Smartphones, tablettes et ultrabooks partagent un même défaut. Ils sont difficilement démontables et réparables encourageant le remplacement complet des appareils défaillants par des modèles plus récents. Une attitude anti-écolo qui ne peut perdurer…

La dernière étude « GreenIT.fr » le rappelait récemment, l’informatique puise lourdement sur les ressources de la planète. Et ce ne sont pas les grands datacenters du cloud qui sont pointés du doigt par les experts mais bien la multitude et la diversité des appareils électroniques placés entre les mains des utilisateurs : ultrabooks, smartphones, tablettes, smartwatches et autres objets connectés…

Le problème, c’est le nombre…

Impact de la fabrication des équipements numériques

Leur nombre et plus encore le rythme auquel ils se multiplient et sont renouvelés par les utilisateurs impactent sévèrement l’environnement. Ce n’est pas tant leur usage qui est un problème que leur fabrication ainsi que, à un moindre niveau, leur consommation électrique. En 15 ans, le poids du numérique sur les ressources de la planète a été multiplié par 5. Un problème écologique qui est aussi sociétal puisque la plupart des minéraux utilisés dans la fabrication des écrans et des processeurs proviennent de pays de zones de conflits où esclavage, meurtres, tortures, viols, terrorisme sont autant de crimes perpétrés autour du commerce de ces minéraux.

Pour les responsables de l’étude, il est urgent de réduire notre consommation d’objets connectés et d’écrans notamment en augmentant la durée de vie de nos équipements numériques. Si le rapport incite en priorité les utilisateurs à adopter de nouvelles pratiques de consommation, il encourage aussi les industriels à modifier la conception même de leurs appareils. Il est en effet essentiel que ces équipements puissent être aisément réparés de sorte qu’il soit bien plus rentable pour les utilisateurs comme pour l’écosystème d’effectuer une réparation plutôt que d’acquérir un matériel neuf.

Rendre le « super-design ultra-fin » réparable

Vers des appareils faciles à réparer (Surface Laptop 3)

Et, en la matière, le message commence à passer… Doucement et difficilement, certes, mais les initiatives se multiplient.
L’exemple le plus connu est sans aucun doute « Fairphone » dont le modèle « 3 » est disponible depuis la rentrée. Sa fabrication essaye autant que faire se peut d’utiliser des matériaux recyclés et équitables. Mais surtout, sa conception est modulaire et réparable pour lui assurer une durée de vie maximale.
Plus récemment, Microsoft a lancé le Surface Laptop 3 et la Surface Pro X en démontrant qu’un constructeur très attaché au design et au marketing pouvait aussi produire des appareils extrêmement fins, high-tech et réparables… Jusqu’ici, le site iFixIt dénonçait le manque de réparabilité des tablettes, celles de Microsoft comme celles d’Apple notamment. Dans leur démontage de la Surface Pro X, les auteurs de l’analyse notent que « la tablette a été repensée avec génie et présente de nettes améliorations en matière de réparabilité » : l’écran n’est pas collé, la trappe d’accès au SSD est fermée par des aimants, les composants sont aisément accessibles. L’ultrabook Surface Laptop 3 obtient une note de réparabilité de 5/10 et la Surface Pro X de 6/0 là où les précédents modèles obtenaient 0/10 ou 1/10 !
De son côté la division Hardware de Google – qui produit des smartphones mais également une flopée d’objets connectés – a promis que ses livraisons seraient neutres en carbone pour tous ses appareils à partir de 2020. Et que 100% de ces produits utiliseraient – au moins en partie – du plastique recyclé à partir de 2022.
Le mauvais indice de réparabilité de ses iPad et MacBook Air vient ternir les efforts faits par ailleurs par Apple sur l’utilisation à 100% d’énergies renouvelables et l’usage d’aluminium recyclé.

Agir… plus vite…

Bien sûr, il ne s’agit là que de petits pas tout à fait insuffisants. Et ces efforts industriels souvent inscrits dans l’approche RSE malheureusement très/trop marketing des entreprises ne doivent pas dédouaner les utilisateurs des essentielles bonnes pratiques à mettre en œuvre. Pour autant, signaler ces efforts est aussi une façon d’encourager les constructeurs à en faire plus et à poursuivre leurs initiatives pour plus de réparabilité, plus de recyclage et moins de consommation des ressources naturelles.

De son côté « GreenIT.fr » invite les pouvoirs publics à interdire les offres de réengagement contre des équipements à 1 euro, à créer une directive « réemploi » pour compléter la directive européenne DEEE/WEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques de 2002) et surtout à augmenter la durée de garantie légale pour forcer les fabricants. Une dernière mesure qui n’a pas forcément besoin de pouvoirs publics trop lents à agir. Après tout, Boulanger vient de lancer une garantie 7 ans sur le gros électroménager de ses offres « cuisines ». D’autres solutions similaires pourraient très bien être imaginées pour les parcs d’appareils High Tech des entreprises…