Le SDN, la virtualisation à tous les niveaux étant difficile à mettre en oeuvre immediatement,  le groupe franco-américain propose déjà de relier les datacenters dans une logique d’extension de l’existant.

En ouverture de la semaine du forum SDN et MPLS qui se déroule à Paris, à l’hôtel Marriott rive gauche, Alcatel avait réuni ses partenaires pour leur présenter ses nouveaux outils SDN pour les datacenters. Ceux-ci justement peuvent rapidement profiter des fonctions de virtualisation offertes par son routeur 7750 qui lui-même se décline en 5 versions de capacités très différentes.

La grande promesse de la virtualisation des réseaux, que ce soit chez les opérateurs avec les fonctions « NFV » et dans les entreprises utilisatrices avec le « SDN » tient à la perspective d’une simplification de l’administration des réseaux mais aussi de matériel de commutation de réseaux « standard » moins couteux de niveaux 2 ou 3. L’objectif est aussi de gérer simplement l’infrastructure avec des logiciels centralisés sur des serveurs banalisés. L’économie est substantielle à l’exploitation, mais réclamera de toute manière de gros investissements au départ. C’est une menace potentielle pour leurs grands équipementiers comme Cisco, Alcatel ou Juniper qui vivent depuis des lustres sur de simples mises à jour de leur matériel, même si Cisco proposait une véritable révolution SDN en novembre dernier.

Alcatel dope ses routeurs

L’objectif d’Alcatel avec son routeur 7750 dopé au SDN est donc de proposer une transition douce entre les équipements IP/MPLS et des sous-ensembles complètement programmables et virtualisés. Elle offre en particulier les fonctions E-VPN qui selon la documentation « fournit un plan de commande flexible qui permet une connectivité « intra sous réseau » dans un réseau IP / MPLS . » Dans les datacenters, il existe également un besoin d’interconnexion dynamique de sous-réseau pour des « systèmes provisoires » comme les taches virtualisés AWS (Amazon web services) ou des terminaux physiques ou virtuels et ne peuvent pas soutenir leurs propres protocoles de routage. Bref, pour router les différents services virtualisés, il faut être capable d’offrir une tuyauterie qui soit elle-même programmable à la demande et c’est ce qu’offre Alcatel avec la version 12 de l’operating system des 7750. La suite de virtualisation VSP, beaucoup plus globale (voir ci-dessous)  destinée aux opérateurs fera aussi l’objet d’une présentation sur laquelle nous reviendrons.
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LE SDN: une simplification et une économie espérée

Pour ceux qui n’auraient pas eu le temps de s’y intéresser, rappelons que l’objectif du SDN est de rendre le réseau programmable en séparant les systèmes de commandes de celui du plan de routages des données vers des adresses connues. Le principe fonctionne grâce à des commutateurs pilotés par un seul contrôleur SDN, fonctionnant avec le protocole Open Flow. Cette séparation permet de simplifier les différents éléments du réseau en concentrant toute l’intelligence sur le contrôleur. Vis-à-vis des nouvelles fonctions de virtualisation « NFV » des réseaux d’opérateurs, la programmation du réseau d’entreprise liée au SDN (Software Defined Network) est beaucoup plus radicale car elle consiste à piloter le réseau de l’extérieur en le provisionnant selon les besoins des applications. Pour les différents éléments du réseau, le traitement pourra s’effectuer à la carte. Pour des raisons économiques, les réseaux privés seront certainement « tronçonnés » à la manière des réseaux d’opérateurs pour offrir des fonctions de virtualisation aux endroits les plus intéressants. En particulier pour agréger les « tuyaux » entre différents serveurs distants afin d’optimiser les temps de réponses.

Outre cette souplesse dans le « provisionning », on pourra aussi faire circuler les différentes applications virtualisées comme les firewalls afin d’optimiser leur rendement. Enfin jusqu’à présent, toutefois, selon les observateurs du marché télécom,  il semble que la recherche d’un Capex (Capital Expanditure) inférieur soit le seul objectif des opérateurs.

Pour Michel Combe, le PDG d’Alcatel Lucent, l’arrivée du SDN et de la virtualisation est une nécessité. Sur son blog, il précise : « En termes d’infrastructures, le moment est venu pour les opérateurs de passer aux réseaux IP, soutenus par les infrastructures virtualisées, basés sur la technologie de Cloud tout IP .» Ce sera une transition difficile pour un marché construit autour de fournisseurs historiques de services en lutte avec de nouveaux acteurs toujours capables de perturber le paysage industriel.

L’Europe doit également innover et investir dans les applications. Aujourd’hui, huit des dix meilleurs plates-formes mondiales de l’Internet sont américaines. Les deux autres sont chinoises. Un nouveau modèle de répartition du travail international semble prendre forme dans laquelle les opérateurs rentables sont aux États-Unis et les plates-formes Internet américaines profitent de la valeur résiduelle en Europe, tandis que les centres de développement d’applications sont en Inde et la fabrication en Chine.