La France officialise les grands contours de son plan quantique et chiffre ses efforts financiers publics et privés pour lui permettre d’exister dans le quantique en surfant notamment sur ses centres de recherche réputés dans ce domaine et sur ses startups innovantes.

Il y a un an presque jour pour jour, la mission dirigée par Paula Forteza, Paul Herteman et Iordanis Kerendis remettait au gouvernement son rapport de 68 pages intitulé « Quantique : le virage technologique que la France ne ratera pas ». C’était avant la pandémie… il y a une éternité.

À l’époque, le rapport ne cachait pas l’urgence de la situation tout en rappelant qu’« en matière d’informatique quantique, aucune vérité n’a encore été inscrite dans le marbre. La recherche est galopante et sans certitude scientifique et technique toutes les cartes peuvent encore être redistribuées ». Pour les auteurs, la France devait agir vite.

Pandémie oblige, un an plus tard, ce plan quantique n’avait toujours pas de financements et sans argent bien peu de chance de se mettre en mouvement malgré les mesures très pratiques et pragmatiques proposées par la mission Forteza.

Le 21 janvier, la France a enfin officialisé son plan d’action au travers d’un budget global de 1,8 milliard d’euros sur 5 ans. De quoi enfin faire décoller un écosystème déjà sur les starting-blocks avec des acteurs incontournables comme Atos et des jeunes pousses mondialement reconnues comme Alice & Bob, Pasqal, Quandela, Muquans, etc.

Pour Emmanuel Macron, « avec cet engagement public-privé de 1,8 milliard d’euros, dont un milliard d’euros venant directement de l’État », la France se dote des capacités pour s’affirmer « au moins parmi les trois premiers mondiaux ». Dans les faits, l’état français investira 1,05 milliard d’euros complétés par 200 millions d’euros de crédits européens et 550 millions d’investissements privés.

Le plan français prévoit de consacrer une enveloppe de près de 800 millions d’euros à la création d’ordinateurs quantiques (350 millions d’euros pour des simulateurs et machines NISQ-Noisy Intermediate Scale Computers et 450 millions d’euros pour des machines LSQC Large Scale Quantum Computers), la France ambitionnant de devenir l’un des premiers si ce n’est le premier état à se doter d’un prototype complet d’ordinateur quantique généraliste (certains états disposent déjà de machines adiabatiques D-Wave considérées comme non généralistes car n’adressant qu’un certain type de problème quantique).

250 millions d’euros seront également alloués à la recherche sur les capteurs quantiques, 150 millions d’euros à la cryptographie post-quantique, 320 millions d’euros aux communications et réseaux quantiques, et 300 millions d’euros alloués aux technologies connexes essentielles à la construction des équipements quantiques (matériaux, cryogénie, etc.).

Au-delà des chiffres monétaires, ce plan prévoit la création de 16 000 emplois dans ce secteur d’ici 2030 et la formation d’au moins 5.000 talents quantiques.

L’annonce de ce plan a été faite à Saclay, et ce n’est pas un hasard. Le plateau de centres de recherche, d’université et de startups est l’un des trois hubs quantiques que la mission Forteza appelait de ses vœux (avec Grenoble et Paris).

Un an après la publication du rapport, il y a encore plus urgence mais il n’est toujours pas trop tard. Philippe Duluc, chief technology officer Big Data & Security chez Atos, explique – dans le dossier quantique publié en décembre dernier par IT For Business (pour s’abonner, c’est ici) – que « nous avons toujours nos chances. Le quantique reste un domaine industriel très récent. Même les GAFAM n’ont pas pris une avance telle qu’elle soit déjà irrattrapable. La course reste très ouverte. »