A quoi ressemblera le monde « post-covid 19 » ? Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la forme que prendra cette fameuse lumière au bout du tunnel dans lequel nous évoluons tous depuis un an et demi déjà. Même s’il reste difficile d’en dessiner précisément les contours, le fameux « monde d’après » devra impérativement incorporer les armes qui ont permis la subsistance de nos sociétés depuis l’émergence du Covid-19.

Certaines de ces armes ont pris la forme de services télécoms qui, à travers le réseau informatique, sont devenus la substantifique moelle de nos environnements de travail depuis mars 2020. Bien au-delà des promesses de la 5G, le monde « post-covid 19 » doit avant tout inclure le déploiement général et concret de technologies réseau déjà existantes ou en gestation qui, ensemble, participeront à révolutionner l’organisation du travail sur le long terme. L’épidémie de Covid‑19 a soumis les gouvernements du monde entier à un test de résistance, dans lequel les télécoms jouent un rôle fondamental pour assurer la connectivité et la disponibilité de l’infrastructure et des ressources essentielles.

Les télécoms, grands gagnants de la crise sanitaire, mais pour quoi faire ?

L’Arcep l’a bien confirmé : le rythme de croissance du secteur des télécoms est inégalé depuis plus de dix ans. Au 1er trimestre 2021, le revenu des opérateurs sur le marché de détail a en effet augmenté de près de 2 % en un an. Et même si le revenu des opérateurs connaît globalement une amélioration depuis le quatrième trimestre 2019, cette tendance a été grandement accélérée par la pandémie.

Cette croissance est notamment tirée par la hausse du nombre d’abonnements à haut et très haut débit et par la migration grandissante des accès cuivre vers ceux en fibre optique de bout en bout. D’après les chiffres publiés par l’Arcep, le nombre d’abonnés au très haut débit s’élève désormais à 15,7 millions de Français, ce qui représente « près de la moitié du nombre total d’abonnements internet sur le territoire français (+10 points en un an) et 51 % du nombre de locaux éligibles au très haut débit, en croissance de 3 points en un an ». « L’urgence de la fibre », déclarée par le Secrétaire d’État au numérique Cédric O lors des États généraux des Réseaux d’initiative publique (Rip) fin 2020 a donc porté ses fruits.

Les télécoms et leurs services de connectivité sont donc ressortis grandis de la crise. Mais à l’heure où le monde d’après sera vraisemblablement porté par le travail hybride, ce succès doit servir l’innovation réseau en vue de transformer l’environnement de travail.

…pour développer un réseau adaptatif, fondé sur la technologie SD WAN

Initialement conçue pour optimiser le trafic échangé sur les réseaux IP ou à commutation de labels MPLS (Multi Protocol Layer Switching), la technologie SD WAN a connu une évolution rapide, d’une part en raison de l’essor du cloud et de la nécessité d’accéder de façon sécurisée à une périphérie en rapide mutation ; et d’autre part, pour suivre l’évolution constante de l’architecture des réseaux d’entreprise. Au cours des deux décennies écoulées, les réseaux d’entreprise ont dû s’adapter aux multiples changements qui ont marqué les flux de données, de la dépendance vis-à-vis des équipements locaux à la décentralisation vers la périphérie du réseau, en passant par la centralisation dans les data centres et la migration vers le cloud.

Mais depuis la pandémie, ce changement s’est matérialisé par le recours massif au télétravail et la mise en place du travail hybride. L’impact est encore plus évident à la périphérie des services, où les utilisateurs se connectent depuis plus d’un an à l’aide de divers terminaux et depuis différents endroits, la plupart du temps en empruntant le réseau Internet public. Désormais, les embouteillages ne sont plus dans les rues, mais sur l’Internet, où nous avons constaté une augmentation du trafic en ligne et de l’utilisation des données. Il s’agit donc d’un défi majeur pour les entreprises de télécoms qui doivent mettre à la disposition de leurs clients et leurs employés un moyen rapide et sûr de se connecter à leur propre réseau si besoin. Un tel défi a montré sans ambiguïté qu’il est indispensable de pouvoir s’appuyer sur un réseau adaptatif capable d’offrir aux utilisateurs un accès sécurisé, sans se soucier du terminal utilisé et du lieu où ils se trouvent.

C’est donc précisément à ce niveau que la technologie SD-WAN apporte une solution durable à long terme pour les entreprises, et c’est pourquoi les télécoms se doivent de promouvoir cette technologie déjà existante et qui fait déjà ses preuves, avant même de jeter leurs forces entières sur le nouvel arrivant : la 5G.

…ou pour repenser un environnement de travail hybride grâce à la 5G

La mise en place progressive du travail hybride par les entreprises ne rend que plus essentiel l’essor d’un nouvel environnement professionnel, flexible, collaboratif, interactif et universel. Si plusieurs outils existent déjà dans ce sens, le bureau en tant que lieu symbolique de l’exercice de l’activité professionnel doit être repensé en profondeur. Néanmoins, une chose reste certaine : cet espace de travail révolutionnaire ne pourra s’appuyer que sur le réseau du futur décrit en amont, intelligent, à la demande, universel et de type 5G. Et de ce point de vue-là, les télécoms ont évidemment un rôle crucial à jouer.

Latence réduite, accès facile aux outils professionnels via internet et recours général au cloud, sont certes autant d’avantages dont des millions de salariés confinés rêvent de bénéficier ces temps-ci. Mais ce bureau 2.0, soutenu par une connectivité universelle, rapide et intelligente, va bien au-delà. Grâce à la possibilité d’effectuer une tâche donnée à tout moment, en tout lieu et quelle que soit la plateforme utilisée, il propose une véritable flexibilité organisationnelle et une meilleure gestion de l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle pour chaque employé.

Mais comment préserver le travail comme lieu d’interaction et d’immersion ? Ces deux aspects manquent en effet cruellement dans le contexte actuel de crise sanitaire. Pour répondre à ce manque, là encore, la connectivité de demain pose les jalons de l’implantation générale d’une autre prouesse technologique : la réalité virtuelle ou augmentée, qui donne vie à des scénarios et recrée les environnements dans lesquels les compétences individuelles et collectives sont sans cesse sollicitées. Pour autant, il ne faut pas sous-estimer l’impact sur le réseau : Cisco prévoie ainsi que le trafic VR/AR sera multiplié par 12 entre 2017 et 2022 au niveau mondial. Le déploiement de la réalité virtuelle et augmentée présentera donc des avantages significatifs sur la conservation des données et la formation à distance des personnes, mais il se traduira par une croissance significative du trafic réseau qui doit être géré avec soin.

En tant que grands vainqueurs de la crise sanitaire, les télécoms doivent donc prendre leurs responsabilités afin d’assurer leur rôle de colonne vertébrale de l’organisation du travail post-Covid que les entreprises attendent. Les technologies SD WAN et 5G sont à ce titre des technologies vectrices d’innovation et de mutation profonde de l’espace de travail, et il est du ressort des entreprises de télécoms de les promouvoir et les démocratiser sur l’ensemble du territoire, français et mondial.
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Par Gervaise Van Hille, Country Manager France, Colt Technology Services