Comme évoqué il y a quelques semaines, NVidia ne va finalement pas acquérir ARM. L’opération n’a pas reçu les approbations nécessaires. ARM doit repenser son futur et nomme un nouveau CEO.

Cette fois, c’est officiel. Softbank, propriétaire d’ARM, et NVidia confirment avoir mis fin au deal annoncé en septembre 2020 qui devait voir NVidia racheter ARM pour 44 milliards de dollars.
Après 18 mois d’âpres négociations avec les instances internationales de régulation, les challenges se sont révélés trop complexes. Entre le gouvernement britannique fermement opposé à cette vente notamment pour d’obscures raisons de « sécurité nationale », des Chinois qui réclamaient au moins 18 mois supplémentaires pour analyser le dossier et la pression d’Apple, Google, Qualcomm, Intel et Amazon inquiets des impacts d’un tel deal sur leurs partenariats avec ARM, NVidia a donc préféré jeter l’éponge comme nous l’évoquions début janvier.

Au passage on notera que la Chine a en revanche donné il y a quelques jours son feu vert à l’acquisition de Xilinx (pionnier des FPGAs) par AMD, un deal annoncé quelques semaines après celui NVidia/ARM. Un autre coup dur pour NVidia.

Pour ARM, il s’agit désormais de retrouver une dynamique. L’échec du rachat se traduit par le départ de son CEO et membre du conseil d’administration, Simon Segars (un des pionniers d’ARM, 16ème employé de l’entreprise britannique, qui a dirigé le développement d’ARM7 avant de devenir CEO de l’entreprise en 2013. Il est remplacé par Rene Haas, en charge des propriétés intellectuelles d’ARM depuis 2017.

Rene Haas a pour mission de préparer l’introduction en bourse d’ARM, option privilégiée par Softbank depuis quelques semaines alors que l’échec du deal prévu paraissait inévitable.
« En tant qu’innovateurs de l’architecture de calcul la plus populaire du secteur, ARM a changé des vies dans le monde entier en fournissant la technologie au cœur de la révolution des smartphones. Nous sommes maintenant positionnés de manière unique pour répondre aux diverses demandes de l’IA, du cloud, de l’IoT, de l’automobile et du Metaverse. Et avec l’incertitude de ces derniers mois derrière nous, nous sommes animés d’une nouvelle énergie pour passer à une stratégie de croissance et changer des vies dans le monde entier – encore une fois » déclare Rene Haas.

ARM va donc chercher une IPO alors que le marché connaît toujours une grave pénurie de composants, que les Chinois investissent des milliards pour acquérir une indépendance dans la création de CPU, qu’Intel revient en force avec sa génération Alder Lake (et a rejoint cette semaine l’alliance open source Risc-V) et que Qualcomm et Apple tout en exploitant les technologies ARM s’éloignent de plus en plus des designs officiels. Autrement dit, les circonstances ne sont peut-être pas aussi favorables qu’avant l’annonce du deal.

Du côté de NVidia, l’échec du deal aura coûté à minima 1,4 milliard de dollars en frais de rupture prépayés. Le leader des GPU n’abandonne pas cependant son intérêt pour les CPU. L’an dernier, il avait annoncé ces propres processeurs Grace. Et selon de multiples sources, l’entreprise aurait également étendu ses investissements R&D en matière de CPU ces dernières semaines.