Pour le président de l’ONF, présent au Congrès MLPS-SDN à Paris, les opérateurs sont très motivés par le SDN pour créer plus rapidement des services en ligne.

Si toutes les entreprises ne voient pas encore leurs intérêts dans le SDN (Software Defined Network), les opérateurs y ont compris le leur. Dan Pitt, un vétéran des télécommunications est le président de l’ONF (Open networking foundation), une association qui a été lancée en 2011 par Deutsche Telekom, Facebook, Google, Microsoft, Verizon et Yahoo afin de normaliser le SDN et OpenFlow. L’ONF comporte 133 membres depuis l’arrivée récente de trois acteurs de la mesure de performance : Cosmos, 6wind et Ubiqube. Le SDN est né de la nécessité de simplifier les réseaux en les virtualisant et en les rendant programmables facilement. C’était un objectif irréalisable avec plusieurs milliers de protocoles actuellement en cours, en particulier sur les routeurs. Le succès de structures comme Google et Amazon – qui disposent en interne de réseaux totalement virtualisés  – montre qu’il y a un réel avantage économique à disposer de la souplesse de la virtualisation pour créer rapidement des services en ligne de type Cloud.

Dan Pitt

InformatiqueNews : En tant que promoteur du SDN, quels sont vos objectifs ?

Dan Pitt : C’est simple, on a trois objectifs comme A, B et C
A comme Advanced Open SDN, le futur SDN…
B comme (Build) Construire : un «vrai » protocole open flow
C, comme Convertir les utilisateurs au SDN.

InformatiqueNews : Quel est le rôle du protocole OpenFlow dans le SDN ?

Lorsque vous parlez de « vrai » OpenFlow, on a l’impression que le protocole OpenFlow reste à construire, chaque constructeur aurait-il développé sa propre version ?

Dan Pitt : oui, c’est le souci et notre rôle, parmi d’autres, est de rendre ces différentes versions compatibles entre elles. Mais l’OpenFlow n’est que l’une des trois composantes du SDN.

La première, pour l’infrastructure rappelons le, est la fonction d’expédition des paquets (le forwarding), qui est désormais séparée de la fonction de contrôle. Le «forwarding : c’est le traitement des paquets dans les commutateurs du réseau. Le contrôle, pour sa part, est logiquement centralisé dans le système d’exploitation du réseau. Ces deux éléments de bases sont reliés par Open Flow dans le dessin ci-dessous.

Le deuxième composant est donc le protocole OpenFlow lui-même qui transmet aux commutateurs les tables de transfert dont ils ont besoin pour traiter les paquets. Avant le SDN, et c’est encore le cas presque partout, ce sont les routeurs eux-mêmes qui doivent décider des trajectoires, après l’envoi des modifications des table de routage; ce qui réclame beaucoup plus d’opérations successives.

La troisième composante du réseau est l’interface de programmation du système d’exploitation de réseau, ce qui rend en fait la programmation de réseau, d’où l’expression du réseau « défini par logiciel ». Avec la séparation de transmission et de contrôle, mais sans OpenFlow, il faudrait trouver un autre moyen de transport des tables de transferts pour les commutateurs OpenFlow qui est la norme pour notre industrie dont le but reste extrêmement général.

Dans le dessin ci-dessous , la couche de contrôle et celle d’infrastructure sont reliées par l’open Flow. Pour l’ONF,  la partie matériel rassemble le traitement et le contrôle qui se retrouve dans la partie inférieure, l’Open flow étant aussi important que la couche application et le hardware.

sdn-3layers

InformatiqueNews : Quelle est la finalité du SDN ?

Dan Pitt : SDN permet aux opérateurs de réseau et aux entreprises de créer et de proposer de nouveaux services virtuellement à tout moment en utilisant du logiciel ordinaire. En faisant abstraction de la mise en réseau, à travers le jeu d’instruction d’OpenFlow, les réseaux peuvent désormais être virtualisés et traités par des applications comme les ressources logiques. De ce côté, c‘est très ouvert.

InformatiqueNews : Quelles sont les dernières évolutions de L’ONF ?

Dan Pitt : On a crée un groupe de travail pour les fabricants de chips pour répondre à deux besoins, d’une part intégrer une partie d’open flow dans le silicone et, d’autre part, améliorer le design afin de faciliter l’intégration via des API. Mellanox, Broadcom, Intel et une dizaine d’autres fondeurs y travaillent activement.

Par ailleurs, on vient d’annoncer avec l’ETSI (European telecommunications standards institut), une « collaboration stratégique » sur le SDN (Software Defined Network) et le NFV (Network Functions Virtualization) qui s’adresse principalement aux opérateurs. On va étudier l’application des protocoles de configuration et de contrôle du SDN comme base pour l’infrastructure des réseaux qui supportent NFV, et inversement les possibilités que NFV met en œuvre pour virtualiser les fonctions de forwarding.

Plus précisément, on va travailler sur les moyens de développer des connexions sécurisées et persistantes entre les différentes fonctions NFV. En outre, ils vont étudier les protocoles de configuration et de contrôle SDN pour savoir s’ils pourraient servir au fondement des infrastructures de réseau qui supportent le NFV.

InformatiqueNews : Finalement, les fonctions NFV pourraient à l’avenir n’être qu’un sous-ensemble des fonctions du SDN ?

Dan Pitt : Oui, dans une certaine mesure. Les opérateurs sont les premiers utilisateurs à vouloir simplifier leurs réseaux en portant, en particulier, les fonctions d’administration sur des serveurs économiques. Il y a, si l’on veut, trois cercles qui s’entrecroisent : le NFV, le SDN et les applications open source. Et au centre se coupent les trois cercles, on retrouve des développements qui profitent à nos trois communautés. Vodafone et Telefonica sont très actifs dans l’open source par exemple. Les opérateurs voient bien que des structures comme Amazon, Netflix ou Google ont des structures entièrement virtualisées qui monopolisent la bande passante devenus. Il leur faut réagir pour offrir de nouveaux services et cela passe par l’adoption du NFV et des équipements SDN qui facilitent la création de services dans le cloud. On voit bien qu’il y a désormais une forme d’urgence qui n’existait pas il y a deux ans.

 InformatiqueNews : Parmi les constructeurs, qui sont les plus actifs ?

Vous soulignez que l’open flow utilisé n’était pas le même chez tous les constructeurs. Certains sont plus coopératifs et d’autres plus centrés sur leurs propres outils ?

Dan Pitt : HP, Nec ou Huawei surtout, sont très ouverts et partagent une bonne partie de leurs développements, d’autres comme Cisco sont plus réservés. Mais tous, en tous cas, participent avec intérêt à toutes nos réunions et y apportent des points de vues très utiles. Microsoft en particulier s’investit de plus en plus. Mais je comprends très bien que les firmes développent des services qui leurs soient propres pour favoriser leurs écosystèmes. On ne cherche pas à tout normaliser… Mais il faut une base commune pour que les réseaux communiquent entre eux. C’est l’intérêt de L’ONF.