Pour la première fois depuis plus de 18 mois, les ventes de PC n’affichent plus une croissance à deux chiffres. Néanmoins le marché reste vivace malgré sa maturité et la pénurie de composants.
L’an dernier fût une année exceptionnelle pour les ventes de PC, les confinements ayant boosté les renouvellements d’équipement et encouragé les foyers à mieux s’équiper pour permettre aux enfants d’étudier et aux parents de télétravailler, chacun avec sa propre machine.
La pandémie et les confinements sont en partie passés, mais les ventes de PC demeurent plus fortes qu’à l’accoutumée (rappelons que jusqu’en 2019 le marché n’avait cessé de décroître pendant près de 10 ans). Pour IDC, le marché des PC a connu une croissance de 3,9 au troisième trimestre 2021 par rapport au même trimestre de l’an dernier. Pour Canalys, cette croissance serait même de 5%. À l’inverse, pour Gartner, cette croissance se limiterait à 1%.
Bien évidemment, comparés à 2020, les chiffres paraissent ternes : à la même période en 2020 le marché avait connu sa plus forte hausse historique depuis plus de 10 ans avec 14% de croissance. Mais les conditions étaient très différentes et exceptionnelles.
Canalys note que c’est la première fois depuis 6 trimestres que les ventes de PC se situent sous la barre des 10%, mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue c’est qu’il s’agit là de 6 trimestres pandémiques.
Dès lors, cette croissance entre 4 et 5% reste une bonne nouvelle pour une industrie du PC extrêmement marquée et handicapée par la pénurie de composants.
« Plus d’un an après le début de la pandémie, la fabrication continue d’être entravée par les blocages et d’autres restrictions liées au COVID-19, en particulier en Asie,» écrit Ishan Dutt, analyste principal de Canalys. « Cela a été aggravé par un ralentissement massif du transport mondial, avec des prix du fret et des délais qui montent en flèche, alors que plusieurs industries sont en concurrence pour répondre à une demande non satisfaite. Le déficit de fourniture de PC devrait durer jusqu’en 2022, et la saison des fêtes de cette année devrait voir une partie importante des commandes non satisfaites. »
Même son de cloche chez IDC. « L’industrie du PC continue d’être entravée par les problèmes de logistique et d’approvisionnement et, malheureusement, ces problèmes n’ont pas connu beaucoup d’amélioration ces derniers mois », reconnaît Jitesh Ubrani, directeur de recherche pour les traqueurs d’appareils mobiles et de consommateurs d’IDC. Avant d’alerter : « Compte tenu de la situation actuelle, certains fournisseurs réajustent les priorités d’expéditions entre différents marchés, ce qui permet aux marchés émergents de maintenir l’élan de croissance tandis que certains marchés matures commencent à ralentir. »
Les chiffres plus pessimistes du Gartner s’expliquent probablement par à prise en compte de modèles un peu différents (comme les Surface Go et Pro) et des Chromebooks. Or les ventes de Chromebooks ont dévissé, largement, sur ce troisième trimestre pourtant traditionnellement porteur pour ces machines qui répondent bien aux besoins des étudiants. Selon Gartner, elles chutent de 17% par rapport au troisième trimestre 2020. « Alors que de nombreuses écoles dans le monde ont rouvert, il n’y a plus de besoin immédiat de PC et de Chromebooks pour soutenir l’éducation à domicile » estime Mikako Kitagawa, directrice de la recherche chez Gartner.
Par ailleurs, Gartner note que les chiffres de vente de PC en Asie sont marqués par une importante baisse des ventes au Japon : « Outre la fin de l’aide gouvernementale pour financer l’achat de matériel éducatif, la réticence des entreprises japonaises à adopter une approche de travail hybride a également eu une incidence significative sur la croissance globale du marché » explique Gartner.
Pour les trois cabinets d’analyse de marché, le podium est très similaire. Lenovo reste en tête devant HP, Dell, Apple puis Acer et Asus à égalité. On notera cependant que le seul constructeur de ce TOP 6 à connaître un recul sur ce trimestre est HP qui, avec la pénurie de composants, semble avoir perdu de son dynamisme de l’an dernier.