Selon l’étude IDC « IoT in Europe 2016 », le marché européen de l’Internet des Objets (Internet of Things) devrait représenter 20% du marché mondial en 2019. L’Allemagne, le Royaume-Uni et la France devraient être les trois pays leaders en terme de taux de croissance.
Qu’ils soient au nombre de 25 milliards ou 75 milliards d’ici 2020, les objets connectés vont générer d’énormes quantités de données. Selon toute vraisemblance, l’IoT devrait améliorer notre façon de vivre, de travailler et de profiter de nos loisirs. Mais cette promesse ne pourra devenir une réalité que si les data centers sont capables de faire face à l’inexorable croissance des demandes en matière de données.
Ci-dessous les 5 critères clés que les opérateurs de data centers vont devoir considérer à l’heure de l’IoT :
1 – Interconnexion de Data Center (acronyme : DCI)
Les téraoctets de données produits par l’IoT vont très nettement amplifier les besoins en bande passante, demandant ainsi aux réseaux de supporter un trafic plus important que jamais. Or, pour que l’IoT soit pleinement performant, il existe un impératif : les données doivent pouvoir circuler librement et de façon sécurisée.
Par conséquent, le rôle du DCI revêt une importance majeure. Un niveau de bande-passante optimal doit pouvoir être garanti pour permettre aux données de passer de « l’objet » au data center. A l’heure des architectures de stockage distribués, ce niveau optimal de bande-passante doit être assuré également entre les data centers afin de faciliter leur analyse.
Cela est notamment critique pour les voitures intelligentes par exemple. De nombreuses données sont constamment reçues et analysées par des systèmes embarqués qui peuvent ensuite émettre des alertes pour tous types de dysfonctionnements, du défaut d’éclairage au déficit de pression dans les pneus. Lorsque l’utilisation des voitures sans chauffeur se généralisera, les données devront pouvoir rejoindre le data center en temps réel tout simplement pour éviter les risques de collision. Les avancées en matière des techniques cohérentes de transmission optique ont tracé la voie vers un taux de transmission de données de 100G voire au-delà, et ce sur n’importe quelle distance, améliorant ainsi grandement les performances DCI.
2° – Calcul et analyse
L’IoT va très certainement favoriser le développement de l’analyse des données. Un nombre incroyable de données structurées et non structurées va être généré, et des analyses informatiques intensives vont être nécessaires pour en dégager des informations exploitables et valorisables.
Les données de l’IoT sont généralement captées et filtrées dès leur entrée dans le data center pour créer de nouveaux flux utiles et valorisables. Ces flux sont transmis à de puissants appareils d’analyse utilisant des approches « Big Data » pour générer des informations utiles à la prise de décision.
Un réseau de connectivité DCI performant facilitant le développement de systèmes informatiques distribués et le stockage nécessaire à l’analyse Big Data sera requis pour exploiter les quantités importantes de données collectées provenant d’une variété de capteurs.
3 – Stockage
L’impact de l’IoT sur l’infrastructure de stockage doit également être considéré avec attention. Les opérateurs de data centers devront mettre l’accent sur les capacités de stockage distribuées et centralisées et ils devront vérifier si l’IT est en mesure de collecter et d’utiliser les données de l’IoT de façon rentable.
Jusqu’à maintenant, la nature plus prévisible du trafic a permis de simplifier le stockage, mais avec l’utilisation des smartphones, des montres, des voitures et d’une multitude d’autres objets connectés, les volumes de données sont en train d’exploser.
Les systèmes de stockage actuels sont en passe de devenir obsolètes. C’est une opportunité pour les entreprises qui peuvent alors adopter des services de stockage cloud supportant à la fois des données structurées et des données non structurées de façon sécurisée.
Par conséquent, le stockage ne doit plus être considéré localement. Dans le cloud, il offre flexibilité, évolutivité, conformité et une architecture sophistiquée pouvant recevoir un flux de données quasi-illimité.
4 – Disponibilité
Les smart grids ou encore les systèmes d’alertes vont faire circuler des données à partir desquelles il devra être possible d’agir de façon quasi instantanée. La garantie de performance des services et des réseaux doit donc être optimale. Un réseau de type opérateur va aider les opérateurs de data centers à éliminer les problèmes de connectivité réseau et assurer le transport du trafic aussi bien sur de courtes que de longues distances en fonction de la demande des applications.
Le temps de latence du réseau et de la gigue aura un impact sur la performance des applications connectées. Un patient pourrait être en danger si les données vitales qui doivent être monitorées par le personnel médical ne circulent pas rapidement et de façon sécurisée sur le réseau. Des situations comme celle-ci montrent bien à quel point la robustesse et la réduction du temps de latence seront des facteurs critiques à la performance des objets connectés.
5 – Sécurité
Dans un récent rapport, la Federal Trade Commission, l’agence américaine chargée de la protection des données personnelles, tire la sonnette d’alarme concernant les risques de sécurité auxquels peuvent être exposés les entreprises et les consommateurs. Même si les utilisateurs sont à l’origine des données transmises par les capteurs, ils n’en sont pas toujours les propriétaires. En effet, le plus souvent les données appartiennent aux organismes qui les collectent. Ces informations peuvent concerner des transactions financières, des données personnelles et des informations confidentielles d’entreprises. Cela implique donc de pouvoir s’appuyer sur des connexions réseaux fiables, robustes et sécurisées, nécessitant souvent le chiffrement du réseau.
Alors que le chiffrement et des règles strictes concernant l’accès aux données stockées sont largement utilisés pour se prémunir des éventuelles intrusions, les avancées en matière d’équipement réseau peuvent garantir de faible temps de latence et le chiffrement des données en mouvement. Une méthode qui permet de protéger les données de bout en bout, entre le moment où elles quittent le data center et le moment où elles rejoignent un autre. Le chiffrement au niveau du transport offre des performances de vitesse pour garantir que le processus n’endommage pas le trafic, n’allonge pas le temps de latence et ne modifie pas le contenu. Les opérateurs de data center doivent assurer leur conformité, d’autant plus que les codes et les réglementations concernant le stockage, l’accès et l’analyse des données varient d’un pays à l’autre.
Jusqu’alors, les améliorations que l’on prête à l’IoT étaient considérées purement imaginaires. Elles sont aujourd’hui en passe de devenir réalité et d’offrir un choix infini de possibilités qui vont bouleverser notre façon de vivre et de travailler. Cependant, si la problématique du transport des données de l’IoT n’est pas adressée à l’intérieur et à l’extérieur du data center, les bénéfices vont se faire attendre et l’adoption de l’IoT s’en trouvera fortement ralentie.
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Virginie Hollebecque est Vice-Présidente, EMEA Sales chez Ciena