La même semaine, trois des principaux fournisseurs de services cloud, Amazon Web Services, Google et Microsoft, ont procédé à une baisse importante de leur grille de tarification.
Depuis, le début de son activité, Amazon Web Services a baissé le prix de ses services à 42 reprises, pas tant « sur la pression de la concurrence, explique Stephan Hadinger, Senior Manager Solutions Architecture d’AWS, mais plus pour répercuter la baisse des coûts de production après de nos clients » (Amazon Web Services tisse sa toile). Possible, mais il se trouve que les trois fournisseurs de services cloud ont baissé drastiquement leurs prix la même semaine. Avec le cloud, la comparaison des prix devient facile à faire dans la mesure où la définition des services est assez standard et où le nombre de paramètres pour en juger est relativement limité. De telle sorte que la comparaison est beaucoup plus facile, d’autant que les prix sont affichés sur les sites Web des fournisseurs. Google et Microsoft ont répondu du tac au tac. Microsoft annonçait des réductions de 35 % sur les machines virtuelles et jusqu’à 65 % sur le stockage applicables à partir du 1er mai. Sur ce terrain des prix, c’est sans doute AWS qui donne le La étant sa position largement dominante sur ce marché.
Chez Google, la baisse concerne de nombreux services et est compris entre 30 et 85 %. La baisse la plus importante a été celle du service big data BigQuery On-demand qui a donc atteint 85 %. Pour l’heure, les environnements Linux de Red Hat (RHEL) et Suse (SLES) sont disponibles sur l’offre Compute Engine et Windows Server R2 l’est seulement de manière limitée.
Ces baisses de prix régulières seraient donc de nature à satisfaire les utilisateurs. En fait, c’est un peu situation en trompe-l’œil explique en substance Urs Hölzle, Senior Vice President de Google dans un article intitulé sur le blog Google Cloud Platform intitulé Blending IaaS and PaaS, Moore’s Law for the cloud. Sur les 5 dernières années, la baisse des prix s’est établie à environ 8 % par an alors que la baisse des prix du matériel, en s’appuyant sur la loi de Moore, est plutôt de l’ordre de 20 à 30 %. Et donc, les baisses auraient dû logiquement être plus importantes en conclut-il. Même si le raisonnement est un peu faussé dans la mesure où les coûts de services cloud ne sont pas liés aux seuls coûts des matériels, il y a notamment les licences logiciels et les salaires de personnels, on retiendra l’idée de base que la concurrence faisant rage entre les principaux acteurs, la pression à la baisse va se maintenir dans les années à venir.
Mais au-delà de cette tendance, les fournisseurs de services cloud vont devoir être créatifs pour trouver de nouvelles grilles tarifaires. Sur ce point, Google vient d’annoncer un nouveau modèle de prix baptisé Sustained-Use Discounts. Le principe est relativement simple : A partir d’un certain niveau d’utilisation d’une instance pendant un mois, le client bénéficie d’une remise de prix. Les remises démarrent à partir du moment où un client dépasse 25 % d’utilisation dans le mois d’une machine virtuelle. Pour une utilisation complète sur le mois, il bénéficie d’une réduction supplémentaire de 30 % pour une remise totale de 53 %. Les réductions sont calculées automatiquement par tranche de 25 % (Ci-dessous un exemple de prix pour une consommation de 75 % d’une VM sur le mois). Le prix réel à payer s’établit à 30,34 $ pour le mois au lieu de 37,80 $.
Usage level (% of month) for an n1-standard-1 instance |
% of base rate usage charge |
Example rate (USD/per hour) |
Calculated charges, assuming 30-day month |
First 0-25% of usage | 100% | $0.07 (base rate) |
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Usage between 25%-50% of the month | 80% | $0.056 |
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Usage between 50%-75% of the month | 60% | $0.042 |
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(Source : Google)
Cette tarification est un peu contre-intuitive lorsqu’on la compare par exemple aux forfaits de téléphonie mobile où le dépassement du forfait entraîne au contraire une hausse vertigineuse des prix de la consommation supplémentaire.
Un des avantages du cloud est ce que l’on appelle l’élasticité c’est-à-dire la possibilité de prendre en charge la fluctuation des besoins et notamment la capacité à absorber l’évolution de la charge. Une fois atteint un certain plateau, certains clients, notamment les éditeurs de logiciels, avaient la tentation logique de créer leur propre data center pour héberger leurs solutions. Avec cette nouvelle tarification, Google tente donc de dissuader les clients de créer leur propre infrastructure et de les convaincre de continuer à utiliser leurs services.
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Pour une comparaison sur les différents services cloud, voir l’article suivant publié par le cabinet RightScale Cloud Management: Cloud Price Reductions: A Definitive Analysis of 2013 Trends