Durant l’été, notre émission « L’invité de la Semaine » est en pause. En attendant la rentrée, nous vous proposons de redécouvrir certains des entretiens les plus marquants autour de sujets phares. Pour ce premier « Récap de l’été », une série que vous retrouverez tous les Vendredi jusqu’à la rentrée, nous vous proposons une mise à niveau sur vos connaissances de l’informatique quantique.

L’informatique quantique est née de l’idée de Richard Feynman : exploiter les lois de la mécanique quantique, superposition et intrication, pour repenser le calcul. Là où un bit classique ne vaut que 0 ou 1, le qubit peut porter ces deux états simultanément et interagir à distance avec ses « jumeaux ». Ce double potentiel transforme radicalement notre rapport à l’information.

Contrairement à l’informatique classique, qui manipule séquentiellement des bits au sein de transistors, l’informatique quantique orchestre des opérations en parallèle. Un algorithme quantique peut tester plusieurs chemins à la fois dans un labyrinthe mathématique, accélérant la résolution de problèmes comme la factorisation ou la recherche en bases de données. Cette puissance inouïe résulte de la cohérence quantique : tant que les qubits restent isolés, leurs amplitudes interfèrent pour amplifier la bonne solution.

On espère ainsi de ces machines des percées jusque-là inimaginables : casser certains codes de chiffrement, optimiser des réseaux logistiques complexes, simuler la structure électronique de nouveaux médicaments ou matériaux, ou encore accélérer l’apprentissage automatique. L’enjeu n’est pas de remplacer nos PC ou smartphones, mais d’ouvrir des fenêtres sur des domaines où la combinatoire et la causalité quantique offrent des gains exponentiels.

Cependant, le potentiel réel de l’informatique quantique reste en partie à démontrer. Si les premiers succès ont confirmé l’intérêt scientifique de cette approche, la mise au point de qubits stables, fiables et évolutifs demeure extrêmement complexe. Aujourd’hui, les constructeurs tels qu’IBM, Google ou Intel multiplient les annonces et rivalisent pour atteindre la « suprématie quantique », un seuil symbolique où un calcul impossible pour un ordinateur classique serait réalisable sur une machine quantique.

Aujourd’hui, la course est lancée : IBM affiche une feuille de route vers 2029 pour son premier ordinateur quantique tolérant aux fautes (FTQC), Google célèbre ses avancées Sycamore et planifie Sycamore 2, IonQ, D-Wave et Microsoft préparent chacun leurs architectures – supraconducteurs, ions piégés, photons, qubits topologiques. Dans ce paysage de R&D et de science fondamentale, des startups françaises brillent et attirent les regards. Elles s’appellent Quandela, Alice & Bob, Pasqal ou encore ColibriTD. Entre prototypes NISQ et ambitions FTQC, tous convergent vers un même horizon : la démonstration d’un avantage quantique pratique et l’industrialisation progressive de cette révolution. Pourquoi pas dès 2026 ?

Entretien avec Georges-Olivier Reymond (Pasqal) et Pierre Jaeger (IBM)

 « Le quantique a déjà quitté le laboratoire… Aujourd’hui, on a des clients… »

Quand des concurrents comme IBM et la startup française Pasqal s’allient, c’est que la révolution quantique est plus imminente que ne le croient les pessimistes. Ils expliquent comment leurs technologies, bien que différentes, sont complémentaires et pourquoi il est vital pour les entreprises de s’y intéresser dès maintenant pour ne pas être dépassées.

 

Entretien avec Elie Girard d’Alice & Bob

« L’informatique quantique ne va pas remplacer l’informatique classique… elle ne fera pas votre comptabilité… »

Alice & Bob, une pépite française du quantique, a développé une technologie de « qubits de chat » qui réduit drastiquement les erreurs, un des plus grands freins au développement de l’ordinateur quantique. Cette avancée pourrait rendre l’algorithme de Shor, capable de casser les cryptages actuels, fonctionnel avec 200 fois moins de qubits que prévu, rapprochant l’échéance de plusieurs années.

 

Entretien avec Stéphane Tanguy (EDF) et Pierre Jaeger (IBM)

« L’informatique quantique est à la fois une rupture technologique et algorithmique »

La révolution quantique est en marche. Les experts d’IBM et d’EDF révèlent comment ils se préparent à cette rupture technologique et algorithmique majeure pour résoudre des problèmes jusqu’ici insolubles. Anticiper cette transformation est déjà un enjeu stratégique crucial pour la compétitivité de chaque entreprise.

POUR EN SAVOIR PLUS :

Quandela enchante l’IA quantique avec MerLin

La startup française Quandela lance MerLin, une plateforme d’intelligence artificielle quantique hybride intégrée à PyTorch et scikit-learn, permettant aux chercheurs de simuler dès aujourd’hui des algorithmes combinant tensors classiques et circuits photoniques en vue de leur exécution future sur des processeurs quantiques photoniques.

Alice & Bob lève 100 millions d’euros en série B

La start-up française Alice & Bob a levé 100 millions d’euros en janvier dernier pour accélérer le développement de son premier ordinateur quantique basé sur des “cat qubits”, une technologie prometteuse visant à corriger les erreurs et rendre le calcul quantique réellement utile d’ici 2030.

Pasqal assemble 1000 atomes dans une puce quantique

La startup française Pasqal a franchi une étape majeure en piégeant plus de 1 000 atomes dans une puce quantique, démontrant la faisabilité d’un processeur à base d’atomes neutres capable de manipuler des milliers de qubits.

ColibriTD fait enfin sortir le quantique des labos avec un solveur quantique utile et utilisable

La startup française ColibriTD, en collaboration avec IBM, a franchi une étape majeure en rendant l’informatique quantique réellement utile grâce à un solveur d’équations différentielles (QUICK-PDE) fonctionnant sur les processeurs quantiques Heron, ouvrant ainsi la voie à des applications industrielles concrètes dès aujourd’hui.

IBM Starling : un ordinateur quantique FTQC dès 2029

IBM prévoit de lancer en 2029 son premier ordinateur quantique tolérant aux pannes, nommé Starling, capable d’exécuter 100 millions de portes quantiques sur 200 qubits logiques grâce à des avancées majeures en correction d’erreurs.

Google lance Willow, sa nouvelle puce quantique 105 qubits

Google dévoile Willow, une puce quantique de 105 qubits qui marque une avancée majeure en réduisant exponentiellement les erreurs et en réalisant des calculs inaccessibles aux supercalculateurs classiques, tout en poursuivant sa stratégie basée sur les qubits supraconducteurs.

Microsoft Majorana 1, le processeur quantique ultime

Bluff ultime ou percée scientifique majeure ? 5 mois après l’annonce, personne n’a de réponse définitive à cette question. Microsoft affirme avoir franchi une étape décisive vers l’ordinateur quantique ultime avec son processeur expérimental Majorana 1, basé sur des qubits topologiques issus d’un nouvel état de la matière, bien que des défis techniques et un scepticisme scientifique persistent.

 

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L’avantage quantique à portée des entreprises