La jeune pousse de l’IA Anthropic connecte son assistant IA Claude et les API Claude/Anthropic de sa plateforme au Web, s’invitant dans la bataille de la « Recherche Web Next Gen ». Google s’inquiète, les éditeurs de contenus vacillent, les développeurs explorent ce nouveau potentiel et un nouveau monde connecté se dessine.
On le sait, après avoir découvert il y a plus de deux ans la toute première version de ChatGPT, Google avait déclenché son alerte interne « Code Rouge » identifiant cette IA comme une menace potentielle majeure à son Business. Si Bing dopé à l’IA n’a pas réellement fait trembler le géant de la recherche WEB, les fonctionnalités de recherche Web de ChatGPT, de Microsoft Copilot, de Perplexity AI, et même de Mistral LeChat connaissent un succès croissant et grignotent peu à peu leur place dans les habitudes de recherche d’information et de veille des utilisateurs.
Et tout l’écosystème du WEB et de la recherche WEB commence à en sentir les impacts ! Car les assistants conversationnels court‑circuitent l’étape du clic sur une liste de liens pour livrer directement une réponse contextualisée. Pour les créateurs de contenu, la menace d’une baisse de visites — et donc de revenus publicitaires — se précise. Mais attention à l’effet Boomerang : si la monétisation se tarit, la qualité des sources risque de souffrir, au détriment même des modèles d’IA qui en dépendent ! L’IA générative bouleverse potentiellement bien plus que le « model business » de Google.
Selon l’indice Consumer Behavior de SOCi, 19 % des internautes auraient déjà fait le saut vers la recherche pilotée par IA, grignotant les parts de marché des moteurs historiques. Les inquiétudes remontent jusqu’au procès antitrust intenté à Google : Eddy Cue, vice‑président services d’Apple, a reconnu sous serment que les requêtes Google dans Safari avaient reculé pour la première fois en vingt‑deux ans, évoquant des « nuits blanches » à l’idée de perdre une part des 20 milliards de dollars versés par Google pour rester le moteur par défaut.
C’est dans ce contexte particulier, ce vent nouveau et transformateur, qu’Anthropic a annoncé la semaine dernière la mise à disposition, sur son API, d’un outil de recherche WEB (Web Search) rendant ses modèles IA capables d’interroger Internet en direct.
Au passage, Claude AI, son assistant IA, s’enrichit lui aussi d’une recherche Web désormais disponible en Europe (apparue hors Europe en mars dernier).
Activable à la demande dans l’endpoint « Messages » sur la plateforme API de l’éditeur, la fonction « Web Search » confère aux modèles Claude 3.7 Sonnet, 3.5 Sonnet et 3.5 Haiku la capacité de générer une requête ciblée, d’analyser les résultats et d’étayer sa réponse par des citations. Les développeurs gardent la main sur le nombre d’itérations et peuvent filtrer les domaines autorisés ou interdits, un point crucial pour les DSI et RSSI soucieux de conformité.
Sur le plan fonctionnel, Claude peut enchaîner des recherches progressives : les premiers résultats servent à affiner la requête suivante jusqu’à constituer une synthèse documentée. Cette approche agentique ouvre la voie à des cas d’usage où l’actualité prime : suivi de marchés financiers, veille réglementaire, revue de jurisprudence, ou encore consultation de documentations techniques fraîchement publiées.
L’éditeur facture son API de recherche 10 dollars pour 1000 recherches, auxquels s’ajoutent les coûts de tokens pour générer la réponse et comprendre la question.
L’offre s’étend à Claude Code, encore en pré‑version, qui pourra ainsi puiser dans les dernières versions de bibliothèques ou d’API en cours de publication. Là encore, la citation systématique des sources facilite l’audit de la réponse, un atout dans des contextes sensibles.
En dotant ainsi Claude d’une passerelle web temps réel, Anthropic fournit aux équipes IT et aux développeurs d’applications dopées à l’IA un levier de veille instantanée tout en exacerbant une mutation profonde de l’accès à l’information.
Entre promesse d’efficacité et risques de désintermédiation, la bataille de la recherche entre dans une nouvelle phase où la gouvernance des données et la protection des revenus éditoriaux s’imposent déjà comme des enjeux stratégiques majeurs.