Carl Eschenbach, le Vice président de VMware, (photo ci-dessous), lors de la seconde journée de VMWorld à Barcelone, a présenté une informatique divisée en quatre pour promouvoir sa vision du monde : le Software Defined Data center.
Le Software Defined Data Center, le data center piloté par logiciels virtualisés, c’est la vision de VMware.
La firme synonyme de virtualisation propose vSphere pour la partie compute, NSX pour la partie réseau et vSAN ou Virtual Volumes pour le stockage, et bien sûr, son offre pour les clouds, qu’ils soient privés, hybrides ou publics.
Première annonce de l’exposition catalane, des services via le cloud que VMware va proposer en France désormais à partir de l’Allemagne. Avec son vCloud air on demand, l’ex vCloud Hybrid Service (vCHS), VMware va faire la promotion de nombreux services. Il s’agira de la gestion des postes client en VDI, du stockage de données issue de la plate-forme EMC Vipr, des bases de données «as a service » avec MySQL et SQL. La sauvegarde, la gestion après désastre (Disaster Recovery), toute la panoplie des outils de l’éditeur sera apparemment disponible en ligne.
Interrogé sur le fait que cette offre en direct concurrençait directement tous les intégrateurs partenaires, Sanjey Poonen, le président en charge de l’offre end computing avec le VDI, précisait. « C’est une demande qui vient de nos clients. Ils veulent que les migrations soient assurées par l’éditeur. C’est un moyen de présenter nos offres en grandeur réelle. » Interrogé sur la création d’un futur data center en France, Marc Frentzel, le directeur technique Europe du sud, a précisé que ce n’était pas dans les projets actuellement et que l’Allemagne était très bien reliée par fibre optique à l’hexagone et que plusieurs intégrateurs proposaient déjà certains de ces services. Colt, en particulier, propose les services Horizon (VDI) à partir de ses systèmes en France.
Vrealize pour administrer le cloud
La deuxième annonce concerne l’administration des clouds avec la nouvelle version de vRealize Suite qui est proposée désormais dans sa version 6. L’idée est d’administrer aussi bien l’environnement virtuel que physique à partir d’une seule console. La suite est composée d’un certain nombre de modules que l’on peut acheter en fonction de son avancement dans le cloud. La suite est déjà vendue aux USA, selon deux formules Advanced (6 750 dollars par CPU) et Entreprise (9 950 par CPU). Premier élément complémentaire, le nouveau VMware vRealize Code Stream permettra aux équipes de développeurs ( désormais, avec le cloud, ils sont considérés comme des Devops, c’est à dire plus opérationnels) de travailler dans une optique de mises à jour fréquentes des nouvelles versions d’applications. MvRealize Suite propose la gestion de l’automatisation, des opérations et l’IT Business management au sein d’une seule offre.
Second outil associé important, VMware vRealize Operations 6.0 offre la planification de la capacité et la gestion de projet. On retiendra aussi dans cette suite Air Compliance, un logiciel d’analyse de conformité en mode SaaS des infrastructures cloud pour répondre aux exigences réglementaires et de sécurité.
En attendant Vsphere 6
La troisième évolution était la plus attendue, il s’agit du produit phare de la firme, la version 6 de Vsphere. Mais elle ne sera pas vendue avant l’an prochain. D’après nos confrères anglo-saxons, elle devrait supporter jusqu’à 128 vCPU et 4 To de vRAM. Elle pourra prendre en charge des serveurs dotés de 480 CPU, de 12 To de RAM et de 64 To de stockage. Elle devrait surtout faciliter la gestion des containers, comme ceux de Docker, société avec laquelle la firme de Pat Elsinger a signé un accord de partenariat. Celui-ci précisant, lors sa conférence que : « l’hyperviseur de VMware n’avait pas à craindre l’arrivée des conteneurs« , certains spectateurs ont eu la puce à l’oreille et se sont mis soudainement à penser le contraire. Vsphere 6.0 intégrera un nouveau mécanisme pour rapidement déployer des VM, comme un conteneur, mais sans compromis pour la sécurité.
Dans l’une des conférences de VMWorld qui justifient le déplacement on a pu relever « que les stack VM pourront facilement être transférées, reproduites et contrôlées, assurant un niveau élevé de portabilité. Marc Frentzel précisait que le projet associé à Vsphere 6 connu sous le nom de Fargo est un « projet d’intégration associant l’accès aux applications d’un côté et la création rapide des applications pour les développeurs de l’autre ». Du tout VMware du sol au plafond en quelque sorte. La partie d’applications de » nouvelles générations pour le cloud » devant progresser de plus de 700%, même si en 2016 elles ne devraient encore représenter en chiffre d’affaire encore que le tiers des applications « traditionnelles’ virtualisées (voir capture ci-contre) .
Brave new world
Carl Eschenbach, le vice président de VM en prenant le titre « Brave new IT » pour sa conférence, faisait certainement appel à la notion de courage, de bravoure, celle de ses clients qui avaient osé innover dans le cloud avec les produits de VMware. Mais en reprenant l’essentiel du titre « Brave New World » le titre original du roman « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, chacun des observateurs n’a pas pu s’empêcher de penser que le data center piloté par logiciel, le SDDC de 2014 imaginé par Vmware où tout est coordonné à distance, ressemblait un peu au monde parfait, mais aussi un peu concentrationnaire du » Brave new world » de 1932. Dans le livre d’Huxley aussi, le secret du bonheur de la société qui pourrait être aussi celui du directeur informatique, tient à la cohésion parfaite de chaque élément de la structure. Chaque élément de la société, virtualisé dans le cas de VMware, où l’homme paraît disparaître, est toujours parfaitement programmé. Rien ne paraît échapper aussi à la vision de VMware.
Un monde de clients captifs
Le « meilleur des mondes » décrivait une sorte de prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader grâce à des divertissements cathodiques et des bonheurs programmés. La description d’un système informatique de totale dépendance ou celle d’une parfaite intégration de tous les systèmes, selon que l’on soit du coté client ou du coté vendeur, paraît parfois étouffant.
Mais Vmware n’est pas le premier à vouloir construire un écosystème fermé où les clients sont « protégés » ou verrouillés. Chaque éditeur de logiciel tente de créer un monopole sur un segment de marché où il détient un réel savoir-faire. Que l’on s’appelle IBM, Oracle, Microsoft, Adobe, Cisco ou Google, chacune de ces firmes tente ou a tenté d’imposer des interfaces, ses outils, ses valeurs, ses modes de distribution, parfois à géométrie variable au fil des années. Même Apple qui en 1984, s’était moqué lors du lancement du Macintosh de la domination des mainframes de « Big Blue » alias IBM comparé à Big Brother, le monstre du roman de George Orwell, 1984, a aussi fini par créer son propre monde fermé. Celui-ci est parfois la recette du succès pour les vendeurs mais souvent aussi la rançon du succès pour les clients. Chez VMware, le roi de l’hyperviseur, devenu une sorte de glu logicielle incontournable, le discours reste toutefois assez prudent, même si la tentation de piloter toutes les facettes de l’informatique est visible. La prise en compte des nouvelles technologies de containers, par exemple, montre que la virtualisation peut prendre encore de nouvelles formes et que rien n’est jamais acquis.