expérience de ses fondateurs, les start-ups sont au plus proche de la réalité. Car, si leurs créateurs sont des entrepreneurs, ils sont avant tout des consommateurs aguerris, capables de pointer du doigt les défaillances d’un système. Les géants tirent profit de leur créativité, de leur ingéniosité et de leur personnalité « disruptive ». Ils reconnaissent leur habileté à conceptualiser des innovations de rupture et à créer de nouveaux marchés rapidement. A l’échelle d’une start-up, tout va beaucoup plus vite. Elles leur font donc gagner du temps en développant notamment des solutions quasi sur-mesure, leur permettant d’externaliser les risques. Car il est bien plus simple et moins coûteux de se procurer un nouvel outil que de le concevoir ou même de le mettre en œuvre soi-même. N’oublions pas que l’innovation passe également par « l’intelligence collective ». Les start-ups sont championnes en la matière ! Elles attirent les talents de demain : 78 % des jeunes diplômés estiment qu’elles proposent une bonne ambiance de travail (contre 50 % en entreprises traditionnelles)[1], que le management y est plus humain, et que l’on y apprécie les prises d’initiatives. L’innovation ne doit plus être perçue comme une démarche isolée, mais plutôt comme résultant d’une collaboration : celle de l’open innovation.
Start-up : comment jouer dans la cour des grands plus facilement grâce à l’intervention des grands groupes
Pour gérer le time to market, continuer à se développer et à faire évoluer sa solution, une start-up doit disposer des fonds nécessaires. Beaucoup d’investisseurs se battent pour les bons dossiers qui laissent l’embarras du choix aux nouveaux entrepreneurs. Les plus expérimentés partagent avec ces jeunes-pousses leur expérience, expertise et compétences multiples pour mieux les accompagner, toujours sans les étouffer. Eux qui profitent d’une bonne compréhension des marchés repèrent et dégagent plus facilement les tendances afin de leur prodiguer de nombreux conseils tout en leur apportant un soutien financier. C’est ce qu’on appelle le « Smart Money ». On assiste également à la création et à la multiplication d’incubateurs d’entreprises. Locaux, mise en relation avec des partenaires (business angel, consultants, etc.), écosystèmes d’échanges inter start-ups, aides juridiques, etc., intégrer ce type de structure c’est bénéficier d’avantages non-négligeables que proposent par exemple la pépinière et espace de coworking « 50 Partners » ou encore « Hub Start Up » de la BPI mettant à disposition un hébergement et un réseau de prestataires de qualité (avocat, expert-comptable, consultants en conseils RH et recrutement , marketing ou communication, etc.) pour accompagner chacun d’entre eux dans leur croissance. Avec leur soutien, ils profiteront aussi de multiples références qui lui permettront de gagner en crédibilité et de s’assurer une visibilité optimale.
Il reste encore de gros chantiers pour aboutir à une collaboration simplifiée
Aux États-Unis, les DSI des grandes entreprises ne se posent plus la question de travailler avec des start-ups, identifiées comme des partenaires de valeur. En France, l’engouement pour le corporate venture est plus timide, la collaboration n’étant pas si simple. De fortes disparités sur les plans opérationnels et culturels les séparent encore. Et ce, même si les outils et techniques d’approche se diversifient (incubateur, speed-dating, embauche d’un Responsable Innovation, construction d’un accord de partenariat, etc.) : 2 start-ups sur 3 ne sont pas en relation avec un grand groupe à cause d’une démarche complexe et d’une communication difficile (prise de contact délicate, relation asymétrique, etc.)[2]. Les process des grandes entreprises sont jugés trop longs par les start-ups. Elles attendent un retour rapide pour satisfaire les engagements pris. Sans compter sur les organisations internes qui diffèrent d’une structure à l’autre : schéma décisionnel (1 personne dans la start-up, 3 fois plus dans la hiérarchie pyramidale des grandes structures), gestion des projets en cours (1 pour la start-up contre 3 ou 4 pour les chefs de projets des plus grosses entreprises), importance de la collaboration (prioritaire pour l’une, parfois négligée pour l’autre), etc. Un point crucial identifié par exemple par la BPI qui en a fait une mission en s’engageant à promouvoir, faciliter les ponts entre grands groupes et start up.
In fine, la collaboration entre les deux acteurs est encore perfectible. En France, le nombre de start-ups est croissant mais l’Hexagone peine encore à affirmer son potentiel. Selon une étude publiée par Compass, Paris est 11ème au classement des écosystèmes de start-ups. La capitale accueille entre 2 400 et 3 200 jeunes pousses selon cet organisme. Dans le but de promouvoir la French Tech et de transposer les bonnes recettes d’un écosystème propice à l’éclosion de start-up, le ministre français de l’économie, Emmanuel Macron se rendait en Israël, il y a peu… L’évolution de la relation partenarial entre start-ups et grands groupes reste bel et bien une affaire à suivre de très (très !) près.
[1] Sondage Studizen, août 2015
[2] Etude réalisée par FABERNOVEL, Quelles relations entre startups et grandes entreprises ?, juin 2014
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Emmanuel Stanislas est fondateur de Clémentine, cabinet de recrutement spécialiste du digital et de l’IT