Des Geeks ont trouvé une astuce pour exécuter Windows 10 on ARM sur les nouveaux Mac à processeur Apple M1. En attendant une solution plus officielle…

Il existe différents scénarios qui peuvent amener des utilisateurs Mac à devoir exécuter des applications Windows. Jusqu’ici, Mac et PC utilisant des processeurs Intel, la chose était relativement aisée. Il suffisait soit d’installer une partition Windows via la fonction Bootcamp de macOS, soit de s’appuyer sur un logiciel de virtualisation comme Parallels Desktop ou VMware Fusion.
Avec l’arrivée des nouveaux Mac « M1 » à architecture ARM, les choses se compliquent. Aucun des outils évoqués plus haut n’existent actuellement pour ces nouvelles machines. Certes, Parallels et VMware ont tous deux confirmé travailler sur un portage en ARM de leurs outils de virtualisation. Mais la tâche n’est pas aisée et aucune date de disponibilité n’a été avancée.

Une solution peu « esthétique » consiste à utiliser CrossOver de CodeWeavers. Ce logiciel n’est pas un outil de virtualisation mais un convertisseur temps réel d’appels systèmes. Il permet de faire tourner de nombreuses applications et jeux Windows sur Mac et sur Linux sans même nécessité d’installer Windows. CrossOver fonctionne sur les Mac « M1 » mais uniquement via l’émulation Rosetta 2. Les performances sont donc fortement impactées par cette double émulation.

Une autre solution, plus pratique, plus officielle, et plus élégante, consiste à passer par une solution VDI ou DaaS (Desktop as a Service, du VDI dans le cloud) avec des serveurs exécutant le bureau et les applications Windows, le rendu étant affiché en local sur le Mac « M1 ». Ces solutions fonctionnent très bien mais nécessitent une infrastructure VDI ou un abonnement DaaS ainsi qu’une connexion active. Microsoft s’apprête d’ailleurs à proposer une telle offre de Bureau Windows à distance hébergé dans le cloud, compatible multi plateformes, au travers de son offre Microsoft 365.

Interrogé sur la compatibilité Windows ARM des nouveaux Macs, des responsables Apple ont renvoyé la balle dans le camp de Microsoft en expliquant que rien n’interdisait à l’éditeur de porter Windows on ARM (la version ARM de Windows 10) sous les Mac à base de processeurs M1. Bref, c’est à Microsoft de faire cet effort. Et ce n’est probablement pas une priorité du côté de Redmond.

Ces limitations sont perçues comme autant de défis par les hackers. Alexander Graf, ingénieur chez AWS, a eu l‘idée de combiner l’émulateur QEMU recompilé en version ARM et patché pour les processeurs M1 avec une version de « Windows 10 on ARM ». Et ça fonctionne!
Et comme Windows 10 on ARM permet l’exécution des applications Windows x86 32 bits, il devient ainsi possible d’exécuter les logiciels Windows versions Intel comme les logiciels Windows versions ARM sur les Mac M1.

Évidemment, cette solution n’est encore qu’une bidouille expérimentale. La performance des applications Intel sous Windows n’égale pas une exécution Rosetta 2 (qui permet d’exécuter les applications Mac Intel sur les Mac M1) mais s’en approche quand même étonnamment.

Cette bidouille s’est révélée plutôt une mauvaise nouvelle pour Microsoft. En effet, certains geeks en ont profité pour lancer quelques benchmarks. Et il s’avère qu’en utilisant notamment Geekbench version ARM, les Mac M1 sous ce « Windows on ARM » – pourtant partiellement virtualisé – affichent des performances significativement supérieures à la Surface Pro X (modèle nouvelle génération SQ2) qui affiche un tarif de vente très supérieur au Macbook Air M1 !

Décidément, ces processeurs Apple M1 se révèlent un véritable camouflet non seulement pour les processeurs mobiles d’Intel et AMD mais également pour les autres processeurs ARM et notamment ceux de Qualcomm. Tous ces acteurs vont devoir réagir et réajuster le prix et les performances de leurs processeurs pour rester concurrentiel face à un Apple qui désormais maîtrise intégralement l’ensemble matériel + CPU + GPU + système d’exploitation.

Reste que cette solution « geek » pour faire tourner Windows sur les Mac en processeurs M1 n’est qu’une bidouille qu’il n’est pas envisageable d’utiliser en production en entreprise. Et si, sous la pression des geeks, Microsoft voyait finalement dans les Mac Mini « M1 » une opportunité de populariser « Windows on ARM » ?