Les grandes multinationales sont nombreuses à utiliser des systèmes centraux (mainframes) qui fonctionnent en COBOL, un langage informatique développé dans les années 1960. Sachant que des centaines de milliards de lignes de code COBOL sont encore opérationnelles et que plus de 3 000 grandes entreprises parmi les plus importantes au monde utilisent toujours des applications mainframes patrimoniales, qui traitent plus de 70% des transactions mondiales, qu’on le veuille ou non les mainframes et le langage COBOL occupent toujours une place prépondérante au sein de l’infrastructure IT. Or cette technologie vieillissante et lente, coûte aussi incroyablement cher en maintenance. Les mainframes empêchent d’utiliser efficacement les technologies modernes et alourdissent la facture, si bien que ceux qui refusent de s’en séparer se font inévitablement distancer par des concurrents plus agiles.

Cet état de dépendance occasionne toujours plus d’inconvénients. Les mainframes patrimoniaux sont très loin de pouvoir rivaliser avec le rapport prix/performance des systèmes x86 bon marché déployés sur site et dans le cloud. Les compétences de techniciens spécialistes des mainframes sont clairement en voie de disparition. Les architectures des applications mainframes sont farouchement résistantes aux modèles DevOps agiles, que s’approprient volontiers les nouvelles sociétés nées avec et sur le web. Pris isolément, chacun de ces inconvénients suffit à encourager la migration, alors collectivement….

Pourquoi faut-il abandonner les systèmes mainframes ?

Les spécialistes de la gestion des applications mainframes qui ont sévi ces 40 dernières années sont pour la plupart à la retraite. Au vu de la pénurie annoncée de personnels IT spécialistes des mainframes, les plus grandes entreprises mondiales qui sont aussi parmi les plus anciennes ont de bonnes raisons de s’inquiéter :

  1. Qui va bien vouloir s’occuper de la maintenance de ces technologies, alors qu’il existe pléthore de perspectives d’innovations technologiques futures ?
  2. Qui aura l’expertise nécessaire pour réussir la migration des applications qui tournent sur ces systèmes mainframes, sachant que la disponibilité de ces applications stratégiques revêt une importance vitale ?
  3. A combien va se chiffrer le remplacement de l’ensemble des systèmes mainframes qui composent l’environnement IT d’une entreprise, et quel est le degré de difficulté d’un tel projet ?

Vient ensuite le risque d’une perte de compétitivité. Dans les salles IT obscures des plus grandes institutions financières mondiales, on estime volontiers que les mainframes sont fiables et que la migration vers de nouvelles plateformes se fera sans difficulté le moment venu. Or, dans la réalité, la différence de rapport prix/performance des mainframes par rapport à celui d’architectures IT plus modernes, à l’image des serveurs x86, croît de façon exponentielle, et cet écart n’en sera que plus flagrant dans quelques années. Toute banque qui s’accroche à son mainframe prend le risque de se faire distancer par des concurrents avantagés par les énormes économies et les formidables gains de performance offerts par les systèmes modernes.

Les banques traditionnelles s’opposent aussi à celles nées avec et sur le web. Ces dernières ne sont pas enchaînées à une infrastructure IT patrimoniale, elles sont donc libres d’exploiter des architectures applicatives modernes, sur le modèle de l’Open Source et du Cloud. Ces nouvelles architectures plus flexibles permettent aux entreprises de changer d’approche IT et d’intégrer de nouvelles solutions rapidement. C’est un sérieux risque pour la compétitivité des sociétés plus anciennes qui demeurent dépendantes de leurs systèmes mainframes.

Qu’est-ce qui empêche les entreprises d’opérer une migration ?

La dépendance vis-à-vis des systèmes patrimoniaux et les risques liés aux méthodes de migration conventionnelles.

Les mainframes sont profondément ancrés dans certains secteurs d’industrie. C’est notamment le cas dans la finance et les assurances, secteurs alors précurseurs de l’adoption de ces technologies. Mais cet avantage s’est mué en une arme à double tranchant. En effet, ces grandes entreprises dépensent encore des millions de dollars chaque année dans la maintenance de leurs technologies mainframes et dans de nouveaux investissements. C’est ce qui explique que les décideurs hésitent à abandonner la technologie et que ceux qui font tourner ces systèmes craignent les risques inhérents à un changement d’infrastructure.

Alors que ces entreprises ont commencé à faire tourner leurs applications mainframes dans de nouveaux environnements, elles mesurent les risques extrêmement élevés de devoir les migrer au moyen de méthodes conventionnelles, à savoir la reprogrammation, la ré-encapsulation et la recompilation de ces applications. La recompilation du code COBOL, opération onéreuse, peut durer des années et suppose des tests intensifs des fonctions applicatives, que même les développeurs les mieux qualifiés proches de la retraite ne sauraient entreprendre.

Pour toutes ces raisons, les entreprises envisagent la migration de leurs systèmes mainframes avec d’extrêmes précautions ; et elles sont bien avisées car, jusqu’à récemment, de tels projets de migration se sont soldés par un échec et une recompilation longue et coûteuse. Pour éviter de telles difficultés, l’industrie recommande de remplacer les fondations architecturales du mainframe par une solution logicielle à base de conteneur, qui permet de faire tourner les anciennes applications COBOL sur de nouvelles architectures, comme des serveurs X86.

Avec une approche logicielle, la migration des mainframes ne devrait nécessiter aucune recompilation des données ni langage de contrôle des programmes, et permet aux entreprises de faire tourner la plupart de leurs applications patrimoniales sur Red Hat Enterprise Linux et dans le Cloud. Cette approche évite aux DSI le dilemme du maintien des applications stratégiques sur d’anciens systèmes tout en ménageant et en optimisant la capacité d’innovation ; en effet, il est possible, postérieurement à la migration, de poursuivre le redéveloppement à grande échelle sur l’architecture applicative et donc de protéger durablement l’infrastructure IT.

Et ensuite ?

Une approche logicielle correctement mise en œuvre aide à réduire nettement les risques de la migration d’anciens mainframes. Nul ne sera tenu d’abandonner d’un coup l’ensemble des systèmes patrimoniaux de son entreprise, mais les DSI auront désormais le choix d’adopter le Cloud et une infrastructure IT à base de systèmes open source pour préserver durablement les performances de leur entreprise à l’avenir. Les entreprises pourraient enfin commencer à se libérer des contraintes des systèmes mainframes et j’espère qu’elles saisiront l’occasion de choisir la liberté.