La pandémie n’a pas été sans conséquences pour les acteurs du secteur financier. À l’image d’un signal d’alarme, elle a accéléré les bouleversements technologiques au sein des banques mondiales, tout en engendrant de nouvelles attentes chez les clients, et de nouvelles formes de concurrence et d’opportunités.

Comme en témoignent les accords successifs de Bâle, la réglementation européenne DS2P encadrant l’Open Banking ou encore les ambitions récentes de la CNIL pour la régulation des paiements, le secteur financier est l’un des plus réglementés en raison de son caractère fragile et essentiel. Ainsi, la gestion des données par les banques connait encore de nombreuses limites du fait de ces exigences réglementaires. Le rôle de « tiers de confiance » que les clients accordent aux banques accentue ce phénomène puisqu’elles doivent alors tout mettre en œuvre pour conjuguer la protection des économies et des données personnelles de leurs clients.

Or, plus que jamais, les institutions financières doivent jouer un rôle clé durant cette période de refonte et de renforcement des économies, qui va bien au-delà du soutien à la reprise des activités. Leur investissement dans le numérique est désormais primordial afin d’assurer que l’économie locale suive le mouvement et se transforme en une économie véritablement numérique. Dans le cadre de cette course à l’innovation et à l’agilité, des choix adéquats doivent être pris afin de favoriser la libération du potentiel des données des acteurs financiers, tout en gardant un œil sur l’évolution du secteur et l’apparition de nouveaux risques.

L’agilité et la digitalisation : deux prérequis nécessaires aux banques

En matière d’innovation, les acteurs du secteur financier ont toujours fait preuve d’une très grande avance. Cette dynamique s’explique par la multiplication de nouvelles technologies au service des entreprises et d’un réflexe généralisé vers la transformation numérique. Cependant, ajoutée aux réglementations en vigueur déjà contraignantes, la présence massive d’infrastructures technologiques traditionnelles constitue un frein pour le secteur financier. En ce sens, il est absolument nécessaire que les acteurs du secteur se tournent vers le numérique. Pour se faire, ils doivent alors accélérer leur adoption du cloud mais aussi du SaaS et des containers. Par ailleurs, certains grands noms de la banque en France ont déjà fait le choix de cette stratégie depuis quelques années.

Actuellement, les banques et les assurances traditionnelles sont confrontées à l’enjeu principal suivant :  gagner en agilité applicative et en développement. En d’autres termes, elles doivent être capables d’accélérer la création d’applications afin de répondre à l’émergence de nouveaux métiers et de nouvelles attentes. L’objectif est de s’armer face à leurs principaux concurrents, les fintechs et assurtechs, qui gagnent progressivement des parts de marché en s’immisçant entre elles et les clients. Se tourner vers le cloud, les containers ou le DevOps semble désormais indispensable pour les banques.

Cette situation s’illustre parfaitement avec l’exemple suivant :  les assureurs se positionnent largement sur le marché en plein essor des véhicules autonomes. Or, pour alimenter l’innovation et le développement de ce type de véhicule, il est essentiel de collecter différents types de données. Les assureurs doivent alors développer de nouveaux produits afin d’être certains d’occuper un rôle clé sur ce marché, aux côtés des constructeurs automobiles, et éviter qu’une fintech ne prenne leur place.

Surmonter de nouveaux risques

Si la dynamique de transformation numérique apporte des opportunités aux institutions financières, elle les confronte aussi à davantage d’incertitude et de nouvelles menaces. Du fait de leurs données très sensibles, ces institutions représentent le cœur de cible des hackers. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI), une cyberattaque sur quatre aurait touché les entreprises du secteur financier entre 2019 et 2020.

Au-delà du risque cyber et de l’essor du rôle des fintechs, les banques doivent également faire face à un nouveau phénomène : l’arrivée de nouvelles monnaies, telles que les cryptomonnaies et les NFT (non-fungible tokens). Pour le placement de leur argent, les clients se tournent de plus en plus vers des systèmes financiers parallèles, plutôt que vers les banques traditionnelles. Or, en raison de l’agitation actuelle du secteur financier, les banques doivent intégrer entièrement ces nouveaux risques et nouvelles dynamiques à leur manière de se réinventer. Ce qui pourrait être fatal pour les banques serait de ne pas réussir à se rapprocher des utilisateurs et de leurs besoins en étant incapables de développer de nouvelles applications agiles intégrant le cloud et présentant un déploiement facile.

Le secteur financier doit réaliser l’importance de l’accessibilité et de la protection de ses données. Ces deux axes seront déterminants pour la progression des entreprises, car c’est précisément grâce à cette stratégie visant à exploiter les données sauvegardées que les acteurs financiers pourront mettre sur le marché de nouveaux services et produits, et ainsi répondre aux attentes de leurs clients. C’est aussi de cette façon qu’ils parviendront à protéger leurs données face aux malveillances cyber et aux attaques par ransomware. L’enjeu est donc double : libérer le potentiel des données en vue d’accélérer l’innovation, tout en assurant leur protection.
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Par Patrick Rohrbasser, Regional Vice President EMEA et Afrique, Veeam