Le marché du PC de « gaming » attire toutes les attentions des fabricants de cartes graphiques, des constructeurs de PC et désormais les fondeurs de processeurs CPU. AMD et Intel ont introduit cette semaine leurs nouvelles générations de processeurs PC. Ils sont ouvertement estampillés « Gamers ».

On savait depuis plusieurs semaines qu’AMD allait annoncer sa nouvelle génération de processeurs pour PC de bureau basé sur la troisième évolution de son architecture Zen qui a su séduire aussi bien sur les consoles Next Gen, sur les PC de Bureau (avec les familles de CPU Ryzen) et sur les serveurs (avec les familles Epyc).

La surprise est venue d’Intel qui a tenté de chiper la vedette en annonçant ses processeurs pour PC de bureau Intel Core de 11ème génération, aussi appelés « Rocket Lake ».

Dans les deux cas – même si cette nouvelle génération est destinée à animer des PC de bureau comme des workstations – la cible ouvertement affichée par cette nouvelle génération de processeurs n’est autre que le marché des hardcores gamers, ces fanatiques du jeu vidéo qui sont prêts à dépenser des fortunes pour des machines de compétition à la puissance et au look un rien démesurés.

Intel cherche à occuper l’espace

Commençons par le voleur d’actualité du moment. Histoire qu’AMD ne s’accapare pas toute l’actualité, Intel a dévoilé 24H avant la conférence d’AMD, sa 11ème génération de processeurs Core i pour « PC Desktop », même si celle-ci ne sera pas disponible avant le premier trimestre 2021 ! Rappelons qu’Intel avait déjà lancé début septembre la 11ème génération de Core i « mobiles » dénommée « Tiger Lake ».

La 11ème génération des processeurs pour les PC de bureau porte le nom de code « Rocket Lake ». « Ce sera un autre processeur fantastique pour le gaming » explique John Bonini, VP & GM of Client Computing Group, Workstations & Gaming chez Intel positionnant ainsi clairement et immédiatement le marché de prédilection de ces nouveaux processeurs. Avant de rappeler à qui veut bien l’entendre que « le Gaming est dans l’ADN d’Intel ».

On retrouve sur ces nouveaux CPU certaines des nouveautés des nouveaux processeurs mobiles à commencer par le support de PCI Express 4.0 (indispensable aux nouvelles cartes RTX 30×0 de NVidia) et probablement, même si ça n’a pas été confirmé, le support de Thunderbolt 4 et de WiFi 6.
De même, le « Rocket Lake » héritera du nouvel étage graphique « Intel Xe » de ses petits frères mobiles même si, à priori, ce genre de processeurs est systématiquement accouplé avec une carte graphique de gaming NVIDIA RTX ou AMD Radeon RX.

En revanche, il semble déjà acquis que les processeurs Rocket Lake resteront gravés en 14 nm, contrairement à la gamme Tiger Lake (qui est gravée en 10 nm). La finesse de gravure 10 nm n’est pas attendue sur les CPU « Desktops » d’Intel avant la génération « Alder Lake » qui pourrait finalement arriver dès la fin 2021 rendant la vie de la génération « Rocket Lake » relativement courte. D’autant que, selon nos informations, « Alder Lake » inaugurera le premier processeur grand public d’Intel livré en 16 cœurs (et 32 threads).
On notera qu’Intel n’a pas précisé le nombre de cœurs disponibles sur son Rocket Lake mais il ne devrait pas excéder le nombre de 8 (et donc 16 threads).

AMD bouscule Intel dans tous les compartiments

AMD a comme prévu officialisé sa nouvelle gamme de processeurs « AMD Ryzen 5000 series ». Ces processeurs s’appuient sur la nouvelle architecture Zen 3 et représentent selon le constructeur le saut en performance le plus important depuis l’introduction des premiers processeurs Zen. Ils sont gravés en 7nm. En moyenne, les nouveaux Ryzen 5000 offrent un gain de performance de 19% par rapport à la génération précédente. Le haut de gamme, le Ryzen 9 5950X dispose de 16 cœurs (32 threads) cadencés à 3,4 GHz avec un boost à 4,9 GHz, le tout avec un TDP de 105W. Selon les benchs montrés par AMD, il offrirait un gain de performance jusqu’à 21% sur les jeux comparés à l’actuel haut de gamme d’Intel (le Core i9 10900K).

Jusqu’ici les processeurs Ryzen se révélaient souvent plus performants que leurs concurrents Intel sur les benchmarks multithread. « Aujourd’hui, nous sommes extrêmement fiers d’offrir ce que la communauté et nos clients ont pris l’habitude d’attendre des processeurs Ryzen : des performances de pointe en simple cœur comme en multicœur et un véritable leadership sur les jeux » s’enthousiasme Saeid Moshkelani, senior vice president and general manager, client business unit, AMD. Car tout comme Intel, c’est bien le marché du gaming qui est visé en priorité. D’ailleurs, la page d’accueil du site AMD présentant les nouveaux processeurs est titrée « Le jeu sans limite ».
La gamme démarre à 299 $ avec le processeur AMD Ryzen 5 5600X doté de 6 cœurs cadencés à 3,7 GHz.

Vous l’aurez compris, ces processeurs vont finir en priorité sur les machines de gamers. Mais, qui peut le plus peut le moins, et ils sont évidemment tout aussi performants sur les tâches bureautiques, les tâches multimédias et toutes les tâches créatives notamment lorsqu’il s’agit de manipuler des modélisations 3D.

Une chose est sûre, nos ordinateurs de bureau vont pouvoir prochainement bénéficier de processeurs à 16 cœurs pour un prix accessible. Une étape importante dans l’évolution technologique du PC qui bénéficiera en priorité aux développeurs ainsi qu’aux utilisateurs avancés pratiquant la virtualisation sur leur PC ou analysant d’importants flux de données pour alimenter des IA.
Et une étape qui va dans le sens opposé à une autre tendance : celle d’utiliser des PC minimalistes avec des bureaux Windows hébergés dans le cloud sur des serveurs performants à l’instar du Cloud PC qui tient dans la main d’Alibaba Cloud.

Le marché du PC et de la machine de bureau est en train de se redessiner.

Alors qu’Apple compte désormais sur ses propres processeurs ARM estampillés « Apple Silicon » pour ses Macs, la guerre que se livrent Intel et AMD permet aux processeurs x86 de maintenir une avance stratégique sur le marché clé du gaming. Une course à la performance qui ne se fait pas au détriment de la consommation énergétique puisque la nouvelle génération est plutôt plus économe que la précédente.